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Extrait

Extrait ajouté par anonyme 2015-12-26T10:57:10+01:00

– Eh bien, mon cher Porthos, voyons, dites-moi la méthode de M. Molière.

– Molière? vous l’appelez ainsi, n’est-ce pas? Je tiens à me rappeler son nom.

– Oui, ou Poquelin, si vous l’aimez mieux.

– Non, j’aime mieux Molière. Quand je voudrai me rappeler son nom, je penserai à volière, et, comme j’en ai une à Pierrefonds…

– À merveille, mon ami. Et sa méthode, à ce M. Molière?

– La voici. Au lieu de me démembrer comme font tous ces bélîtres, de me faire courber les reins, de me faire plier les articulations, toutes pratiques déshonorantes et basses…

D’Artagnan fit un signe approbatif de la tête.

– «Monsieur, m’a-t-il dit, un galant homme doit se mesurer lui-même. Faites-moi le plaisir de vous approcher de ce miroir.» Alors je me suis approché du miroir. Je dois avouer que je ne comprenais pas parfaitement ce que ce brave M. Volière voulait de moi.

– Molière.

– Ah! oui, Molière, Molière. Et, comme la peur d’être mesuré me tenait toujours: «Prenez garde, lui ai-je dit, à ce que vous m’allez faire; je suis fort chatouilleux, je vous en préviens.» Mais lui, de sa voix douce car c’est un garçon courtois, mon ami, il faut en convenir, mais lui, de sa voix douce: «Monsieur, dit-il, pour que l’habit aille bien, il faut qu’il soit fait à votre image. Votre image est exactement réfléchie par le miroir. Nous allons prendre mesure sur votre image.»

– En effet, dit d’Artagnan, vous vous voyiez au miroir; mais comment a-t on trouvé un miroir où vous pussiez vous voir tout entier?

– Mon cher, c’est le propre miroir où le roi se regarde.

– Oui; mais le roi a un pied et demi de moins que vous.

– Eh bien, je ne sais pas comment cela se fait c’était sans doute une manière de flatter le roi, mais le miroir était trop grand pour moi. Il est vrai que sa hauteur était faite de trois glaces de Venise superposées et sa largeur des mêmes glaces juxtaposées.

– Oh! mon ami, les admirables mots que vous possédez là! Où diable en avez-vous fait collection?

– À Belle-Île. Aramis les expliquait à l’architecte.

– Ah! très bien! Revenons à la glace, cher ami.

– Alors, ce brave M. Volière…

– Molière.

– Oui, Molière, c’est juste. Vous allez voir, mon cher ami, que voilà maintenant que je vais trop me souvenir de son nom. Ce brave M. Molière se mit donc à tracer avec un peu de blanc d’Espagne des lignes sur le miroir, le tout en suivant le dessin de mes bras et de mes épaules, et cela tout en professant cette maxime que je trouvai admirable: «Il faut qu’un habit ne gêne pas celui qui le porte.»

– En effet, dit d’Artagnan, voilà une belle maxime, qui n’est pas toujours mise en pratique.

– C’est pour cela que je la trouvai d’autant plus étonnante, surtout lorsqu’il la développa.

– Ah! Il développa cette maxime?

– Parbleu!

– Voyons le développement.

«- Attendu, continua-t-il, que l’on peut, dans une circonstance difficile, ou dans une situation gênante, avoir son habit sur l’épaule, et désirer ne pas ôter son habit…»

– C’est vrai, dit d’Artagnan.

«- Ainsi», continua M. Volière…

– Molière!

– Molière, oui. «Ainsi continua M. Molière, vous avez besoin de tirer l’épée, monsieur, et vous avez votre habit sur le dos. Comment faites-vous?

«- Je l’ôte, répondis-je.

«- Eh bien, non, répondit-il à son tour.

«- Comment! non?

«- Je dis qu’il faut que l’habit soit si bien fait, qu’il ne vous gêne aucunement, même pour tirer l’épée.

«- Ah! ah!

«- Mettez-vous en garde», poursuivit-il. J’y tombai avec un si merveilleux aplomb, que deux carreaux de la fenêtre en sautèrent. «Ce n’est rien, ce n’est rien, dit-il, restez comme cela.» Je levai le bras gauche en l’air, l’avant-bras plié gracieusement, la manchette rabattue et le poignet circonflexe, tandis que le bras droit à demi étendu garantissait la ceinture avec le coude, et la poitrine avec le poignet.

– Oui, dit d’Artagnan, la vraie garde, la garde académique.

