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Normalement, aucun bateau ne prenait la mer en hiver, mais l’armée du général Plautius avait besoin de ravitaillement. À cause de la tactique de la terre brûlée du chef breton Caratacos, les légions dépendaient d’approvisionnements réguliers en céréales depuis le continent pour ne pas épuiser les réserves nécessaires à la poursuite de la campagne au printemps. Les convois avaient donc continué de multiplier les traversées, dès que le temps le permettait.
Afficher en entierSur les pointes de leurs pieds nus et gelés, ils s’élevèrent peu à peu au-dessus du pont. Tout le monde devait être en position pour défaire les garcettes et libérer la voile jusqu’au premier ris. Ce serait suffisant pour gouverner le vaisseau, alors qu’il tentait d’échapper à la tempête. À chaque nouvel éclair, la vergue et les matelots se découpaient en silhouettes d’un noir sévère contre le ciel blanc aveuglant. Le préfet remarqua que, dans ces moments-là, la pluie semblait brièvement se figer dans l’air. En dépit de la terreur qui lui serrait le cœur, il ressentit un frisson d’excitation devant cette incroyable démonstration des pouvoirs de Neptune.
Afficher en entierLes ténèbres glacées engloutirent le préfet, et avant qu’il pense à fermer la bouche, de l’eau salée lui remplit le nez et la gorge. Il se sentit tourner sur lui-même, ses poumons en manque d’air le brûlaient. Juste au moment où il croyait sa mort certaine, le vacarme de la tempête envahit provisoirement ses oreilles. Puis il disparut un instant, avant que sa tête perce de nouveau à la surface. Haletant, il battit des jambes pour se maintenir hors de l’eau. La mer déchaînée le souleva, lui permettant de distinguer la plage à proximité. De la trirème, il ne vit aucune trace. Pas un seul membre d’équipage. Ni la femme et ses enfants.
Afficher en entierAvec le centurion qui ouvrait la marche, le petit groupe s’engagea à pas prudents dans la ruelle étroite, entre les huttes et les maisons sombres des Trinovantes. La neige, qui craquait sous leurs pieds, était tombée toute la journée, ne s’arrêtant que peu après le crépuscule. Un épais tapis blanc luisant recouvrait Camulodunum et ses environs, et la plupart des habitants avaient préféré se terrer chez eux, autour d’un bon feu. Seuls les plus hardis représentants de la jeunesse locale se joignaient aux soldats romains, à la recherche de tripots pour une nuit de beuverie, de chants tapageurs et, avec un peu de chance, même quelques bagarres. Les militaires à la bourse pleine venaient du vaste camp qui s’étendait juste aux portes de Camulodunum. Quatre légions – plus de vingt mille hommes – attendaient la fin de l’hiver à l’abri de huttes grossières de bois et de terre. Le retour du printemps marquerait la reprise de la campagne de conquête de l’île.
Afficher en entierBoadicée eut une moue dédaigneuse devant le mobilier grossièrement taillé. Sans un coup de coude de sa cousine pour l’encourager, elle aurait peut-être même refusé de s’asseoir. La plus jeune des deux femmes, une Icène aux joues rondes, aux yeux bleus et aux cheveux châtains, s’appelait Nessa. Cato avait conscience que son centurion et Boadicée l’avaient poussée à les accompagner pour le distraire, tandis que le couple plus âgé poursuivait sa si étrange relation.
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