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Liste des extraits

** Extrait offert par Natacha J. Collins **

Chapitre 2

Brianna et Rory eurent à peine pénétré dans le hall de Crimson Castle que la pluie tombait à verse à l’extérieur. Le bruit était tonitruant, et Brianna se félicita qu’ils soient rentrés à temps. Autrement, ils auraient été trempés. Ils déposèrent leurs armes dans la salle de garde, puis marchèrent en direction des cuisines. Tous deux mouraient de faim, après ce long entraînement.

Les odeurs savoureuses qui les accueillirent leur mirent l’eau à la bouche, mais ils ne voulurent pas déranger plus que nécessaire les serviteurs et les cuisiniers qui s’affairaient déjà pour la préparation du diner. Rory attrapa un pain, et Brianna un gros morceau de fromage. Ils quittèrent l’effervescence des cuisines pour dévorer leur repas tout en bavardant et marchant. Et ils arrivèrent en vue de la grande salle de la forteresse.

Le visage de Rory s’éclaira. Il venait d’apercevoir Lachlan, qui montait la garde devant les portes. Il le salua d’un geste vif de la main, mais Lachlan lui répondit en lui faisant signe de se taire. En s’approchant, Brianna tendit l’oreille. Était-ce vraiment la voix de Murtagh, qu’elle entendait gronder ?

— Notre chef reçoit un messager, expliqua Lachlan à voix basse. Et ça n’a pas l’air de très bien se passer. À votre place, je ne… Lady Brianna !

Trop tard. Emportée par la curiosité, elle s’était déjà glissée à côté de lui pour entrer. Mais elle ne fit que quelques pas, n’osant pas s’aventurer trop près. Cela faisait bien longtemps qu’elle n’avait pas vu un regard aussi noir dans les yeux de son cousin ! Le visage contracté par une colère qu’il s’efforçait visiblement de contenir, Murtagh était sur l’estrade, assis sur son haut siège en bois de chef de clan ; son plus proche ami et conseiller, Iain, à ses côtés. Toute son attention semblait focalisée sur l’homme en face de lui, qu’elle ne voyait que de dos. C’était un Highlander, grand et bien bâti, dont elle ne reconnaissait pas les couleurs. À quel clan pouvait-il bien appartenir ? Elle fronça les sourcils, intriguée. Elle connaissait pourtant chacun de leurs alliés !

Mais si elle n’avait aucune idée de l’identité de cet émissaire, à sa posture tendue, il était évident qu’il était fort mal à l’aise et contrarié. Que se passait-il ? Trop loin pour entendre correctement ce qu’il se disait entre les deux hommes, elle osa faire un autre pas en avant.

Murtagh soupira lourdement. Comme il semblait fatigué, exaspéré !

— Cordieu, McAsgaill, combien de fois devrais-je vous le répéter ? Je ne peux pas vous donner ce que vous demandez !

McAsgaill, avait-il dit. Brianna chercha à se souvenir, mais ce nom ne lui rappelait décidément rien. Sans doute était-ce l’un des nombreux clans de moindre importance qui peuplaient le nord des Highlands, perdus entre les Sinclair, les Gunn ou encore les McKay.

— En d’autres circonstances, continuait Murtagh, ma réponse aurait pu être différente, mais je n’ai pas d’hommes à mettre à votre disposition. Mes alliés ont aussi besoin de nous, et je me dois de les soutenir avant même de songer à aider un clan qui nous est presque étranger.

— J’en conviens, milaird, cependant, nous espérions…

— Et vos alliés ? Et le roi ? Vous êtes-vous au moins adressé à lui ?

— Nous attendons encore sa réponse. Cela peut prendre du temps, et c’est bien ce qui nous manque.

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** Extrait offert par Natacha J. Collins **