– Vous avez dit le mot, cher ami. Pendant ce temps, Volière…

– Molière!

– Tenez, décidément, mon cher ami, j’aime mieux l’appeler… Comment avez-vous dit son autre nom?

– Poquelin.

– J’aime mieux l’appeler Poquelin.

– Et comment vous souviendrez-vous mieux de ce nom que de l’autre?

– Vous comprenez… Il s’appelle Poquelin, n’est-ce pas?

– Oui.

– Je me rappellerai madame Coquenard.

– Bon.

– Je changerai Coque en Poque, nard en lin, et au lieu de Coquenard, j’aurai Poquelin.

– C’est merveilleux! s’écria d’Artagnan abasourdi… Allez, mon ami, je vous écoute avec admiration.

– Ce Coquelin esquissa donc mon bras sur le miroir.

– Poquelin. Pardon.

– Comment ai-je donc dit?

– Vous avez dit Coquelin.

– Ah! c’est juste. Ce Poquelin esquissa donc mon bras sur le miroir; mais il y mit le temps; il me regardait beaucoup; le fait est que j’étais très beau. «Cela vous fatigue? demanda-t-il. – Un peu, répondis-je en pliant sur les jarrets; cependant le peux tenir encore une heure. – Non, non, je ne le souffrirai pas! Nous avons ici des garçons complaisants qui se feront un devoir de vous soutenir les bras, comme autrefois on soutenait ceux des prophètes quand ils invoquaient le Seigneur. – Très bien! répondis-je. – Cela ne vous humiliera pas? – Mon ami, lui dis-je, il y a, je le crois, une grande différence entre être soutenu et être mesuré.»

– La distinction est pleine de sens, interrompit d’Artagnan.

– Alors, continua Porthos, il fit un signe; deux garçons s’approchèrent; l’un me soutint le bras gauche, tandis que l’autre, avec infiniment d’adresse, me soutenait le bras droit.

«- Un troisième garçon! dit-il.

«Un troisième garçon s’approcha.

«- Soutenez les reins de monsieur, dit-il.

«Le garçon me soutint les reins.»

– De sorte que vous posiez? demanda d’Artagnan.

– Absolument, et Poquenard me dessinait sur la glace.

– Poquelin, mon ami.

– Poquelin, vous avez raison. Tenez, décidément, j’aime encore mieux l’appeler Volière.

– Oui, et que ce soit fini, n’est-ce pas?

– Pendant ce temps-là, Volière me dessinait sur la glace.

– C’était galant.

– J’aime fort cette méthode: elle est respectueuse et met chacun à sa place.

– Et cela se termina?…

– Sans que personne m’eût touché, mon ami.

– Excepté les trois garçons qui vous soutenaient?

– Sans doute; mais je vous ai déjà exposé, je crois, la différence qu’il y a entre soutenir et mesurer.

– C’est vrai, répondit d’Artagnan, qui se dit ensuite à lui-même: Ma foi! ou je me trompe fort, ou j’ai valu là une bonne aubaine à ce coquin de Molière, et nous en verrons bien certainement la scène tirée au naturel dans quelque comédie.

Porthos souriait.

– Quelle chose vous fait rire? lui demanda d’Artagnan.

– Faut-il vous l’avouer? Eh bien, je ris de ce que j’ai tant de bonheur.

– Oh! cela, c’est vrai; je ne connais pas d’homme plus heureux que vous. Mais quel est le nouveau bonheur qui vous arrive?

– Eh bien, mon cher, félicitez-moi.

– Je ne demande pas mieux.

– Il paraît que je suis le premier à qui l’on ait pris mesure de cette façon-là.

– Vous en êtes sûr?

– À peu près. Certains signes d’intelligence échangés entre Volière et les autres garçons me l’ont bien indiqué.

– Eh bien, mon cher ami, cela ne me surprend pas de la part de Molière.

– Volière, mon ami!

– Oh! non, non, par exemple! je veux bien vous laisser dire Volière à vous; mais je continuerai, moi, à dire Molière. Eh bien, cela, disais-je donc, ne m’étonne point de la part de Molière qui est un garçon ingénieux, et à qui vous avez inspiré cette belle idée.

– Elle lui servira plus tard, j’en suis sûr.

– Comment donc, si elle lui servira! Je le crois bien, qu’elle lui servira, et même beaucoup! Car, voyez-vous, mon ami, Molière est, de tous nos tailleurs connus, celui qui habille le mieux nos barons, nos comtes et nos marquis… à leur mesure.

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