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Liste des extraits
— Mais ces gens qui voyagent avec leurs chariots, ce sont de bonnes gens qui emmènent leurs familles vers une vie meilleure. Méritent-ils de se faire dépouiller ?
Wind lui a sèchement répliqué en comanche des propos qu’il m’a traduits :
« Ils volent nos terres et massacrent nos frères bisons qu’ils laissent pourrir dans les plaines. Peu nous importe que ce soient de bonnes gens ou pas. Nous ne les avons pas invités. Nous ne leur avons pas offert nos terres. Nous n’avons pas dit à leur armée d’attaquer nos villages à l’aube en hiver, de détruire nos loges et de parquer les survivants dans leurs agences, sans le droit de sortir, sans assez à manger pour nos enfants, sans gibier à chasser. Qu’avons-nous fait pour mériter ça ? Tu as du sang comanche, tu pourrais t’en souvenir parfois ! »
Afficher en entierLily n’a pas très bonne réputation chez nous. On lui reproche d’avoir mis à la porte son bon à rien de mari et d’avoir du succès dans ses affaires. Il est peu de chose que les anciens apprécient moins qu’une femme de caractère, surtout lorsqu’elle défie leur autorité.
Afficher en entierEn sus de me référer à diverses sources historiques, je me permets d’insérer quelques commentaires de mon cru entre les extraits des différents journaux. Comme je suis moi-même indienne, cela ne porte pas à conséquence. Ce n’est pas le cas de J. W., qui risquerait d’être accusé d’appropriation culturelle, puisqu’il est blanc.
Afficher en entierQue la Douce Médecine te garde en bonne santé et que le vent du printemps te fasse toujours légère.
Afficher en entierEdward Bulwer-Lytton : « La plume est plus puissante que l’épée. » Sur le moment, j’avais trouvé l’image attachante, exaltante, mais je m’aperçois qu’elle contredit toute l’histoire de l’humanité. On ne tue personne avec sa plume.
Afficher en entierIl faut affronter le danger, tant pis si au fond de soi on tremble de trouille. Quand on ne défend pas son territoire, personne ne le fera à notre place.
Afficher en entierGertie leva les yeux, brandit le poing et donna de la voix :
— Les filles, vous allez me la dompter, cette tempête, comme un cheval sauvage !
Puis elle poussa un cri de guerre auquel la petite troupe répondit de même en s’enfonçant dans la nuit noire.
Afficher en entier"Ton peuple a massacré les bisons des plaines. Nous en étions réduits à manger nos chevaux et le boeuf que l'Etat expédiait dans les réserves. Bien souvent de la viande pourrie, d'ailleurs. C'est à cette époque que nous avons commencé à tomber malades, physiquement et mentalement. Nous avions coexisté avec les bisons pendant un millénaire. Nous dépendions d'eux pour tout, c'était un véritable mode de vie. Nous les considérions comme nos frères. Pas simplement des frères : nos frères. Ils faisaient partie de la famille. Je parie que tu n'as jamais regardé un bison en face. Ils ne sont pas inexpressifs, comme vos vaches. Ils ont un oeil intelligent, presque sage, avec quelque chose d'humain."
Afficher en entierLes disparues
Sur 5712 femmes et filles indigènes portées disparues en 2016, selon le Centre d'informations criminelles des Etats-Unis, seulement 116 ont été enregistrées dans le fichier des personnes disparues du Département de la Justice.
506 : le nombre de femmes et filles indigènes disparues ou assassinées dans 71 villes américaines en 2016, d'après un rapport de l'Urban Indian Health Institute.
1 sur 3 : selon le Département de la Justice, la proportion d'Amérindiennes victimes d'un viol ou d'une tentative de viol, ou d'une tentative de viol, soit plus du double de la moyenne nationale.
84 % : le nombre de femmes indigènes qui ont subi des violences physiques, sexuelles ou psychologiques au cours de leur vie, selon le National Institute of Justice.
Afficher en entierLes jours se fondent les uns dans les autres - des semaines, peut-être, se sont écoulées. Impossible à évaluer car je n'ai plus la notion du temps. Je dors, je me réveille, j'écris quelques mots, je me rendors. Wind me donne à manger, masse mes jambes inertes, nettoie mes saletés. Chaque matin, qu'il pleuve, vente ou neige, elle descend au ruisseau, perce un trou dans la glace et rapporte de l'eau fraîche dans son outre. Elle me lave, me débarrasse de l'urine et des fèces que mon corps inutile a répandues pendant la nuit. Je me dégoûte.
Et puis un matin, au réveil, alors qu'elle me massait encore, je me suis aperçue que je sentais ses mains sur mes mollets, ses doigts qui malaxaient mes muscles atrophiés. Quand je l'ai regardée, elle a hoché la tête avec un imperceptible sourire. Une vague de soulagement m'a submergée et je fus accablée de honte en repensant à la façon dont je l'avais traitée. Je me suis mise à brailler comme une fillette, tant mes jérémiades me paraissaient navrantes, pitoyables.
- Pardon, pardon, ai-je bafouillé. Je t'en supplie, voudras-tu me pardonner, Wind ?
Je ne le méritais pas.
- Tu n'es pas encore capable de marcher, a-t-elle lâché. Tes muscles n'en ont pas la force et, si tu brusques les choses, tu risques de te blesser à nouveau. Sois patiente, Mesoke, nous verrons quand tu seras prête à recommencer.
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