Extraits

" Le jour de la chasse, son réveil sonna à quatre heures et demie du matin. C'était la première fois depuis son arrivée à Gutshot qu'il battait le coq à ce jeu. Il ouvrit aussitôt la fenêtre de sa chambre.

- Cocorico ! hurla-t-il, le visage écrasé contre la moustiquaire. Alors, ça te plaît dans ce sens-là, mon salaud ? "

"les mères mentent, ça fait partie de leur boulot"

"En général, pleurer ajoute quelque chose: pleurer, c'est soi, plus les larmes."

When you spend your entire life in and around the city of Chicago, as it turns out, you fail to fully apprehend certain facets of rural life. Take, for example, the troubling case of the rooster. To Colin's mind, the rooster crowing at dawn was nothing more than a literary and cinematic trope. When an author wanted a character to be awoken at dawn, Colin figured the author just used the literary tradition of the crowing rooster to make it happen. It was, he thought, just like how authors always wrote things in ways other than how they actually happened. Authors never included the whole story, they just got to the point. Colin thought the truth should matter as much as the point, and he figured that was why he couldn't tell good stories.

— C’est très étrange de regarder ton cerveau travailler, dit Lindsey.

Colin soupira. Il ne savait pas raconter les histoires, il introduisait des détails qui n’avaient rien à voir et faisait des disgressions qui n’intéressaient que lui.

— Bref, à la fin de l’histoire, je manque me faire manger le pénis par un lion. Et voilà où je voulais en venir, c’est le genre de truc qui n’arriverait jamais, mais alors jamais, à des gens que tout le monde aime.

Lindsey rit.

— Ce serait une super histoire si tu savais la raconter.

Soudain conscient des liens qui l'unissaient aux occupants de la voiture ainsi qu'à tous les humains, Colin sentit la vie courir sous sa peau. Il eut alors le sublime sentiment de ne pas être unique.

Ils prirent leurs jambes à leur cou, tels deux marathoniens affligés de troubles moteurs. Colin agitait ses jambes sur le côté à chaque foulée, comme un lutin qui fait un entrechat, et se donnait des tapes sur le visage [...] Hassan courait beaucoup plus vite et avec d'avantage d'agilité que Colin l'en aurait cru capable, fouettant l'air avec ses mains comme un fou, zigzaguant au milieu des arbres, sautant par-dessus les brousailles pour tenter de décourager les frelons.

En matière de filles - et Colin en connaissait un rayon -, tout le monde avait un type. Celui de Colin Singleton n'était pas physique mais linguistique : il aimait les Katherine. Pas les Katie, ni les Kat, ni les Kittie, ni les Cathy, ni les Rynn, ni les Trina, ni les Kay, ni les Kate, et surtout pas les Catherine. K-A-T-H-E-R-I-N-E. Il était sorti avec dix-neuf filles, toutes des Katherine. Et toutes, sans exception, l'avaient largué.

Les livres sont le nec plus ultra des largués: on les laisse tomber, et ils nous attendent; on leur prête attention, et ils nous aiment.

- Pour raconter une bonne histoire, dit-elle, il faut un début, un milieu et une fin. Tes histoires n'ont pas d'intrigue. Tu te contentes de balancer le premier truc qui te passe par la tête, puis celui d'après et ainsi de suite. Tu ne peux pas t'en sortir avec quelque chose d'aussi décousu. Tu es Colin Singleton, raconteur d'histoire débutant, par conséquent tu dois suivre un fil conducteur. Et puis, il faut une solide morale ou un thème. L'amour et l'aventure sont deux ingrédients important. Tu dois en mettre un peu. Supposons que tu racontes ton histoire de pipi dans la cage aux lions, ajoute toi une copine qui, remarquant la taille colossale de ton zizi, te sauve in extremis du lion en te plaquant au sol, voulant a tout prix préserver ce zizi prodigieux.

Colin rougit, mais Lindsey continua.

- Au début, tu as envie de faire pipi, au milieu, tu fais pipi ; et à la fin, grâce à l'amour et à l'aventure, ton zizi est sauvé des crocs d'un lion affamé par le courage d'une jeune fille portée par son penchant immodéré pour les gros zizis. Et la morale de l'histoire est que l'héroïsme de ta copine conjugué à un zizi geant te sauvera des situations même les plus désespérées.