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les sectes d'aujourd'hui seront les églises de demain. Bientôt,les scientologues et autres crapules du même acabit se seront achetés une réputation respectable et les foules auront oubliés leurs crimes passés comme on essaie d'oublier ceux des grandes religions d'aujourd'hui,qui ont fait pourtant jadis beaucoup plus de morts
Afficher en entierJe regardai la photo. C’était un polaroïd, mais on voyait bien la propriété. Une petite maison de pierre, étroite, plantée au milieu d’un jardin fleuri. Cela ne ressemblait tellement pas à mon père ! Mais le connaissais-je vraiment ? Après tout, il avait eu le temps de changer pendant ces années. Autant que peut changer un homme
Afficher en entierJe quittai le tableau du regard et souris au notaire. C’était un petit homme replet à la peau bronzée et ridée. Les cheveux noirs, courts, épais, les yeux profonds, il avait le physique d’un Corse mais le tact discret d’un Anglais. D’après mes calculs, il devait avoir atteint la soixantaine mais n’en paraissait pas plus de cinquante. C’était un de ces types qui, après un certain âge, terrifiés par leur bide, arrêtent le scotch et passent au Perrier rondelle. Je l’imaginais fort bien en train de jouer au golf à Saint-Nom-la-Bretèche ou au tennis intra-muros. Et je l’imaginais aussi en train de crever, la tête enfoncée dans la terre battue, foudroyé par une crise cardiaque sous le regard terrorisé d’un ami avocat qui l’aurait fait trop courir
Afficher en entierParis n’avait pas beaucoup changé en onze ans, à part peut-être la Bastille qui semblait porter un masque maladroit, une couche de platine trop épaisse, mal étalée. Tous les cafés ressemblaient aux lounge bars de New York, orange, noirs, et boisés, bondés et froids à la fois. Et l’opéra de verre, aussi beau fût-il, déséquilibrait l’ensemble, comme si l’on avait déplacé le centre de gravité de cette place ancestrale. J’étais parti pour New York juste après que l’opéra fut achevé, et je n’avais pas eu le temps de m’y habituer
Afficher en entierCes années étaient passées très vite, trop vite, je n’avais jamais vraiment pris le temps de réfléchir à ce qui m’était tombé dessus. Il était temps de prendre le large. De retrouver un type que je pouvais voir dans la glace en me réveillant, sans me demander qui il était et ce qu’il foutait là. Et puis surtout, il ne faisait plus si bon vivre chez l’Oncle Sam
Afficher en entierDans les moindres détails. Un par un, je faisais la peinture des mœurs de tous les habitants de la ville, sans aucun tabou, sans retenue aucune, mais, si possible, avec un zeste de cynisme. Homosexualité, triolisme, éjaculation précoce, échangisme, plus j’en rajoutais plus cela plaisait. Bien sûr, la télé américaine n’avait pas eu besoin de moi pour parler de sexe, mais je crois bien que j’étais le premier scénariste à mettre en scène une vérité si crue. La première capote qui éclate à la télévision, c’était moi. Les premiers débats sur l’odeur de la sueur après l’amour… Encore moi. Tout le monde y trouvait son compte. Les obsédés se délectaient dans les scènes chaudes, les névrosés se sentaient moins seuls, les New-Yorkais se complaisaient dans leur spécificité, les autres s’extasiaient ou feignaient d’être choqués…
Afficher en entierJe vais essayer de prendre vin avion dès demain, lâchai-je finalement en soupirant. Le lendemain, après avoir réglé tant bien que mal tous les détails avec mon agent affolé, je décollais à 14 h 28 de Kennedy Airport, direction Paris, abandonnant derrière moi la skyline défigurée du royaume de la télé câblée
Afficher en entierEt là, silencieux devant mon téléphone comme devant les images de deux tours qui s’effondrent, je me sentais vivre. Et pourtant, cela faisait longtemps que je me fichais complètement du sort de l’homme qui m’avait mis au monde
Afficher en entierLe jour où Maureen m’a quitté, j’ai compris que l’Amérique avait fait de moi le pire des Américains et que j’avais franchi depuis trop longtemps des limites qui ne méritaient pas d’être franchies. Se faire larguer par une actrice de seconde zone qui passe plus de temps le nez dans la poudre que sur un plateau vous remet vite les idées en place. Je n’ai jamais retouché à la coke. Nul ne peut autant la haïr que celui qui l’a jadis tant aimée. Tout cela m’avait remis sur une sorte de droit chemin. Un chemin triste et solitaire, mais où j’essayais de ne plus faire de mal à personne, à moi en premier. Bref, la France n’était même plus un souvenir, mon père à peine un cauchemar et Paris se résumait à une tour Eiffel de carte postale. Mon passé était si loin que, dans les restaurants de Greenwich Village, je trouvais exotique que les serveurs me disent « Monsieur » dans un français approximatif. — Comment est-ce arrivé ? balbutiai-je finalement, faute de mieux
Afficher en entierJe n’avais pas revu mon père depuis onze ans le jour où un notaire m’appela pour m’annoncer qu’il était mort. On ne sait jamais vraiment que dire dans ces moments-là et je sentais que le type au bout du fil était encore plus gêné que moi. Le silence qui s’installait n’avait plus rien à voir avec le décalage du son entre Paris et New York, ni avec le fait que cela devait bien faire quatre ou cinq ans que je n’avais pas dit un mot de français. Je ne savais simplement pas quoi dire
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