Extraits

Qu'y a-t-il de plus beau qu'une femme amoureuse ?

En me couchant, j'ai compris pourquoi le destin nous avait mis face à face. Elle est là pour éclairer de sa jeunesse mes derniers élans de vie, et moi pour lui permettre de se pardonner et de s'aimer enfin !

Hier, je la trouvais jolie, ce soir je l'ai vue belle.

Très tôt, trop tôt, j'ai appris à sourire pour cacher mes larmes et j'ai connu ces grands moments de tristesse qui soulèvent le coeur et déchirent le ventre, laissant un goût de cendre et de sang dans la bouche. Comme devant un précipice, où la tentation de se laisser tomber brille comme une aurore. Je suis persuadée que c'est la cela que ressentent les personnes qui ont leur vie derrière elles.

J'étais celle du fond de la classe, celle qu'on invitait jamais aux boums, celle qu'on bousculait dans les couloirs, celle surtout qui a vomi en plein cours d'histoire lorsque le prof nous a projeté un film sur l'Holocauste. Combien de fois ai-je entendu rire dans mon dos !

Le soleil est haut maintenant… Les rues sont pleines de vie. Je marche le livre serré contre ma poitrine qui me brûle. Pour notre dernier rendez-vous je dois trouver un lieu qui nous ressemble. Naturellement, sans m’en rendre compte, mes pas me mènent au Jardin des Plantes, devant le banc où, avec Clément, nous avons commencé notre histoire. Je suis seule à présent… Comme tout cela me semble loin. Tu vas tellement me manquer…

Je ne te demande qu’une chose. D’être toujours heureuse même si parfois la vie peut te sembler difficile et injuste. La vie est merveilleuse ! Je l’ai découvert avec toi. Ce qui est formidable avec elle, c’est qu’elle nous réserve toujours des surprises et que, chaque matin, tu peux la transformer selon tes désirs. Fais de ta vie ce que tu veux qu’elle soit ! Comme le dit si bien notre ami Charles : « La vie est une aventure jolie, heureux qui sait la chanter… »

Demain, même si les médecins m’ont interdit de quitter le lit avant une semaine, j’aurai la force d’affronter la fatigue pour voir le sourire de Clara. Je ne sais pas pourquoi je m’accroche à cette enfant comme à une planche de salut, comme à la dernière joie qui me reste… Qu’avons-nous à nous dire, tous les deux ? Qu’ai-je à lui apporter, moi, vieux déporté sans famille, avant de quitter cette terre ? Je l’imagine dans ce décor, installée dans ce fauteuil, moi dans mon lit écoutant du Chopin ou chantant du Trenet…

Nouvel extrait

"Pourquoi, sur le point de quitter la vie, ai-je tant de mal à supporter cette solitude que j'ai pris tant de soin à entretenir pendant toutes ces années ?"

Nouvel extrait

"...j'ai connu ces grands moments de tristesse qui soulèvent le coeur et déchirent le ventre, laissant un goût de cendre et de sang dans la bouche. "