Les Épouses tributs des soldats drexiens, Tome 7 : Désirée

Des lumières rouges apparurent sur la console, illuminant le cockpit d’une lueur écarlate. Les deux Drexiens se mirent à murmurer en examinant les informations qui s’affichaient à l’écran, mais True avait l’impression d’être plongée sous l’eau tant leurs voix lui semblaient lointaines.

– Tu vas bien ?

La petite main de Cerise se referma sur la sienne.

True sursauta en se tournant vers la petite alien assise à côté d’elle. Ses pieds se balançaient au-dessus du sol. La chaleur de sa paume était réconfortante, aussi True la lui serra.

– Oui.

Cerise la dévisagea, puis pencha la tête. Sa perruque glissa légèrement sur le côté.

– Mmmh. Tu n’en as pas l’air. On dirait que tu viens de voir un phantasmeur.

– Un phantasmeur ?

Cerise acquiesça.

– Tu sais, une énergie qui aurait quitté son corps-hôte.

– Un fantôme ?

L’alien haussa les épaules.

– Si c’est ainsi que tu les appelles. Il y en avait beaucoup sur Lymora III. De nombreux esprits errants ont été libérés là-bas, crois-moi.

Elle fit voltiger sa main libre dans les airs.

– Quoi qu’il en soit, on dirait bien que tu en as vu un et qu’il t’a mis une gifle.

True effleura ses joues brûlantes.

– J’ai eu un peu peur, c’est tout.

Puis elle hocha la tête en direction des deux Drexiens assis devant elles.

– Tu connais le plus vieux des deux ?

Cerise écarquilla ses yeux trop maquillés.

– Le renard argenté ?

Elle fit mine de ronronner. L’imitation était incroyablement réussie.

– Pourquoi, as-tu des vues sur lui ?

Le vaisseau pencha brusquement d’un côté. True lâcha la main de Cerise pour s’appuyer contre la cloison ébène et garder l’équilibre. Elle fut secrètement soulagée de ne pas avoir pris de petit-déjeuner ce matin-là. Le cas contraire, il aurait déjà recouvert les reluisantes cloisons incurvées du cockpit.

– Non, bien sûr que non. Je ne l’avais même jamais rencontré. Enfin, pas le vrai lui, du moins. Je crois connaître une autre version de lui-même.

Cerise posa la main sous le coude de True, qu’elle serra.

L’humaine la repoussa vivement.

– Qu’est-ce que tu fais ?

– Je voulais juste voir si tu avais de la fièvre. Pourquoi ? N’est-ce pas ainsi que les humains procèdent ?

True rit malgré elle.

– Pas vraiment, non. Et je n’ai pas de fièvre.

Cerise la fixa, l’air sceptique.

– Tu as plutôt dû te cogner la tête, ma chérie. Parce que ce que tu racontes n’a aucun sens. Comment pourrais-tu connaître une fausse version du capitaine du Bateau ?

La bouche de True se fit sèche. Le capitaine du Bateau ? Elle comptait bien régler son compte à Ella, aussitôt qu’ils auraient rejoint le reste de la communauté.

– Je n’arrive pas à croire que tu m’aies fait ça, marmonna-t-elle, regrettant de ne pas pouvoir dire ces mots à sa meilleure amie.

– Fait quoi ?

True leva la tête et croisa le regard interrogateur de Cerise. Elle admettait qu’elle devait sembler folle, à lui parler de faux hommes.

– Ne t’inquiète pas. Je ne suis pas folle et je n’ai pas non plus vu de phanta… phan… Je n’ai vu aucun fantôme. Je crois qu’Ella a utilisé le capitaine comme modèle du Drexien présent dans ma simulation.

La petite extraterrestre sembla soudain intriguée.

– Vraiment ? Alors le Capitaine et toi vous êtes livrés à une petite séance holographique de…

True la fit taire aussitôt, espérant que les Drexiens soient trop occupés à gérer bips et lumières pour les entendre.

– Non, pas du tout. Je ne pense même pas qu’il soit possible de le faire avec un hologramme.

Cerise secoua vigoureusement la tête.

– Oh que si, on peut !

– Si tu le dis.

True se sentit rougir, comme à chaque fois qu’elle parlait de sexe.

– Mais nous n’avons rien fait. Ella l’a ajouté à ma simulation pour que je puisse lui parler. Elle sait que les Drexiens m’intimident, alors je pense qu’elle l’a créé pour que je gagne en confiance.

– C’est ce qu’elle t’a dit ?

– Pas directement, avoua True. En fait, je ne lui en ai jamais parlé. J’en ai simplement déduis cette conclusion.

Cerise acquiesça lentement, ses yeux alternant entre True et le capitaine.

– Donc tu n’es certaine de rien.

True suivit le regard de son amie, se déplaçant sur son siège pour mieux voir les larges mains du Drexien survoler sa console.

– Pas certaine de quoi ?

– Qu’il ne s’agissait pas réellement de lui dans ta simulation.

True rit, plus fort cette fois, si bien que les deux Drexiens lui lancèrent un rapide coup d’œil avant d’être rappelés à leur console par des bips rapides.

– C’est ridicule. Qu’est-ce que le capitaine du Bateau viendrait faire dans ma simulation ? Il ne sait même pas qui je suis. Je ne l’avais jamais vu en dehors du pont holographique jusqu’à il y a à peine dix minutes.