Chapitre 1

Trois semaines plus tard,

Crimson Castle, terres du clan Fraser…

La vue sur la lande depuis le sommet de la colline était magnifique, mais Brianna Fraser n’en avait cure en cette matinée de printemps ensoleillée. Elle avait bien d’autres préoccupations que d’admirer le paysage ! Les doigts enserrés autour du pommeau de son épée, elle ne quittait pas son cousin Rory des yeux, tentant de deviner le moindre de ses mouvements. Souriant, son regard pétillant rivé sur elle, il ne montrait aucun signe de faiblesse. Comment aurait-elle pu l’égaler ? Comme tous les hommes, Rory s’exerçait au combat depuis l’enfance, alors qu’elle, cela ne faisait que quelques semaines ! Elle était tellement avide d’apprendre qu’elle lui réclamait des leçons dès que l’occasion se présentait. Et il acceptait toujours avec enthousiasme, ce dont elle lui était très reconnaissante. Quand Murtagh, chef de leur clan et frère aîné de Rory, avait annoncé que désormais, les femmes Fraser seraient autorisées à découvrir les bases de l’art du combat si elles le souhaitaient, suivant par là même le chemin d’Alasdair McDonnell, son beau-frère, qui avait instauré cette nouvelle loi dans son propre clan, elle n’avait pas hésité une seule seconde. Elle avait été la première à se porter volontaire, donnant l’exemple aux autres. Kenna Fraser, l’épouse de Murtagh et la sœur d’Alasdair, participait également aux leçons. Mais si cette dernière était terriblement douée avec un arc, ce n’était pas le cas de Brianna, qui avait préféré choisir le maniement de l’épée.

Elle plissa les yeux, souffla distraitement sur une mèche de cheveux qui lui chatouillait le nez. Une goutte de sueur perla sur son front, glissant sur son sourcil et menaçant de lui couler dans l’œil. Elle l’essuya sans vraiment y penser, refusant de se laisser déconcentrer. Soudain, Rory fendit l’air de son épée, et elle esquissa un pas de côté, évitant le coup.

Le sourire de Rory s’élargit.

— Bien, Brianna, très bien. Tu fais des progrès.

— Non, c’était juste trop facile. Tu étais volontairement trop lent, une vieille vache placide aurait pu en faire autant !

Il s’esclaffa et fit tournoyer son arme dans sa main, plus vivement cette fois. Il semblait réfléchir à sa prochaine attaque. Brianna ne lui en laissa pas le temps. Elle bondit, se jetant presque sur lui, en une tentative hélas trop maladroite pour qu’il ne puisse aisément l’esquiver.

— Arrête de tendre autant les bras, Brianna. Ça t’épuise inutilement et ça te rend trop vulnérable. C’est juste ton arme que tu dois mettre en avant… Oui, comme ça. Et ne laisse pas ton adversaire t’approcher de trop près, ou sinon…

D’un mouvement rapide, il la toucha au ventre. Elle ne l’avait même pas vu bouger ! Le coup avait cependant été retenu, comme toujours, et elle n’avait ressenti aucune douleur.

Elle pinça les lèvres, tenta une nouvelle approche, et il recula juste assez pour se mettre hors de sa portée.

— Tu vois, il faut toujours maintenir une distance suffisante, pour que ton ennemi ne puisse pas prendre l’avantage. Tout dépend de la longueur des armes utilisées, bien sûr.

Haletante, elle hocha la tête pour montrer qu’elle avait compris, et s’élança de nouveau, tentant cette fois une attaque de côté. Mais ses pieds glissèrent sur l’herbe et elle manqua trébucher.

Rory la considéra avec bienveillance.

— Et si on arrêtait là pour aujourd’hui ? proposa-t-il. On s’entraîne depuis un bon moment, et tu es épuisée.

— Non, je vais bien. Continuons, s’il te plaît.

C’était un mensonge. Elle était certes fatiguée, et ses muscles la tiraillaient douloureusement. Pourtant, pour rien au monde elle n’aurait accepté de renoncer si vite. Elle n’en avait pas le droit. Jusque-là, elle avait toujours dû compter sur les autres pour la protéger. Et si elle s’était montrée plus courageuse, si elle avait su mieux lui tenir tête, tout aurait pu être différent…

Le visage de Liam, son frère de lait, capable de s’avérer séducteur et charmant ou terriblement cruel selon les circonstances, lui revint brutalement en mémoire. Il avait rendu l’âme, qu’il avait fort noire, tué par Murtagh lors d’un duel sur lequel s’était joué le sort du clan Fraser. Liam était un homme ambitieux et prêt à tout pour obtenir ce qu’il souhaitait. Il avait menacé, soudoyé, voire torturé ceux qui s’opposaient à lui, allant jusqu’à faire assassiner son propre père pour prendre sa place à la tête du clan. Il avait également laissé pour morte sa fiancée, Kenna McDonnell, après l’avoir sauvagement battue lors d’un accès de rage. La pauvre fille avait été recueillie par une guérisseuse qui lui avait sauvé la vie, mais Kenna avait perdu la mémoire et les siens l’avaient crue disparue durant des années. Tout ceci était derrière eux, à présent. Kenna et Murtagh étaient mariés et heureux, et la paix était revenue… Du moins, pour un temps. Les querelles entre certains chefs de clan s’étaient trop rapidement ravivées, et des rumeurs de bandes de pillards venus du Nord se faisaient de plus en plus persistantes.

