Extraits

« À quoi tu penses ? me demande Aaron d’une voix absente, comme s’il était également loin dans ses pensées.

— À nous. À notre première rencontre, et au chemin parcouru.

Son rire amusé secoue le matelas.

— Je pensais à la même chose. À ce moment où tu m’as demandé ce que l’on ferait, si l’on avait trente années devant nous.

Je souris, touchée qu’il se souvienne de ce détail.

— Et tu m’as répondu qu’on s’aimerait.

— Beaucoup.

— Beaucoup, répété-je d’une voix tremblante d’émotion… »

…

« — Je ne sais pas si nous aurons trente ans, répète-t-il doucement, mais les années qu’il me reste, je veux les vivre avec toi. Je les passerai à te faire rire, à t’embrasser, à t’agacer, à t’épauler, à te soutenir.

Il pose son front contre le mien, ses mains se frayant déjà un chemin jusqu’à l’ourlet de mon sweat.

Et mon cœur explose quand il ajoute :

— Et à t’aimer. Beaucoup. »

- On s'est rencontré par hasard, nous.

- Non. On s'est rencontré par chance.

Et je m'empare de ses lèvres comme pour sceller ma promesse, alors que les cloches résonnent autour de nous pour sonner les douze coups de minuit.

J'ai lu une fois que la langue française compte plus de trente mille mots. Trente mille assemblages de lettres qui peuvent être combinées d'un millier de façons différentes pour exprimer un million d'idées distinctes. Et pourtant, à cet instant, aucun ne lui vient.

« — Je veux pouvoir te tenir la main, t’embrasser quand j’en ai envie et me réveiller à tes côtés les week-ends. Je t’ai attendue trop longtemps, je ne veux plus perdre une seule minute au risque de passer à côté de toutes ces choses merveilleuses qu’on pourrait vivre, toi et moi. Je veux qu’on soit ensemble, Millie, et j’espère que c’est ce que tu veux aussi. »

- Peut-être qu'on ne te l'a pas suffisamment dit, mais sache que tu es assez, Aaron. Tu n'as pas besoin de te surpasser ou de jouer un rôle au quotidien pour être aimé. C'est la personne qui est juste là, dis-je en plaçant une main sur sa poitrine, qui importe. (Milann)

- Je serai Aaron, et tu seras Milann. Et à nous deux, on créera notre propre légende. (Aaron)

- Alors comme ça, notre amitié est "ambiguë", hein ?

Elle lève les yeux au ciel en ricanant.

- Toi et moi, on n'est pas amis, Aaron.

- Qu'est-ce qu'on est, alors ?

Un silence, puis :

- On a le temps de le découvrir.

Je veux faire les choses correctement, cette fois. Je veux qu'elle soit mienne. Je sais que c'est aussi ce qu'elle souhaite, et je veux prendre le temps de la mériter. (Aaron)

- C'est Chloé qui l'a prise. Elle en a plein de ce soir-là. Moi aussi, d'ailleurs.

- Et tu as pensé à faire imprimer cette photo en particulier pour l'accrocher ici ?

- Deux jours après ton départ.

Elle reste sans voix, son regard attendri rivé sur l'image. Elle finit par s'en détacher et se tourne vers moi.

- Ça me touche beaucoup, Aaron, souffle-t-elle.

- Ce n'est qu'une photo, je réponds en m'approchant d'elle.

- C'est bien plus que ça, et tu le sais, rétorque-t-elle.