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- Peut-être pourriez-vous faire le portrait de Beth? suggéra t-elle, pour meubler le silence qui s'était installé.
Léo était occupé à ranger son matériel. Il s'interrompit pour lui sourire.
- Ce serait avec grand plaisir, assura t-il, avant de jeter un coup d'œil en direction de la porte et de demander : Que s'est-il passé entre vous et milord, après notre départ, hier soir?
- Que voulez-vous dire?
- Je ne peux jamais m'empêcher d'observer les gens. Hier, votre mari vous aurait volontiers étranglée. Aujourd'hui, il avait désespérément envie de vous embrasser.
Claire sentit ses joues s'empourprer. Westcliffe avait-il été davantage affecté qu'il ne voulait bien le montrer par leur baiser? Elle se massa le cou, là où il l'avait caressée avec son pouce.
- Je suis sure que vous vous méprenez.
Léo lui sourit encore. Son visage était charmant, son sourire avenant. Claire comprenant pourquoi la duchesse s'en était entichée.
- Cette saison offrira une occasion à votre sœur de se trouver un mari. Qui sait? Peut-être en sera-t-il de même pour vous.
Afficher en entier— L'amour est une notion féminine. Les hommes, eux, n'ont que des pulsions. Les femmes aussi, à leur manière, puisqu'elles veulent que les hommes les désirent. Et elles appellent ça l'amour...
Afficher en entierIl avait prétendu qu'il ne voulait plus d'elle. Mais sa présence, ce soir, et la façon dont il lui caressait le pied semblaient indiquer le contraire.
— C'est très gentil à toi d'avoir consenti à ce que Beth et moi nous puissions rester pour la saison.
— A t'entendre, on croirait que je suis un tyran.
Claire s'autorisa à sourire.
— Je t'ai toujours plus ou moins considéré comme tel. La plupart du temps, je m'inspire de toi pour mes méchants.
Il haussa un sourcil.
— Tes méchants ?
— J'écris des histoires. Pour m'amuser.
Elle rit pour se moquer d'elle-même, maudissant le vin de lui avoir délié la langue.
— Tu kidnappes l'héroïne pour l'enfermer dans ton château. Mais comme elle n'est pas très intelligente, elle finit presque toujours par tomber amoureuse de toi.
— J'ai l'impression que cela ressemble plus à une insulte qu'à un compliment.
Afficher en entierSpoiler(cliquez pour révéler)— Elle a l'air très jeune. Quel âge a-t-elle ?
— Elle aura dix-huit ans en novembre.
— Elle est donc beaucoup plus âgée que toi à l'époque de ton mariage.
Il semblait sincèrement stupéfait.
— Non, pas tant que cela. À peine six mois.
— Pourtant, tu paraissais si jeune, toi aussi ! Mais c'est peut-être parce que je l'étais encore moi-même.
— Et maintenant, nous sommes deux vieillards.
Afficher en entier— Quand Claire m'a fait visiter votre maison, j'ai remarqué que vous possédiez un piano, continua Beth. Pour vous remercier de votre gentillesse à mon égard, accepteriez-vous que je vous joue un morceau ce soir ?
Il était peu probable qu'elle bavarde pendant qu'elle jouait, songea Morgan, qui s'empressa de répondre :
— Avec grand plaisir...
Morgan fut détrompé en moins de cinq minutes. Beth était capable de jouer du piano et de parler en même temps. En l'occurrence, elle s'était mis en tête de raconter l'histoire de chaque morceau qui se formait sous ses doigts.
— T'imaginais-tu qu'elle resterait silencieuse pendant qu'elle jouerait ? murmura Claire, alors qu'il lui tendait un verre de brandy.
— J'avoue que cela m'avait effleuré l'esprit.
Elle sourit avec un amusement manifeste, et Morgan en fut tout troublé. Il avait toujours aimé la voir sourire, mais il avait le sentiment que c'était le premier sourire sincère qu'elle lui offrait depuis son arrivée. Comme il ne savait pas comment y réagir, il serra son verre dans ses mains, au risque de le briser - mais il avait besoin de quelque chose à quoi se raccrocher. Le regard de Claire était presque tendre, comme s'ils étaient deux amis partageant une complicité. Il éprouva soudain un désir irrépressible de s'emparer de ses lèvres et de...
Afficher en entierClaire avait souvent entendu parler de lui, au cours de ces trois ans, et toujours dans le même sens : il était devenu, disait-on, aussi glacial que le marbre. Elle n'y avait pas prêté plus attention que cela, mais tout à coup, elle éprouvait un choc à l'idée que cette façade implacable était peut-être son œuvre.
Il marcha d'abord droit sur elle, puis il s'immobilisa une fraction de seconde avant de pivoter pour se diriger vers un guéridon où quelques carafes de spiritueux étaient joliment disposées. Claire se demanda ce qui serait arrivé s'il n'avait pas changé de trajectoire, mais elle se doutait bien qu'il ne l'aurait pas serrée dans ses bras pour l'embrasser.
Toutefois, elle savait qu'il n'aurait pas davantage levé la main sur elle pour la frapper. S'il s'était battu jusqu'au sang avec son frère, en revanche, il ne l'avait même pas giflée. Même lorsqu'il l'avait forcée à quitter la maison, il l'avait escortée d'une poigne ferme jusqu'à sa voiture sans jamais lui faire de mal. Et d'une certaine manière, l'indifférence glacée qu'il lui avait opposée à ce moment-là avait été plus difficile à supporter qu'un éclat.
Il se servit à boire, lui tournant ostensiblement le dos. Puis il y eut un silence et, enfin, il se décida à se retourner. En le voyant serrer dans sa main un verre rempli à ras bord, Claire devina qu'il aurait sans doute préféré refermer ses longs doigts autour de son joli cou.
— Tu n'es pas la bienvenue dans cette maison, lâcha-t-il, d'un ton savamment contrôlé. Nous avions conclu un arrangement, toi et moi. Retourne à la campagne, Claire.
— J'aimerais bien, mais j'ai fait une promesse qui m'oblige à séjourner quelque temps à Londres.
— Il ne t'a fallu que quelques heures pour rompre le serment de fidélité que tu m'avais juré devant l'autel. Tu peux bien rompre aussi cette promesse. Cela ne devrait pas t'être bien difficile.
Claire tressaillit sous la dureté de sa voix. Elle avait été naïve de croire que des semaines, des mois et même des années suffiraient à apaiser la colère qu'elle lui inspirait.
Elle fit quelques pas vers lui. Mais elle s'arrêta quand il plissa les yeux.
— Westcliffe, j'ai besoin que tu me pardonnes.
—Je t'ai déjà répondu dans quelles conditions tu obtiendras mon pardon.
— Quand je rôtirai en enfer ?
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