Extraits

Là encore, il convient de se remémorer cette vérité première qu'il n'y a pas de maladie mais seulement des sujets qui tombent malades et que la reconnaissance de cette subjectivité est la seule opérationnelle pour la production d'un soin.

La vulnérabilité est une vérité de la condition humaine, partagée par tous, et pas uniquement par ceux qui font l'expérience plus spécifique de la maladie.

Il faut se soucier de rendre « capacitaires » les individus, c’est-à-dire de leur redonner aptitude et souveraineté dans ce qu’ils sont ; comprendre que la vulnérabilité est liée à l’autonomie, qu’elle la densifie, qu’elle la rend viable, humaine ; travailler à faire que cette vulnérabilité soit pour autant la moins irréversible possible.

p 10 La prise de conscience de l'injustice sociale nécessite le langage pour la pensée. Sans les mots pour le dire, la conscience est comme paralysée, stoppée dans son éveil. Quant à la notion d'irremplaçabilité, je l'ai expérimentée par défaut, en clinique, avec mes patients : les individus qui ont un sentiment de remplaçabilité tombent malades et peuvent opérer des passages à l'acte contre eux-mêmes ou autrui. Ils sont victimes de désubjectivation. Il y a comme une détérioration du sujet en eux.

Il en est ainsi en politique : quand l'État de droit détruit ses citoyens, en leur donnant un sentiment de chosification, il se porte atteinte à lui-même car ses sujets, anéantis, réduits au Moi minimal, deviennent étrangers au sentiment d'engagement dans la sphère publique, ou traduisent politiquement leur ressentiment par des votes extrémistes.

Là encore, il convient de se remémorer cette vérité première qu'il n'y a pas de maladie mais seulement des sujets qui tombent malades et que la reconnaissance de cette subjectivité est la seule opérationnelle pour la production d'un soin.

La sollicitude, la prudence, la prud'homie, la résilience, la réflexion éthique ... ne sont pas des suppléments d'âme mais des facultés humaines, comportementales, psychiques et psychosociales à développer chez les soignants pour leur permettre d'être plus efficaces dans le soin des patients.