Si jamais ces barbares osaient s’aventurer jusqu’ici pour s’en prendre aux siens, Brianna voulait être prête à les recevoir comme ils le méritaient.

La voix joviale de Rory l’extirpa de ses pensées.

— Eh, Brianna, tu es toujours avec moi ?

Il souriait, comme à son habitude, et ses iris d’un brun clair, parsemés de touches de vert, brillaient de malice. Il lui donnait souvent l’impression d’être un enfant dans un corps d’homme, tant il aimait se montrer espiègle et insouciant. Pourtant, elle savait que ce n’était qu’une de ses nombreuses facettes. Car il était en réalité bien plus que cela.

— Oui, excuse-moi, on peut reprendre ? Je suis prête.

Il soupira, glissa nonchalamment une main dans ses épais cheveux roux, dont les rayons du soleil rehaussaient la teinte cramoisie.

— D’accord, mais…

Une bourrasque souleva alors le plaid noué autour de la taille de Rory. Sous le vêtement, il était entièrement nu ! Brianna détourna vivement les yeux, ses joues envahies par une chaleur soudaine. Ce n’était certes pas la première fois qu’elle voyait les parties intimes d’un homme — la plupart aimant être nus sous leurs plaids —, mais en ce qui concernait Rory, c’était différent.

C’était la même chose lorsque ses mains la frôlaient, ou quand simplement leurs regards se croisaient à la dérobée. Immanquablement, elle se sentait soudain prise d’une fièvre étrange. Ils avaient toujours été proches, mais depuis que Murtagh avait rompu leurs fiançailles pour épouser Kenna, Brianna avait commencé à considérer Rory d’un autre œil. Et d’après l’empressement dont il faisait preuve envers elle, elle aurait pu croire qu’il la voyait autrement que comme sa simple cousine, s’il n’avait pas eu la fâcheuse habitude de séduire — et avec succès, généralement — la majeure partie de celles qu’il croisait ! Sa réputation d’homme à femmes n’était plus à faire, et l’amour n’était qu’un jeu pour lui. Alors que pour elle, c’était tout le contraire.

Vivement, elle se reprit, et se mit en position de garde, priant pour qu’il considère son rougissement comme une simple conséquence de l’effort physique qu’elle fournissait. À son sourire malicieux, elle douta néanmoins que ses prières aient été entendues. Il avança vers elle, la main tendue.

— Je ne sais pas pour toi, mais moi, je ne serais pas contre une pause. Une petite promenade dans la lande, rien que tous les deux, et…

— Si tu en as assez de m’apprendre, je peux demander à Lachlan de prendre ta place.

Il grimaça, visiblement piqué au vif.

— Lachlan ? Cet idiot maladroit ? Pas question !

— Drôle de façon de parler de ton meilleur ami.

— L’apprécier ne m’empêche pas d’être honnête, pas vrai ?

Il lui fit un clin d’œil, et avec un sourire en coin, il se mit à tourner autour d’elle, comme un prédateur jouant avec sa proie. Mais après quelques attaques et parades de part et d’autre, elle comprit avec agacement qu’il persistait à retenir délibérément ses coups.

— Cesse de me couver, Rory !

Il ouvrit grand les yeux, avec l’expression parfaite d’un total innocent.

— Te couver ? Que…

— Tu te retiens trop ! Je ne pourrai jamais progresser si tu continues comme ça.

Il haussa les épaules, comme le ferait un enfant pris en faute.

— C’est que… Je refuse de risquer de te blesser, tu comprends. Un homme ne frappe pas une femme, et…

— Seigneur, Rory, crois-tu que nos ennemis feront preuve d’autant de mansuétude ? Allons, fais un effort, s’il te plaît.

Il grimaça.

— Très bien, très bien, si tu y tiens. Mais rappelle-toi, c’est toi qui me l’as demandé !

