Commentaires

Comment parler de cette novella ? De nos jours au fin fond des États-Unis, le Signaleur rencontre Immacolata Sexton dont on ne sait pas grand-chose, des morts sordides adviennent à plusieurs décennies d’écart, les participants d’un film de science-fiction des années 30 meurent peu après la sortie de ce même film, des champignons détruisent des corps, un livre de l’Antiquité recèle un mystère ; et surtout, surtout, ce texte nous offre une prose nébuleuse et décousue, comme s’il avait été écrit sous LSD.

L’auteure nous décrit un univers fantastique qui s’enfonce peu à peu dans l’horreur, mais en multipliant des évocations sibyllines voire des allers-retours dans le temps au sein d’un même paragraphe, sans jamais donner les clefs de compréhension. Le passé et l’avenir s’entremêlent, ajoutant à la confusion : un nombre invraisemblable d’allusions à des événements sont listées sans qu’on perçoive le lien entre eux.

Même si à la fin de l’histoire j’ai compris de quoi il en retourne, je suis hermétique à ce type de narration cryptique.

Après avoir terminé cette novella, j’ai lu des critiques positives : j’en conclus donc qu’elle plaira aux amateurs du genre « lovecraftien ». Pour ma part je n’avais pas deviné, en choisissant ce livre, qu’il s’inscrivait dans cette tradition.

J'avais adoré une nouvelle de cette autrice, située dans le même monde (un peu lovecraftien). J'étais donc intriguée, mais j'ai été déçue. J'ai trouvé l'histoire moins aboutie et nettement plus confuse que dans la nouvelle. Malgré une longueur un peu plus importante, ça racontait nettement moins de choses. J'ai trouvé que l'intrigue n’avançait pas, et j'ai beau aimé les fins ouvertes, là, tout est resté complètement ouvert : chaque intrigue, chaque idée lancée, chaque histoire évoquée, rien n'a de conclusion, ce qui finit par être frustrant. Dommage.

Les Agents de Dreamland est une nouvelle complexe, à la narration volontairement (très) éclatée entre trois points de vue.

La compréhension et la reconstitution de tout ce mélange demande un certain effort pour le lecteur. La connaissance de Lovecraft et de ses oeuvres est un plus.

Si j'ai apprécié ce texte et l'ambiance qui s'en dégage, je suis clairement passée à côté de beaucoup de références. Je connais Lovecraft, mais de très loin, et surtout ma lecture d'un de ses textes remonte à une dizaine d'années. A part un ou deux noms, l'ambiance qui se dégage de son oeuvre et des références communes à plusieurs de ses textes, le reste est effacé de ma mémoire depuis longtemps.

Sans la lecture d'autres analyses, notamment celle du Culte d'Apophis, je n'aurais jamais fait le lien avec plusieurs aspects de cette nouvelle. C'est dommage, j'en ressort avec cette impression de gâchis, alors que le texte en lui même m'a plu. Beaucoup. C'est très ambigu, et mon analyse du texte en est bien plus difficile.

Une fois les informations principales et l'intrigue de la nouvelle comprises, on retrouve une horreur insidieuse, à tout ce qui est sous entendu. Je ne suis pas certaine de la fin, mais cela n'enlève rien à l'impact du final. Ne pas savoir est pire, dans un sens.

En cela, la nouvelle est réussi, même sans connaissance particulière de Lovecraft. Cela reste accessible, à condition de savoir démêler ce qui c'est passé avec les informations données par les narrateurs, pas forcément dans le bon ordre, et avec des allers retours temporels.

J'aurais aimer pouvoir aller plus loin dans ce que l'autrice a voulu faire passer, sans avoir besoin de faire des recherches approfondies sur un texte d'un autre auteur, tout référent qu'il puisse être. Des clés de compréhension, en post face peut être (?) auraient aidé, sans forcément tout dévoiler. Je reste un peu sur ma faim par rapport à cet aspect "hommage à Lovecraft", notamment parce que j'aime tout comprendre sur un texte, même si la première lecture est intéressante.