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Son premier locataire officiel se leva et la remercia pour le thé.
— Je reviendrai avant la nuit. Je vous paierai à ce moment-là.
— Ce sera parfait, monsieur Mailer.
Elle le raccompagna jusqu’à la porte d’entrée en son géant qu’il lui faudrait remercier Quinn de lui avoir envoyé un client aussi aimable.
Les cinq autres gaillards qui vinrent frapper à sa port par la suite l’étaient tout autant. Tous travaillaient pour De Beers. Tous avaient dépassé les quarante ans et tous étaient sympathiques, à l’exception de Robert Reynolds, qui était le benjamin, avec ses quarante-deux ans, et semblait d’une timidité maladive. Le lendemain en fin de journée, il ne restait plus à Olivia que deux chambres à louer, avec des planches aux fenêtres en attendant les vitres qui devaient être prochainement livrées du Cap. Le candidat suivant accepta néanmoins d’y loger, assurant que cela lui était égal. Il ne restait donc plus qu’une chambre de libre.
Afficher en entierIls avancèrent en silence durant quelques minutes, creusant la distance entre eux et les autres. Olivia mit ce temps à profit pour réfléchir à ce qu’elle voulait lui dire. Comment rappelle-t-on à un homme qu’il a oublié de vous embrasser ?
Afficher en entierIl posa son fusil sur le sol, le canon appuyé à la carriole, remplit la gourde d’eau et la lui rendit.
— Vous vous promenez partout avec ça ? interrogea Olivia tandis qu’il reprenait son fusil.
— Même pour aller pisser derrière un buisson, rétorqua-t-il d’une voix bourrue.
Olivia leva les yeux au ciel.
— Vraiment, monsieur Quinlan, je n’ai jamais rencontré quelqu’un qui mette un point d’honneur à se montrer grossier comme vous le faites. Vos mauvaises manières me dépassent. Et, s’il vous plaît, ne prenez pas l’Afrique comme excuse. Ce serait inacceptable.
Afficher en entierElle reprenait avidement son souffle quand Quinn la rejoignit à grandes enjambées.
— Vous portez un corset ?
Scandalisée, Olivia en resta muette de saisissement. Elle se tenait là, se risquant à peine à le regarder; la brise légère s’engouffra dans sa jupe qui s’enroula autour de ses jambes. Plus elle tardait à lui répondre, plus la moutarde lui montait au nez. Comment osait-il lui poser une question aussi personnelle ?
Quinn attendait sans ciller. Il n’était visiblement pas habitué à ce qu’on lui résiste. Olivia brûlait de lui rappeler qu’elle était majeure et vaccinée, mais sa hardiesse n’allait pas jusque-là.
— Enlevez-moi ce fichu machin ! ordonna-t-il avec un reniflement de mépris.
— Il n’en est pas question !
— Vous allez vous évanouir, reprit-il. Si cela arrive, c’est moi qui vous l’enlèverai !
Ce n’était pas une menace mais une promesse. Elle savait qu’il avait raison, mais cela l’humiliait de l’admettre. A la pensée de ses mains sur son corps tandis qu’il lui retirait ses vêtements, une nouvelle émotion l’embrasa. Elle rougit et sa méfiance faiblit.
Afficher en entierUne demi-heure plus tard, elle referma son livre. C’est alors qu’elle le vit.
Quelle que fût cette chose, elle se tenait au beau milieu de la pièce.
C’était une petite boule de fourrure, un croisement de rongeur et d’écureuil au poil brun fauve et à la queue fournie. Quand ses petites oreilles pointues se dressèrent et qu’il cligna des yeux, Olivia poussa un cri strident.
Debout au milieu de son lit, elle criait à s’en percer les tympans lorsque Quinn fit irruption dans la pièce. Elle indiqua du doigt l’endroit faiblement éclairé où le rat de brousse s’était réfugié. Quinn entraperçut l’énorme rongeur qui s’était blotti dans un coin.
Afficher en entier— Sur la bouche, murmura Quinn, devinant qu’elle s’apprêtait à déposer un chaste baiser sur sa joue avant de battre en retraite.
Olivia se raidit légèrement, mais ne s’interrompit pas. Les yeux grands ouverts, elle posa doucement ses lèvres sur les siennes. Elles n’y demeurèrent qu’une seconde, mais cela lui parut une éternité. Une éternité durant laquelle elle perçut la tiédeur de son souffle, l’odeur du whisky et la douceur de sa bouche. Ce chaste baiser lui laissa un goût de trop peu. Choquée par sa propre audace, elle recula d’un pas, les bras collés le long du corps.
— Alors, était-ce si terrible ? s’enquit Quinn, en songeant qu’il avait reçu là le plus court baiser de sa vie.
Afficher en entierJolie, sans répondre aux canons de la beauté classique, elle n'était pas assez fortunée pour représenter un beau parti, mais elle avait l'esprit vif et elle brûlait de vivre pleinement sa vie.
C'était cette ardeur, ce désir indéfinissable d'aventures qui l'avait poussée à s'embarquer pour l'Afrique du Sud afin de réclamer son héritage. Elle sortit de la poche de sa jupe grise un présent de son oncle Benjamin. Ce petit lion en bois exotique était devenu le symbole de ses rêves. Elle serra le minuscule animal dans sa main et fixa l'horizon, le cœur gonflé d'espoir.
Peut-être ne rencontrerait-elle pas l'homme de sa vie en Afrique du Sud, mais du moins y découvrirait-elle l'aventure dont elle rêvait. D'une manière ou d'une autre, elle mettrait à profit sa liberté toute neuve.
Afficher en entierL'extraction des diamants avait causé la mort de quantité d'hommes, dont certains s'étaient noyés, emportés par les pluies d'orage torrentielles qui balayaient parfois la péninsule sans crier gare. Kimberley Hole était un lieu de défi et de malédiction ; on y trouvait la mort ou la gloire. Il était inutile de tenter de le décrire. Il fallait le voir pour comprendre.
Afficher en entierL'Afrique n'était pas faite pour les donzelles. Là-bas dans le grand Karoo, nom donné par les indigènes à cette étendue inhabitée qu'il fallait traverser pour atteindre Kimberley, se passaient des choses susceptibles de faire regretter à un homme courageux de ne pas être resté tranquillement chez lui.
Afficher en entierEn Afrique, les choses sont rarement telles qu'on les imagine. C'est un pays magnifique mais extrêmement rude.
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