Extraits

J'allais avoir dix-neuf ans et j'étais magnifique, époustouflante. C'était meme tout ce qui me restait; une éternité dans la peau d'une autre, une existence dans le corps d'une créature que seul les plus fous osent nommer. Je me détestais. Ca n'aurais jamais du m'arriver. Pas à moi. Pas a moi...

Je donnerai n'importe quoi pour retrouver mon humanité, mais personne ne peut revenir en arrière.

Jamais.

Darius ouvrit brusquement la porte. Manifestement, il ne s’était pas réveillé aussi tôt que moi. Ses cheveux étaient en pétard et il portait un pantalon de pyjama rayé bleu et blanc.

J’éclatai de rire.

Quoi ? Qu’est-ce qu’il y a de si drôle ? Fulmina-t-il.

J’essayai de reprendre mon sérieux pour lui répondre le plus respectueusement possible. Néanmoins, je le regardai une nouvelle fois de la tête aux pieds.

Tu n’imagines pas à quel point tous mes clichés sur les vampires sont en train de tomber un à un…

Mouais…

Avec douceur il m'attira contre lui et enfouit sa tête dans mes cheveux. Il les caressa un moment et me repoussa doucement pour m'embrasser l'une de mes tempes.

- Saurais-je un jour rattraper tous ce temps que je t'ai volé ?

- Non. Il est perdu, murmurai-jed'une voiw etouffée.

À ces mots, son visage refleta davantage la culpabilité qu'il ressentait déjà.

- Un jour,tu auras à nouveau confiance en moi, dit-il avec gravité. C'est une promesse que je me suis faite à moi-même.

Je ne saurais me passer de toi, mon amour. Tu es mon souffle, ma vie et, tu m'as tellement prouvé combien tu m'aimes.

Je profitai du fait qu'il soit un peu dérouté pour chiper une bombe de mousse à raser dans son sac à dos. Avec rapiditéé, je la secouai, la débouchai et lui bombardai la quasi-totalité sur le visage. Derrière moi, des éclats de rire retentirent. Ils étaient tous vengés, eux et les quelques étudiants des années précédentes.Mais maintenant, pas question de rester dans les parages. La riposte serait terrible. J'avais appris à être rapide au contact de Darius, alors avant même qu'il n'ôte la texture blanchâtre sur sa figure, je filai loin devant. Je pivotai et vérifiai qu'il ne me suivait pas. Il n'était pas là, mais lorsque je fis volte-face pour reprendre ma route, je manquai me cogner contre son imposant torse. Darius me dominait de toute sa taille, la mousse dégoulinant sur son beau visage doré.

- Tu pensais apprendre au vieux singe à faire des grimaces, gamine ?

Je n'essayai même pas de réprimer un rire. J'explosai littéralement.

Spoiler(cliquez pour révéler) Nullement impressionnée par tout ce petit monde, Gwen avala calmement une autre gorgée de thé.

-Tu peux te rasseoir, Darius, dit-elle tranquillement sans le regarder. Toi aussi, Leith, personne ne me fera de mal.

Mais aucun d'eux ne reprit sa place.

-Gwen..., dit Darius sur le ton de l'avertissement.

Elle l'ignora.

-Hannah, dit-elle avec solennité. Il y a quelque chose que tu dois savoir.

-Tu vas te taire! hurla Darius avec férocité en faisant un autre pas vers elle.

Gwen finit par poser sa tasse sur la table basse et se mit debout. Leith la retint par l'épaule, mais elle le repoussa pour tenir tête à Darius, levant le menton bien haut.

-Il n'en est pas question, môsieur le vampire. Elle a le droit de savoir, et je ne vois pas pourquoi tu ne veux pas que je...

-Je t'ai dis non!

-Vraiment? Et tu crois que tu vas pouvoir m'empêcher de le lui dire? persista-t-elle en levant les sourcils, les mains sur les hanches. C'est bien mal me connaître, mon grand!

-Mais enfin! Je peux savoir de quoi vous parlez? m'irritai-je.

-Oui.

-Non!

En même temps, évidemment... Je me demandais lequel des deux était le plus déterminé.

-Je suis désolée, Darius, argua Gwen, mais tu aurais dû étaler toutes les cartes devant Hannah et ne pas décider à sa place. Je ne sais pas pourquoi, mais j'étais certaine qu'Hannah n'était au courant de rien. Naïvement je m'étais dit que toi non plus, sans quoi tu l'aurais forcement mise au parfum et elle ne serait pas dans cet état depuis des mois!

-Gwen, mais de quoi tu parles? demandai-je calmement en plissant les paupières.

-Oui, de quoi tu parles? insista Leith.

-J'imagine que maintenant nous n'avons plus beaucoup de temps pour réparer l'immense erreur de sa condition d'ange noir, continua-t-elle. Hannah, tu as la possibilité de redevenir humaine, autant que tu le saches.

En une seconde, il y eut une cacophonie de hurlements.

-Quoi? (Moi, abasourdie.)

-Non! (Darius, noir de colère.)

-Quoi? (Leith, dans un quasi-rugissement.)

A ce niveau de la conversation, ce n'est pas une douche froid que je pris, mais un tsunami d'eau glacée. Je ma laissai tomber de tout mon poids sur le divan.

Une série d'images m'assaillirent, mettant en scène le jour où j'avais été mordue, les souvenirs de mon enfance, mes discussions avec Elaine, mes parents, mes années lycée, mon initiation par Darius, le premier baiser de Leith... Tout s'entrechoquait avec violence, ne laissant aucun répit à mon cerveau momentanément détraqué. Je pouvais redevenir humaine!

- Ça disparaît...

Il savait que moi aussi je me régénérais, mais il ne put s'empêcher d'afficher une surprise exceptionnelle.

J'aurais tellement voulu savoir ce qu'il pensait, là, maintenant. Même si lui-même était capable d'une telle prouesse, me voyait-il comme un monstre ? Cette pensée me crispa au plus haut point. J'essayais de retirer ma main, mais il m'en empêcha en la serrant dans l'étau de la sienne.

- Tu es si froide.

- Et toi tu me brûles, soufflai-je en levant les yeux sur lui.

Les siens rayonnaient.

Nous restâmes comme ça pendant une poignée de seconde. Mes lèvres finirent par s'entrouvrir. Leith les fixa et me relâcha brusquement pour me tourner le dos.

- Je vais t'aider à ramasser tout ça !

Étourdie, je regardais ma main désormais libre. Pour la première fois depuis des mois, j'eus froid.

La nuit avait enfin fait place au crépuscule .

L'ange noir n'était plus .

J'étais sûre que si je lui avais dit tout de suite que la Meute m'avait proposé son aide, il aurait fait des bonds à trouer le plafond. Au moins, cour de l'horloge, il serait tout à son aise pour sauter sans risquer de se cogner la tête.

- Et ça, reprit-il avec un air de vainqueur typiquement masculin, c'est pour te prouver à quel point tu n'es qu'une pâle copie. Personne d'autre que moi ne pourra jamais lui faire cet effet-là. J'y veillerai !

Quel prétentieux !

Je souris.