Aussitôt, il attaqua plus vertement et elle para l’assaut du mieux possible. La force du coup se répercuta dans ses bras déjà meurtris. Elle poussa un petit cri, autant de douleur que de surprise, et manqua lâcher prise sur son épée d’entraînement.

Rory la toisa sans ciller, le visage fermé.

Bien, pensa-t-elle. Les choses sérieuses commencent enfin.

— Respire. Anticipe. Et surtout, ne laisse pas la panique te gagner, Brianna.

Elle entendait à peine ses conseils, tant les battements de son cœur à ses oreilles étaient puissants. Elle recula d’un pas, puis se déplaça sur le côté, les pieds légèrement écartés pour conserver son équilibre, comme Rory le lui avait enseigné lors de leur première leçon. Elle contra l’attaque suivante, veilla à maintenir une distance suffisante entre eux et s’obligea à garder son calme autant que possible. Mais elle eut beau faire, Rory gagnait impitoyablement du terrain et sa victoire semblait inéluctable. Bientôt, il la toucherait à un endroit vital et épée en bois ou non, elle perdrait la bataille. Pour éviter que cela ne se produise, inutile de compter sur la force brute. Si elle voulait vraiment parvenir à le vaincre, elle devait se montrer plus maligne que lui. Elle leva une seconde les yeux au ciel, et sut ce qu’elle devait faire. Feignant l’épuisement, elle se déplaça lentement de sorte qu’il se retrouve face au soleil. Quand il fut aveuglé par ses rayons, elle plongea pour lui pointer le bout de son épée sur la gorge !

— Tu es mort, Rory, j’ai gagné ! J’ai gagné !

C’était incroyable ! Elle avait tant espéré cette victoire ! La surprise se lut sur le visage de Rory, puis il éclata de rire.

— Eh ben, si je m’attendais ! Avoue que tu as triché, par contre.

— Pas du tout, j’ai seulement utilisé mon cerveau. Tu sais, cette partie du corps, dont beaucoup d’hommes croient à tort les femmes dépourvues.

Elle esquissa un sourire, et il rit plus fort.

— Et c’est bien triste, mon adorable et intelligente cousine, qu’il existe de tels imbéciles !

Il leva les yeux au ciel en grimaçant si exagérément qu’il en fut grotesque, au point de la faire pouffer à son tour. Visiblement très satisfait de lui-même, il fit un pas vers elle.

— Bien, tu es si belle quand tu souris, tu sais. Encore plus magnifique que d’habitude, je veux dire, je… Et si nous revenions à ta victoire ? Cela mérite récompense, non ?

En une fraction de seconde, il fondit sur elle et la désarma, pressant son torse puissant contre sa poitrine. Un bras passé autour de sa taille la maintenait prisonnière, tandis que de sa main libre, il lui dégageait délicatement une mèche de cheveux pour la placer derrière son oreille. Elle déglutit, la gorge soudain très sèche, perdue entre le désir de se blottir dans ses bras et l’urgence de s’en défaire au plus vite.

Son cœur battait si fort !

— Rory, qu’est-ce que tu fais ?

— Ça me semble plus qu’évident, non ?

Il se pencha vers elle, sa main brûlante frôlant sa joue. Elle était comme paralysée, perdue dans la profondeur de son regard où il lui paraissait si facile de se noyer. La bouche de Rory se posa sur la sienne. Elle était douce, chaude, aussi. Des frissons de désir et de plaisir la traversèrent, quand sa langue se fraya un passage entre ses lèvres entrouvertes. C’était son premier véritable baiser, et elle n’aurait jamais imaginé que cela fût à la fois si tendre et si ardent. Mais Rory en exigea vite davantage, pressant fermement son bassin contre le sien, et dès qu’elle sentit le contact de son sexe durci contre son ventre, elle paniqua et le repoussa fermement.

Dieu merci, elle avait repris ses esprits !

— On ne peut pas faire ça, Rory.

— Mais pourquoi ? Tu me plais depuis toujours, Brianna, et je te plais aussi, ne le nie pas.

Comment l’aurait-elle pu ? C’était vrai qu’il l’attirait, bien plus qu’aucun autre homme avant lui, mais elle devait garder le contrôle d’elle-même et se montrer raisonnable… Pour eux deux.

