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Le vélin



Description ajoutée par x-Key 2010-12-03T12:00:28+01:00

Résumé

Joachim – les Mosellans disent Jochem – est né en Lorraine, sur la frontière où la France et l’Allemagne, chacune à son tour, s’établissent et veulent vaincre. Là, il y a des mines de charbon, du fer, des filons douloureux et salissants, des crassiers et des drames souterrains. Les hommes ont les poumons scintillants de poussière. Les vaches lèchent des blocs de sel gemme. Mais l’enfant né ne vivra pas un jour entier. Comme saint Nicolas le fit des glaneurs, sa sœur le ressuscitera pour qu’il l’accompagne sur les routes de l’exode…


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Classement en biblio

extrait

Extrait ajouté par Lili-Prune 2013-07-03T20:48:53+02:00

Un grand repos serait nécessaire après ces heures pleines. Il faudrait ôter le matelas perdu et le jeter, à quatre hommes, sur le fumier. Ensuite, les poules se blesseraient aux ailes pour ne pas perdre une seule goutte du sang de naissance. Elles se disputeraient, jusqu’à la plaie, le sel délicieux et ces eaux riches dont les accouchements imbibent le matelas. D’ailleurs, les poules sont mauvaises et corrompues. Plus tard, après avoir accusé les mouches bleues, avant d’incriminer l’haleine des truies, je les soupçonnerais, elles, les poules, le coq roux et vert, la pintade aux ailes rondes, d’avoir contaminé mon frère en approchant trop près de lui leur langue pointue, leurs ongles jaunes, leur bec marron de purin et leurs narines taillées dans la corne.

De toute cela, je me souviens, et des muscles de ma mère qui poussa mon frère dans le monde. Je l’ai vu, et j’éprouve le remords d’avoir regardé si longuement. J’aurai besoin de mille ans pour recouvrer mon équilibre.

Les premiers cris dont ma mémoire s’est chargée immédiatement se scindent en trois registres : l’un, grave et bas, module son rythme et demande à être suivi : la sage-femme agenouillée, c’est-à-dire l’annonciatrice. Le second a l’élan de l’instinct : ma mère endurante. Le cri troisième, c’est mon frère qui le souffle. Il a soif après ce chemin. Son crâne, sans suture et sans poil, a rouvert le passage entre les os pénibles où je m’étais traînée pour scruter, moi aussi, la lumière, pour profiter enfin de la chaleur sèche et cesser de me confire.

Mon frère naissait. Au même moment, j’avais dix ans. C’était le jour de sa naissance à lui, le jour de mon anniversaire à moi. Les années pourraient se répéter et toujours dix d’entre elles rassembleraient leurs forces, s’arc-bouteraient entre nous. Et quand il mourrait, l’anniversaire de sa naissance et celui de sa mort se confondraient, au point de se chevaucher. Il faut bien se rappeler que mon frère vécut un seul jour. Il regarda le matin et le soir, mais il n’eut pas connaissance de la nuit. D’où la confusion de ces anniversaires. J’ai dix ans et un frère, ce matin.

Au même instant, mais ailleurs que dans cette chambre où l’on respire du talc, c’est la guerre, lourde, profonde et tellement bien étroitement lacée. Nous avons encore du bois à brûler, des granges pleines de blé sain et d’avoine, du lait à profusion. Mais on trouve déjà des ruines de maisons connues. J’ai compté cinq cuillères à moka, dressées entre les briques d’un mur écroulé. Et Frantz, malgré l’interdiction imprimée dans le journal, ses parents l’avaient lue, encadrée, Frantz a croqué les bonbons empoisonnés que les soldats distribuent. La frontière est une vieille clôture limée jusqu’à la corde. Elle est tombée. Et nous, qui vivions en elle, nous sommes maintenant des animaux égarés. Ce matin, dans la glace, j’ai regardé ma langue parler allemand. Ensuite, ma langue a parlé français. Et ma bouche s’est tordue différemment et parfois mes dents cliquetaient. J’eus conscience d’être une vache noire avec de larges taches blanches. Je me rappelai les funérailles de Frantz, qui avait mangé ces bonbons emballés. Naturellement, je compris que la France et l’Allemagne étaient des visages de pierre usée, qui ne possédaient ni langue ni oreilles, ni aucune corde vocale. Je compris que la France luttait contre l’invasion d’une Allemagne sans traits. L’Allemagne nous détestait, la France nous haïssait, et elles voulaient, toutes deux, faire de nous des décombres, parce que notre haleine parlait sa propre langue, ni allemande ni française, mais la langue de notre famille, avec la voix de la Moselle.

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Le vélin

  • France : 1993-08-27 - Poche (Français)

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