Extraits

Sasha lui montra son majeur tendu et, agacée par le pétillement de gaieté qui dansait dans ses yeux et le sourire ironique qui se dessinait sur sa bouche, plaqua le papier des instructions sur sa poitrine d’airain. Le compliment à double sens semblait déplacé par rapport à leurs chamailleries habituelles plutôt fraternelles. En passant près de lui, elle se retint de lui arracher une pleine poignée de cheveux, mais l’idée ne semblait pas si bonne.

« C’est un complot, ajouta Sasha en ignorant les plaisanteries de Woods et Fisher qui avaient déniché d’autres bières dans réfrigérateur. Il n’y a pas de clef Allen et ils ont mis au moins quinze types de vis différentes qui ont toutes la même allure, juste pour vous enquiquiner, j’te jure !

Sasha ferma les yeux et se frappa le front pendant que Woods transformait l’énorme boîte en frisbee qu’il lançait à Rod. « C’est Pise ! Hé ! fais attention au tapis !

Ses yeux d’un vert saisissant et ses cheveux roux trahissaient ses ancêtres irlandais. Il n’était pas beau à proprement parler, mais il exsudait de tous ses pores et en toute occasion un sex-appeal de tous les diables – pas forcément délibéré d’ailleurs.

Elle fut sur lui en un éclair et tenta de le bousculer par-derrière tandis qu'elle se sentait soudain envahie d'une gaieté incongrue. Il esquiva, puis sauta sur le lit. Brusquement, ils se retrouvaient en train de rire, de se pincer et de se bousculer, dans un jeu où le chasseur devenait tour à tour proie, puis chasseur encore.

Elle le poursuivait, il lui échappait, puis elle se mettait à fuir pour redevenir chasseresse à son tour.

MAUVAIS SANG accroupie jusqu’à ce que son visage soit en feu, elle s’empara des autres feuillets du mode d’emploi abandonnés sur le sol. « Laisse-moi voir ça, dit Rod en se rapprochant d’elle et en lui arrachant les feuillets froissés. C’est simple

Au lieu de laisser échapper la réplique cinglante qui lui venait à l’esprit, Sasha mordit dans la tranche de pizza et fit les gros yeux pour faire rire Fisher. En vérité, elle était parfaitement capable de monter le meuble toute seule et de transporter la fichue installation à travers toute la maison si nécessaire, mais le problème n’était pas là. Elle ne pouvait se départir d’un sentiment d’inquiétude et, avant qu’ils reçoivent leurs nouveaux ordres de mission, elle tenait à passer un peu de temps avec eux.

Fisher, grand et dégingandé, était d’une blondeur qui évoquait les blés des grandes plaines du Kentucky avec les yeux les plus bleus du monde. Parce qu’il avait deux ans de moins, elle le considérait comme le jeune frère qu’elle n’avait jamais eu, mais, au combat, il savait se montrer intraitable, d’autant qu’il se battait toujours pour gagner.

« C’est ouvert ! » hurla Sasha sans même lever la tête, les yeux fixés sur le mode d’emploi déconcertant qu’elle tenait dans la main et sur les pièces dispersées sur le plancher du salon. Elle savait que c’étaient les garçons ; le son mat de leurs pas et leurs bruyantes chamailleries incessantes les trahissaient.

Parce qu’il avait deux ans de moins, elle le considérait comme le jeune frère qu’elle n’avait jamais eu, mais, au combat, il savait se montrer intraitable, d’autant qu’il se battait toujours pour gagner.