Rory continuait de parler :

— Toi et moi, nous sommes libres de toute obligation, à présent, et même si nous sommes considérés comme cousins, nous ne sommes pas du même sang, alors, qu’est-ce qui nous empêche de…

— De prendre du plaisir, comme tu l’as déjà fait avec tant de femmes avant moi, et comme tu le feras encore après ? Allons, Rory, tu sais aussi bien que moi que je ne serais qu’une conquête parmi d’autres et ça, je ne le supporterais pas.

Embarrassée par son aveu, elle se détourna de lui, espérant que cela suffise pour que les battements de son cœur s’apaisent et que son émoi s’atténue. Elle rêvait d’un homme qui n’aimerait qu’elle, qui ne verrait qu’elle, comme Iain aimait Fenella, comme Alasdair aimait sa femme Arwynn, comme Murtagh aimait Kenna !

Un peu trop vivement, elle se baissa pour ramasser son épée. Une diversion, vite !

— Oublions cela et reprenons l’entraînement, proposa-t-elle. Il nous reste encore un peu de temps avant qu’il ne fasse trop sombre.

Il lui attrapa le poignet. Doucement, mais suffisamment fort pour l’obliger à se retourner et à lui faire face.

— Brianna, et si je demandais ta main à Murtagh ? Est-ce que tu changerais d’avis ? Ça fait un moment que j’y pense, de toute façon, alors si tu es d’accord, je suis prêt à le faire. Là, tout de suite, même, si tu le souhaites.

Elle se figea, stupéfaite. Était-il sérieux ?

— Nous marier ? Mais Rory, sais-tu seulement que tu devrais alors renoncer à toutes les autres femmes, pour toujours, et te contenter de moi seule ?

Il émit un petit rire, une main nerveusement glissée sur sa nuque.

— Eh bien, de mon point de vue, et honnêtement, de beaucoup d’autres, aussi, le mariage ne signifie pas obligatoirement que…

Elle soupira.

— M’aimes-tu seulement, Rory ? Je veux dire, m’aimes-tu vraiment ? Au point de tout sacrifier pour moi, comme Murtagh et Kenna le feraient l’un pour l’autre ? Si ce n’est pas le cas, nous ferions tout aussi bien d’en rester là.

Elle plongea son regard dans le sien, se sentant plus mal à l’aise qu’elle ne l’aurait sans doute dû. Murtagh lui avait promis de ne lui imposer personne, elle seule aurait le choix de celui qui partagerait sa vie. Un mariage d’amour était un luxe inestimable dans ce monde où les femmes n’avaient que rarement leur mot à dire sur la question.

Que ferait-elle si Rory lui avouait qu’il l’aimait en effet à ce point-là ? Lui sauterait-elle au cou en lui intimant de vite aller trouver Murtagh pour organiser leurs noces ? Mais il hésitait à répondre. Et ce simple fait créait un nœud désagréable au creux de son estomac. Que n’aurait-elle donné pour qu’il la prenne dans ses bras et lui promette qu’il n’y aurait plus jamais qu’elle dans sa vie ! Pourtant, au fond d’elle, elle doutait que cela arrive un jour.

Ils restèrent un instant à se faire face, dans un silence embarrassant, jusqu’à ce que le murmure de Rory le brise enfin.

— Je donnerais ma vie pour toi, et tu le sais très bien.

— Certes, mais ce n’est pas pareil.

Il poussa un long soupir et secoua la tête.

— Très bien, très bien, tu as raison ! Je ne suis pas parfait, et il est vrai que j’aime sans doute un peu trop les femmes, mais si tu m’en laissais la possibilité, peut-être bien que je pourrais changer. Et devenir un homme meilleur. Un homme que tu pourrais aimer…

Ses bras puissants l’emprisonnèrent contre son cœur, et elle se laissa aller tout contre lui, savourant sa chaleur et sa tendresse. Pourrait-elle faire ce qu’il lui demandait ? Serait-elle capable de s’en contenter ? Quand il la libéra, son grand sourire avait retrouvé sa place habituelle sur son visage.

— Je te demande seulement d’y réfléchir, tu veux bien ?

Il se pencha vers elle, dans l’intention évidente de l’embrasser, mais cette fois, elle s’obligea à tourner la tête sur le côté.

— Peut-être, Rory, nous verrons, mais pour le moment, nous ferions mieux de rentrer. Regarde !

Là-haut, de gros nuages noirs s’amoncelaient, poussés par le vent du sud en direction de Crimson Castle, et la pluie ne tarderait pas à tomber.

— D’accord, mais compte sur moi pour que nous reprenions cette conversation plus tard.

