Extraits

(Portrait, Paysage: Un Homme à l’échelle géographique)

Écris tes péchés sur des pommes encore accrochées aux branches; quand elles tomberont, ta culpabilité et tes remords s’effaceront.

(Nous n’avons pas de pommier à Lost Cove. J’ai essayé avec un prunier, un abricotier et un avocatier.

Mes remords sont toujours là)

Attention, mesdames et messieurs: je m’adosse!

Nous sommes deux tableaux nous dévisageant d’un bout à l’autre d’une pièce.

Rencontrer son âme sœur, c’est comme entrer dans une maison où on serait déjà allé : on reconnaît les meubles, les images accrochées aux murs, les livres sur les étagères, les contenus des tiroirs. On pourrait y retrouver son chemin dans le noir, s’il le fallait.

"Son visage, son être tout entier ne montrent plus rien de ce que j'ai vu il y a une minute à peine. Son âme s'est retranchée dans sa tanière."

Lui dire que moi aussi, je suis amoureux, que moi non plus, je n'y peux rien et que je viens de faire à celui que j'aime la chose la plus horrible au monde, que je ne sais pas ce qui m'a pris et que je ferais n'importe quoi pour revenir en arrière.

"On peut malheureusement se perdre soi même en route et avoir beaucoup de mal à retrouver son chemin. Mais mon chemin, c'est vous deux. (Il a un sourire plein de tristesse) Je sais qu'elle épreuve terrible vous avez traversée."

Ces jours où on avait des milliers de poches, où on cueillait l'instant présent comme on cueille une pomme.

L'espace d'un instant, on se retrouve exactement comme avant, lorsqu'on ne faisait presque plus qu'un à nous deux.

"Wow, murmure-t-il. Je me sens shooté à la Jude.

- Ouais !" Son enchantement regonfle chacune de mes cellules. Je sens un sourire illuminer mon visage en me remémorant toutes les pluies de lumière, toutes les pluies d'obscurité, toutes les fois où on ramassait des cailloux et où on découvrait des planètes, ces jours où on avait des milliers de poches, où on cueillait l'instant présent comme on cueille une pomme, où on sautait par-dessus les barrières.

- J'avais oublié ça, dis-je, et ce souvenir me transporte, nous transporte tous les deux.

Au. Dessus. Du. Sol.

Je lève les yeux. L'air est vibrant de lumière. Le monde entier.

A moins que ce soit uniquement le fruit de mon imagination. Bien sûr que oui.

- Tu sens ça ? me demande Noah.

Nos mères sont nos parachutes.

Ce n'était pas le fruit de mon imagination.

Pour info, woohoo! Il n'y a pas que l'art... la vie aussi, c'est de la magie.