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Nefer suivit le lieutenant à travers les couloirs de l’hôpital d’un pas si souple et si silencieux que Lisandru se retourna presque tous les dix pas pour s’assurer qu’il était bien toujours derrière lui. Malgré les années, il ne s’habituait pas à cette particularité.

Lorsque Lamarre entra dans la chambre, Nefer resta un instant sur le pas de la porte, attentif. Un regard circulaire de quelques secondes lui permit d’appréhender tous les détails de la pièce. Il bloqua sur Luc qui n’avait toujours pas bougé de sa chaise, le visage renfrogné. Il percevait nettement les battements réguliers de son cœur qui s’emballaient peu à peu en l’observant. Il sentait toute sa méfiance, mais également la manifestation de son intérêt dans sa posture et son regard trouble.

Nefer était dangereusement magnifique. Une sorte de mante orchidée offrant une apparente beauté inoffensive. Son corps harmonieux et musclé, ses traits délicats, sa peau délicieusement hâlée étaient un régal pour les yeux. Mais ce qu’il avait de plus remarquable, c’était ses longs cheveux bleu de minuit striés d’une mèche blanche. Cependant, derrière cette séduction absolue, se dissimulait un être terrifiant qui pouvait vous éliminer en un claquement de doigts.

Nefer ferma un instant ses yeux noirs soulignés de khôl, puis les rouvrit et les plongea dans ceux de Luc. Ce dernier était complètement tétanisé, comme envoûté par cet homme auquel il avait envie de se soumettre, sentiment vraiment inattendu chez lui. L’atmosphère de la chambre se chargea aussitôt de quelque chose d’indéfinissable, de lourd.

Lisandru les examina l’un après l’autre. Leurs regards semblaient soudés. Il lui fallut un moment pour reconnaître une certaine tension sexuelle entre ces deux-là ! Il s’était préparé à tout mais pas à cela, et ses amis non plus si l’on en croyait l’incrédulité sur le visage de Luc et la vague lueur d’incertitude qui troubla le regard sombre de Nefer.

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» – Mais non, idiot, à cause de toi. Elle me manque bien sûr, et même salement, mais c’est ton absence qui laisse mon coeur démuni. Je déteste cette sensation celle de mes bras ne se refermant sur rien alors qu’ils devraient enlacer ton corps. »

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Il avait préparé ses bagages, et lui, au lieu d’essayer de s’expliquer, de le convaincre, avait seulement attendu qu’il se calme, sous-estimant sa colère et sa rancœur. Mais cette fois la tempête n’était pas passagère, elle menaçait d’engloutir le frêle esquif sur lequel ils naviguaient dans une mer déchaînée.

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Il n’était pas joyeux, ça non, bien sûr que non, mais il se sentait serein. La nuit lui avait apporté la perspective d’une vie différente, meilleure espérait-il. Comme si le gris de son existence allait se dissiper pour laisser place à la même lumière radieuse qu’il avait vue dans son rêve et qui, dorénavant, réchaufferait son âme engourdie par le froid depuis bien trop longtemps.

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Il y avait juste une étrange luminosité au coin du bâtiment, comme l’empreinte d’une énergie électrique, et il aurait pu jurer qu’elle avait la forme d’une paire d’ailes. Il se frotta les yeux et, en quelques secondes, il n’y avait plus rien que le ciel gris de Paris troué par un rayon de soleil opiniâtre.

— Non. Absolument non !

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Finalement, il ne lui manquait pas grand-chose. Sauf peut-être l’amour. Celui avec un grand A. Mais existait-il seulement ? Existait-il vraiment sur cette foutue planète un homme qui lui était destiné ? Et le rencontrerait-il ? C’est grand le monde ! Rien ne lui certifiait que cet homme ne vivait pas cul nu dans une tribu du fin fond de l’Amazonie où lui ne mettrait jamais les pieds.

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Et bien que n’étant pas d’un caractère peureux, il commençait à trouver cela vraiment flippant. Pas seulement parce que quelqu’un pouvait lui vouloir du mal, mais parce qu’il doutait de sa santé mentale, ce qui était à ses yeux beaucoup plus grave. Un ennemi on s’en défaisait en l’attaquant, mais contre la folie, on ne gagnait jamais.

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" Luc était incroyable. Il était déjà retombé sur ses pattes. Un vrai chat, avec neuf vies en plus apparemment. Un côté chat de gouttière aussi, mais on ne pouvait pas avoir que des qualités. "

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" Luc avait l’impression de se perdre dans cet être que le destin mettait en sa présence. Comme on se laisse couler dans une eau glacée qui pourtant vous brûle."

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" La nouvelle mode qui était aux vampires sympathiques et romantiques faisait d’eux dans ce nouvel imaginaire collectif des buveurs de sang animal ou synthétique, mais la réalité était tout autre. Ils vivaient bien de sang humain. Ils en ingéraient parfois jusqu’à la dernière goutte, même si cela s’avérait rare. Était-ce mal ? Ils n’en avaient cure. Le choix était un luxe qu’on ne leur avait pas offert. Qui serait assez fou pour préférer se dessécher lentement jusqu’à ressembler à une momie dépouillée du salut de la mort ? "

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