Puis il rit, comme si cela n’était rien de plus qu’un jeu pour lui. Comment ne pourrait-elle pas douter de son sérieux ? Elle le laissa pourtant serrer sa main dans la sienne, et ils prirent ensemble le chemin du retour vers le château.

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** Extrait offert par Natacha J. Collins **

Prologue

Nord-est des Highlands, 1226

Les chevaux levèrent la tête et reniflèrent nerveusement. Shaw McAsgaill fronça les sourcils et huma à son tour, tel le loup dont il portait le nom. Cette odeur écœurante qui empuantissait l’air, il ne la connaissait que trop bien. C’était le parfum de la mort ! Le cœur battant, il fit signe à ses hommes de le suivre et il éperonna sa monture. Arrivé en haut de la colline, son sang se glaça dans ses veines. Mallachd ! 1 Ils étaient arrivés trop tard ! Sans un mot, la gorge serrée et la mâchoire contractée par la colère, il lança son cheval au galop jusqu’au village dévasté. Le muret en pierre qui le cernait n’avait pas résisté à l’attaque. Il était brisé en de multiples endroits. Les maisons avaient toutes ou presque été incendiées. Les quelques portes encore intactes battaient, grandes ouvertes, claquant au gré du vent qui charriait d’atroces odeurs de chair carbonisée. Shaw descendit à terre et tira son épée. Les sens aux aguets, il était à l’affût du moindre mouvement qui aurait pu témoigner de la présence des lâches responsables de cette attaque… Ou d’un éventuel survivant.

Accompagné de ses hommes, il déambula parmi les trop nombreux cadavres qui jonchaient la chaussée. Ils trouvèrent d’autres morts dans les ruines fumantes des maisons. Rien que des villageois, pour la plupart massacrés. Shaw et ses Highlanders avaient beau être aguerris, la vision de ces innocents assassinés jusque dans leurs lits était un véritable cauchemar.

— Ces salopards n’ont épargné personne ! Personne ! Pas même les enfants !

Il se tourna vers celui qui venait de s’exprimer avec une colère égale à la sienne. Kieran. Son plus fidèle ami, celui qu’il souhaitait voir lui succéder à la tête du clan s’il disparaissait sans héritier, était aussi blême que les corps qu’ils découvraient. Shaw partageait son ressentiment. Ils n’avaient rien pu faire pour empêcher cette tuerie. Si seulement ils étaient venus plus tôt ! Poussant un rugissement, il déversa sa colère d’un puissant coup de poing sur un mur solide qui tenait encore debout, et qui vacilla sous le choc.

— Ifrinn ! 2 jura-t-il.

Il n’était guère raisonnable de s’emporter ainsi. Un chef digne de ce nom se devait de rester maître de lui-même et de ses émotions, en toutes circonstances, et il ne devrait plus l’oublier… comme il avait hélas trop tendance à le faire, ces derniers temps. Certes, les raids étaient monnaie courante dans les Highlands, que ce soit le fait de pillards ou d’autres clans avides de s’emparer des biens de leurs voisins, mais un tel carnage était inhabituel.

Pourtant, c’était déjà arrivé, la semaine précédente.

— Certains villageois ont peut-être réussi à s’échapper, soupira Kieran.

Shaw lui répondit par un grognement.

— Crois-tu vraiment ? Ce serait un miracle si c’était le cas. Ils ne leur ont laissé aucune chance, pas plus que la dernière fois !

Et quand je mettrai la main sur ceux qui ont fait ça, ils regretteront d’être nés, se promit-il.

— C’est horrible, murmura une voix encore juvénile et tremblante derrière eux.

Seamus, le plus jeune des Highlanders du groupe, semblait sur le point de fondre en larmes. Ses yeux d’un bleu sombre exprimaient tout le dégoût et la détresse qu’il ressentait. Soudain, il se détourna pour vomir dans les fourrés. Un de ses compagnons l’aida en tenant ses nattes brunes en arrière, tandis qu’il s’épanchait.

Un reflet lumineux attira l’attention de Shaw. Il se précipita, et retira des doigts ensanglantés d’un villageois un torque doré.

Il examina de près le bijou, puis cracha au sol.

— Alors les éclaireurs disaient vrai. Des Vikings sont bien responsables de ce massacre… et sans doute aussi du précédent.

Kieran blêmit d’un coup.

