Ajouter un extrait
Liste des extraits
Je m'appelle Stephen Leeds et je suis parfaitement sain d'esprit. Mes hallucinations, en revanche, sont complètement cinglées.
Afficher en entier- En réalité,repris-je, la définition officielle de la folie est très flexible. Deux personnes peuvent souffrir exactement du même mal ,avec le même degré de gravité, mais l'une peut être jugée saine d'esprit d'après les critères habituels tandis que l'autre sera considérée comme folle. On franchit la frontière de la folie quand notre état mental nous empêche d'être fonctionnel ,de mener une vie normale. Selon ces critères ,je ne suis absolument pas fou.
Afficher en entier— Qui est Stan ? demanda Monica.
— Un astronaute que Tobias entend et qui est censé se trouver en orbite autour de la Terre à bord d’un satellite. Stan est inoffensif dans l’ensemble. Il nous prédit la météo, ce genre de choses.
— Je… vois, répondit-elle. Stan est un autre de vos amis un peu spéciaux ?
Je gloussai de rire.
— Non. Stan n’existe pas.
— Je croyais que les autres non plus.
— Eh bien oui, c’est vrai. Ce sont mes hallucinations. Mais Stan est différent. Seul Tobias l’entend. Tobias est schizophrène.
Elle cligna des yeux.
— Votre hallucination…
— Oui ?
— Votre hallucination a des hallucinations.
— Oui.
Afficher en entierTobias prit la photo. Du moins, c'est ce que je vis. J'avais plus probablement gardé la photo dans ma main, mais je n'y sentais plus sa présence maintenant que je percevais Tobias en train de la tenir. C'est curieux comme l'esprit peut modifier ses perceptions.
Afficher en entier- [...] Parfois, je me dis qu'ils vont tous me rendre complètement cinglé.
- Vous... n'êtes pas cinglé, dans ce cas ?
- Mais jamais de la vie, répondis-je. Je la toisai : Vous n'acceptez pas cette idée.
- Vous voyez des gens qui ne sont pas là, monsieur Leeds. C'est un fait difficile à accepter.
- Et pourtant, répondis-je, je mène une vie agréable. Dites-moi une chose. Pourquoi me prenez-vous pour un cinglé, moi, mais pas l'homme infoutu de garder son boulot, qui trompe sa femme, qui ne sait pas contrôler ses humeurs ? Lui, vous le trouvez sain d'esprit ?
Afficher en entierLa porte s'ouvrit et Wilson entra, apportant la limonade et l'eau pour Ivy. [...]
Je savais, au plus profond de moi, qu'il n'avait pas vraiment apporté de verres pour Ivy et Tobias, et qu'il faisait semblant de tendre quelque chose aux fauteuils vides. Mon esprit complétait le reste, imaginant des verres, imaginant Ivy s'avancer pour prendre le sien à Wilson lorsqu'il tenta de le lui donner là où il pensait qu'elle se trouvait.
Afficher en entierJe me retournai. Tobias est une autre hallucination – ou « aspect », comme je les appelle parfois. Grand et maigre, la peau couleur d’ébène et des joues ridées criblées de taches de rousseur sombres. Il gardait ses cheveux grisonnants coupés très courts et portait un complet ample et informel sans cravate.
— Je me demandais simplement, reprit Tobias, combien de temps tu comptais faire attendre ce pauvre homme ?
— Jusqu’à ce qu’il parte, répondis-je en suivant Tobias vers le vestibule.
On entreprit tous deux de quitter la chambre de J.C.
— Il s’est montré extrêmement poli, Stephen, fit remarquer Tobias.
Derrière nous, J.C. se remit à tirer. Je poussai un grognement.
— Je vais aller parler à J.C., me dit Tobias d’une voix apaisante. Il essaie simplement de ne pas perdre la main. Il veut t’être utile.
— Ouais. Peu importe.
Je quittai Tobias pour emprunter un couloir du somptueux manoir. Je possédais quarante-sept pièces. Presque toutes étaient meublées. Au bout du couloir, j’entrai dans une petite chambre décorée d’un tapis persan et de lambris. Je me jetai sur le canapé de cuir noir placé au centre.
Ivy était assise dans son fauteuil près du canapé.
— Tu comptes faire ce boucan encore longtemps ? demanda-t-elle par-dessus le bruit des coups de feu.
— Tobias est allé lui parler.
— Je vois, répondit Ivy en griffonnant sur son carnet.
Elle portait un tailleur-pantalon foncé. Ses cheveux blonds étaient remontés en chignon. Elle avait la quarantaine et était l’un de mes aspects les plus anciens.
Afficher en entierLes emballages d'un repas chinois à emporter s'alignaient sur le rebord de la fenêtre, comme si des jardiniers comptaient y faire pousser du poulet sauce piquante pour l'année suivante.
Afficher en entier«En réalité,repris-je, la définition officielle de la folie est très flexible. Deux personnes peuvent souffrir exactement du même mal ,avec le même degré de gravité, mais l’une peut être jugée saine d’esprit d’après les critères habituels tandis que l’autre sera considérée comme folle. On franchit la frontière de la folie quand notre état mental nous empêche d’être fonctionnel ,de mener une vie normale. Selon ces critères ,je ne suis absolument pas fou.».
Afficher en entierVous créez ces illusions afin de vous débarrasser de certaines choses sur elles. Votre intelligence supérieure, que vous considérez comme un fardeau. Votre responsabilité – il faut qu’elles viennent vous prendre par la main pour vous obliger à aider les gens. Ça vous permet de faire semblant, monsieur Leeds. De faire semblant d’être normal. Mais la véritable illusion est là.
Afficher en entier