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Chapitre 1
(Recueilli par le peuple des Nouts, l’homme est soigné par Atarax, le guérisseur : )
…
Peu après, Atarax lui proposa de rentrer pour une petite sieste. En chemin, il ne résista pas à l’envie d’insister :
— Vraiment, tu ne te souviens de rien ?
— Rien, souffla-t-il, l’air sombre.
— Tu as dû subir un choc terrible pour être amnésique à ce point. Mais rassure-toi, la perte de la mémoire n’est pas irréversible. En revanche, la retrouver peut prendre du temps.
L’un et l’autre gardèrent le silence un instant.
— Nous pourrions tenter de joindre les esprits de nos ancêtres pour qu’ils contactent celui des tiens, si le Conseil est d’accord. Cela nécessite une grande concentration et une drogue que nous n’utilisons qu’en cas d’extrême urgence. Ce soir, je soumettrai cette proposition à l’approbation de tous les membres. Je ne leur ai encore rien dit de ton amnésie, tu sais… En fait, j’espérais que quelque chose te reviendrait, au moins ton nom.
L’inconnu ne répondit rien. Il n’osait espérer…
— Allons, viens, je vais te présenter à un membre de notre communauté, un homme qui a un don spécial.
Ils se trouvaient devant le logis du siffleur, dont la porte de bois était ornée de plumes et d’appeaux de multiples tailles. Atarax tira sur un cordon de cuir au-dessus de la porte et son compagnon entendit un tintinnabulement des plus ravissants.
— C’est extraordinaire ! Je ne me souviens pas avoir jamais ouï de tels sons !
Au chapitre 2, il part en quête de lui-même et fait la rencontre du peuple des Arbres :
…
Enfin, une femme d’une beauté à couper le souffle parut, accompagnée d’un homme :
— Et voici mon épouse, Heina, et notre Dormeur, Somnéan.
Celle-ci posa sa main sur cœur avec une légère inclination de la tête.
— La paix soit avec vous tous, prononça-t-elle.
Henn se leva et prit sa main pour la porter à ses lèvres et à son front.
— Première, Atarax des Nouts est revenu pour que Somnéan apporte son aide à Martin, l’homme que tu vois à ses côtés. Il ne sait plus qui il est.
Quand ses yeux dorés se posèrent sur lui, un éclair de surprise mêlée d’effroi passa dans son regard. Puis elle se reprit et le dévisagea, le gratifiant alors d’un signe de tête : il sembla à Martin que ses yeux d’ambre clair le fouillaient jusqu’aux tréfonds de son âme. Alors elle murmura à mi-voix, pour le roi, dans une langue inconnue aux douces sonorités :
— Hen séai est’minem nestrean alamanias.
— Gemen’ sean ben Somnéan wer ê.
Ce dernier, qui avait pénétré l’esprit de la Reine à sa demande et vécu ses rêves, examinait lui aussi l’inconnu avec une attention soutenue. Néanmoins, il ne dit rien.
Comme pour s’excuser de cet aparté avec son épouse, le Souverain leur sourit et prononça :
— Convives, levons à Ramur ces coupes d’or ciselé, survivance de l’antique opulence de notre peuple et mangeons !(…)
Afficher en entierPrologue
Dans l’aube indécise, les têtes frissonnantes des premières fleurs printanières se dressaient fièrement, formant un berceau pour la silhouette humaine immobile et recroquevillée sur ce parterre. Un pépiement s’éleva, puis un deuxième en réponse, et encore un autre. La forêt s’éveillait, nimbée d’un halo diffus.
Soudain un long bras décharné s’étira, faisant fuir les petites créatures qui s’étaient aventurées dans cette clairière, curieuses de son nouvel occupant. L’homme était vivant ! Il frissonna et gémit lorsqu’il voulut s’asseoir. De profondes zébrures marquaient son flanc dénudé.
Il cligna des yeux, ébloui par le timide rai de lumière qui tentait de percer la brume matinale. Que faisait-il là, en haillons ? Où donc était-il ? Il chercha désespérément dans sa mémoire. Rien ! Son esprit était vide, comme dévasté. La panique monta en lui tel un raz de marée et se mua en un hurlement presque inhumain. Submergé, anéanti et à bout de forces, il demeura prostré un long moment. (…)
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