— Des Vikings ? Mais ça faisait des années qu’on n’en avait pas vu sur nos terres !

— Certes, pourtant ils sont visiblement bel et bien revenus.

Shaw doutait que les choses s’arrêtent ici. C’était déjà le deuxième hameau à être ainsi attaqué. Et par deux fois, pour le même résultat : des villageois tués, leurs habitations pillées avant d’être brûlées, le bétail envolé… S’il y avait eu des survivants, les Vikings les avaient certainement emmenés pour les vendre comme esclaves. Qui savait ce qu’ils planifiaient en attaquant ainsi l’Écosse ? Cherchaient-ils la guerre, ou juste à piller, tuer et s’enrichir ? Shaw ne comprenait pas. Leurs terres n’étaient pas des plus prospères, pourquoi s’en prendre à elles ?

Kieran se racla la gorge.

— Tu crois que Haakon a quelque chose à voir avec ça ?

Les accords de paix que le roi Haakon Håkonsson de Norvège avait signés avec le roi Alexandre II d’Écosse ne s’étaient pas faits sans mal, et une simple étincelle suffirait à déclencher un terrible incendie. Qu’aurait-il à y gagner ?

— Non, je doute qu’il soit impliqué, répondit Shaw tout en se frottant le menton de sa main rugueuse. Il aurait trop à perdre, et bien peu à gagner. Je crois plutôt que ce sont des Vikings rebelles, des mac na galla3 qui agissent de leur propre chef. Il y a de fortes chances qu’ils se terrent aux Arcaibh 4, et c’est là que nous irons les débusquer, s’il le faut. Le tout est de découvrir de quelle île ils sont partis, et sous quelle autorité.

Kieran l’attrapa par le bras, et s’il s’était agi d’un autre que lui, Shaw aurait pu lui casser le poignet rien que pour cela.

— Et comment feras-tu, hein, Shaw ? Réfléchis un peu, on ignore leur nombre, et où ils se cachent exactement. On ne connaît rien d’eux à part que ce sont des monstres assoiffés de sang et qu’ils peuvent frapper n’importe où, n’importe quand ! Les Vikings, c’est autre chose qu’une simple bande de pillards, et tu es bien placé pour le savoir. Si tu t’en vas à la chasse à l’aveugle après eux, tu leur laisseras le champ libre sur nos terres !

— Qu’est-ce que tu suggères, dans ce cas ? Que je patiente jusqu’à ce qu’ils tuent encore ?

Kieran poussa un long soupir.

— Non, ce n’est pas ce que je dis, mais nous n’avons pas assez de guerriers pour agir sur plusieurs fronts à la fois. Nous avons besoin d’aide…

Shaw montra les dents. C’était donc cela, que proposait Kieran ? Aller quémander de l’aide ? Mais les McAsgaill s’étaient toujours fait fort de se débrouiller seuls ! Et cela leur avait assez réussi… Du moins s’en étaient-ils jusque-là persuadés. Shaw était le chef du clan McAsgaill depuis cinq ans seulement, et depuis, il avait eu fort à faire : gérer la famine, les vols de bétail, les pillages et les champs brûlés par un clan rival châtié en représailles… À force de dur labeur et de volonté, lui et les siens étaient parvenus à tout surmonter. Cependant, les épreuves avaient laissé des traces. Les McAsgaill recommençaient tout juste à s’en remettre et ces fichus Vikings risquaient de réduire leurs efforts à néant !

— Tu sais que j’ai raison, insista Kieran. Je t’en prie, Shaw, ne sois pas aussi borné que ton grand-père l’était.

Shaw balaya du regard une nouvelle fois le spectacle de dévastation qui les entourait. Plus jamais, il ne voulait voir une telle chose se produire.

— Pour le moment, nous allons enterrer convenablement ces pauvres gens, dit-il.

Ses doigts se posèrent machinalement sur le bracelet qu’il portait continuellement au poignet. La seule chose qui lui restait de son père.

Sa décision était prise.

Son clan était tout ce qu’il avait, tout ce qui lui importait, et il aurait donné jusqu’à la moindre goutte de son sang pour n’importe lequel de ses membres. Alors, pour leur survie et leur bien, il écouterait le conseil avisé de Kieran. Il ravalerait sa fierté et s’abaisserait à faire quelque chose qu’aucun McAsgaill n’avait encore jamais accepté avant lui… Il réclamerait de l’aide.

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