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J'ai passé ma vie entière à t'attendre, Marianne. Et je ne le savais même pas avant ton arrivée. Mes brûlures ont été la meilleure chose qui me soit arrivée parce que c'est grâce à elles que tu es apparue. Je voulais mourir, mais tu m'as comblé de tant d'amour que j'en ai été submergé et que je n'ai pu m'empêcher de t'aimer en retour. C'est arrivé avant même que je m'en aperçoive, et maintenant, je ne peux plus imaginer de ne pas t'aimer. Tu m'as dit qu'il m'en fallait beaucoup pour me pousser à croire, mais je crois maintenant. Je crois en ton amour pour moi. Je crois en mon amour pour toi. Je crois que chacun des battements à venir de mon cœur t'appartient, et je crois que lorsque je quitterai enfin ce monde, mon dernier souffle emportera ton nom. Je crois que mon dernier mot - Marianne - sera tout ce qu'il me faudra pour savoir que ma vie a été bonne, pleine et digne, et je crois que notre amour durera toujours.
Afficher en entierPuis la petite Thérèse s'est approchée de moi. Cela représentait un effort considérable et douloureux pour elle, et, à chaque respiration, j'entendais ses poumons crépiter. Le temps qu'elle arrive près de moi, elle était épuisée. Elle s'est hissée sur le lit et elle m'a pris la main. Pas ma main droite intacte mais la gauche, complètement ravagée avec son doigt et demi manquant, et elle l'a tenue comme si elle était parfaitement normale. Cela me faisait tellement mal qu'elle me touche, même si je lui étais reconnaissant de me toucher, que je l'ai suppliée de s'en aller.
- Non, a-t-elle répondu.
Ma poitrine se soulevait toujours involontairement.
- Tu ne vois donc pas ce que je suis ?
- Si, a-t-elle assuré. Tu es exactement comme moi.
Ses grands yeux bleus, radieux dans la souffrance, n'ont pas quitté mon visage abîmé.
- Va-t'en, ai-je ordonné.
Elle a dit qu'elle avait besoin de se reposer un peu avant de retourner dans son propre lit, et elle a ajouté :
- Tu es beau au regard de Dieu, tu sais.
Ses yeux se sont fermés, et j'ai observé son visage pendant que l'épuisement la poussait vers le sommeil. Puis mes propres yeux se sont fermés, momentanément.
Les infirmières n'ont pas tardé à me réveiller. Thérèse était toujours sur mon lit, sa main toujours dans la mienne, et elle ne respirait plus.
Ca ne prend qu'un instant.
Afficher en entierMorceau par morceau, je partais en déchets médicaux. Qui sait, peut-être qu'un jour, à force d'en retirer, les chirurgiens me réduiront à un néant complet.
Afficher en entierLes accidents, comme l'amour, frappent ceux qui s'y attendent le moins, souvent avec violence.
C'était vendredi saint, et les étoiles commençaient seulement à se dissoudre dans l'aube. Tout en conduisant, par habitude, je frottais la cicatrice sur ma poitrine. J'avais les yeux fatigués et la vue brouillée, ce qui n'était pas étonnant vu que j'avais passé la nuit penché sur un miroir, à aspirer les barreaux de poudre blanche qui emprisonnaient mon visage dans le verre. Je croyais aiguiser mes réflexes. J'avais tort.
Afficher en entierOn dit toujours qu'à vingt ans on a le visage que Dieu vous a donné, et qu'à quarante on a celui qu'on mérite. Mais si l'âme et le visage sont si étroitement entrelacés que le visage finit par refléter l'âme, il serait logique que l'inverse soit également possible.
Afficher en entier"Les accidents, comme l'amour, frappent ceux qui s'y attendent le moins, souvent avec violence"
Afficher en entierSes doigts se sont attardés avec douceur sur mes ravages. Ils ont franchi mon torse en direction de mon cou, s'arrêtant aux épaules pour en suivre les courbes.
- Ca fait quoi de porter la peau de quelqu'un d'autre ?
- Je n'ai pas vraiment de réponse, ai-je avoué. Ca fait mal.
- Est-ce que leurs histoires te reviennent ? Peux-tu éprouver l'amour qu'ils ont éprouvé ?
Il était parfois difficile de savoir si Marianne Engel attendait réellement une réponse ou si elle se contentait de me faire marcher.
- Vous parlez sérieusement ?
- Ca me fait penser à nous, a-t-elle continué. Ca me donne envie de me coudre à toi comme une seconde peau.
Afficher en entierTout brûle si la flamme est assez forte. Le monde n’est qu’un creuset.
Afficher en entierJ'ai été placé dans un foyer qui s'appelait La Maison de la Deuxième Chance, et d'un coup, je me suis demandé quand on avait bien pu me donner la première.
Afficher en entierLe paradis est une idée conçue par l'homme pour l'aider à accepter le fait que la vie sur terre est à la fois cruellement courte et, paradoxalement, beaucoup trop longue.
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