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Karouac, Bretagne
31 août 1971
C'était son dernier soir à Karouac.
Erwan alla retrouver Amélie sur la plage, là où les rochers dormaient une petite crique isolée du reste du monde. Là où ils s'étaient retrouvés chaque soir pendant presque sept semaines.
Là où ils avaient dansé au clair de lune. Où ils avaient passé des heures entières à discuter, de tout et de rien, de leurs projets, de leurs envies. Là où ils s'étaient embrassés pour la première fois...
Elle l'attendait, le regard perdu dans les vagues. Le ciel était dégagé, la lune, pleine, éclairait la plage de sa lumière blanche.
Il s'approcha d'elle et sans un mot, il la prit dans ses bras et la serra très fort, si fort qu'on aurait dit qu'il voulait lui faire traverser la barrière de sa peau et la garder précieusement dans son coeur, à tout jamais.
Enfin, au bout de ce qui semblait être une éternité, il s'écarta d'Amélie et plongea son regard dans le sien.
- Amélie, je...
- Chhhh..., l'interrompit-elle en posant un doigt sur ses lèvres. Ne dis rien. Je ne veux de toi aucune promesse. Je t'aime, Erwan. Je t'aime trop pour t'enchaîner avec des serments que tu ne pourras peut-être pas tenir.
- Je t'aime Amélie. Plus que tout...
En entendant ces mots, son regard s'emplit de tristesse.
- Alors écris-moim quand tu peux, si tu le veux. Reviens-moi, si et quand tu le pourras. Ne m'oublie pas.
- Jamais. Jamais je ne t'oublierai, Amélie. Ma Lili.
Afficher en entierJe m’apprêtai à reposer le tout sur la table sans les ouvrir (demain serait bien assez tôt pour les factures) quand j’aperçus en tout dernier une enveloppe jaunie, d’apparence assez vieille, adressée à une certaine Amélie Lacombe. Sur l’enveloppe, il y avait une étiquette portant le sigle des services de poste et quelques lignes.
« Nous nous excusons pour le retard avec laquelle la lettre arrive à cette adresse. »
C’est tout. Pas d’autre explication, rien.
Je fronçai les sourcils. Amélie Lacombe… De ce que je savais, la maison avait été vide pendant plusieurs années avant que je n’en fasse l’acquisition. Je ne me souvenais plus très bien du nom des personnes qui y avaient vécu en dernier, mais il ne me semblait pas que c’était Lacombe.
Intriguée, je regardai la date d’oblitération du timbre.
1971.
La lettre avait été postée en 1971. Et c’était seulement aujourd’hui, quarante-trois ans plus tard, qu’elle parvenait à destination, alors que la personne à qui elle était destinée ne vivait probablement plus là depuis des décennies. Tu parles d’un retard…
Afficher en entierLa Rochelle, 12 septembre 1971
Mon amour, ma bien-aimée,
Voilà trois semaines que je suis loin de toi. Trois longues semaines pendant lesquelles seul le souvenir de ton parfum, de ta voix qui me murmure des mots d’amour à l’oreille, de la douceur de ta peau sous mes mains, du goût de tes baisers, m’a empêché de devenir fou. Chaque heure, chaque seconde que je passe loin de toi est un supplice. Tu me manques, mon Amélie, ma perle, mon trésor. Tu me manques plus que je ne saurais le dire, plus que tout. Je ne veux plus, je ne peux plus vivre sans toi.
Rejoins-moi, Lili, je t’en supplie. Rejoins-moi et épouse-moi. Je quitterai les Compagnons et je te suivrai où tu auras besoin d’aller. J’en sais assez pour travailler n’importe où, pour n’importe qui. Tant que tu es avec moi, peu importe où je suis, peu importe ce que je fais… Je n’ai besoin que de toi pour vivre. Rien d’autre ne compte que toi.
Ma Lili, écris-moi, rejoins-moi à l’adresse qui se trouve en haut de cette lettre. Je t’y attendrai, chaque soir, deux semaines, trois semaines, un mois même, s’il le faut, si tu me le demandes. Écris-moi, je t’en supplie, écris-moi pour me dire que tu viens…
Je t’aime.
E.
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