Extraits

Le désert reste tout semblable à ce qu’il était hier et avant-hier : du sable à perte de vue, des ondulations de sable plus ou moins marquées, qui par endroits s’enflent au point de ressembler à de petites collines, et qui ailleurs ne sont guère plus hautes que de courtes vagues marines.

J’adore cette vie qui a un petit côté aventureux, ce qui fait sourire le bon Théo. — L’aventure ? me dit-il. Tu veux rire, Jim ! Nous ne sommes qu’une mission d’ingénieurs et de techniciens dans une région particulièrement déshéritée, où il n’y aurait quelque danger à courir que si nous n’étions pas supérieurement outillés. Il a raison, évidemment.

Nos six camions à chenilles se sont fort bien comportés durant les deux premières étapes de notre randonnée. Ces véhicules ont été construits et aménagés avec le plus grand soin, sous la surveillance même de Clisson, qui ne laisse jamais rien au hasard. Et nous formons un convoi assez impressionnant. Il n’y a malheureusement personne pour le contempler, si ce n’est quelques kangourous lointains, qui bondissent sur les dunes, effrayés par le bruit de nos moteurs.

Je la serrai sur ma poitrine avec effusion, tout en contemplant son visage terriblement amaigri que trouaient deux yeux noirs dont l’expression était intense. Son regard était encore tout chargé d’épouvante.

Je le vis se mordre la lèvre et tressaillir imperceptiblement. J’aurais dû prendre des précautions pour lui annoncer cette mort-là, user de ménagements, lui laisser d’abord entrevoir la vérité au lieu de la lui lancer brutalement au visage, avec un mot aussi tranchant qu’un couperet de guillotine.