Les Aventures d'Emivia : Episode 1 : La voix de la connaissance

Ari amena Emivia dans ses quartiers, ils prirent donc le long couloir réservé aux officiers. Ils avancèrent presque jusqu’au bout quand Ari s’arrêta devant l’une des portes afin de l’ouvrir à l’aide d’un code digital. Il entra le premier et l’invita à entrer ensuite d’un signe de la main tout en tenant la porte, qu’il prit soin de refermer une fois qu’elle fut à l’intérieur. Devant elle se trouvait une grande chambre composée de trois pièces, un salon meublé d’un vaisselier de bois ancien, d’une bibliothèque remplie de livres divers, d’un canapé d’angle de couleur noire avec devant celui-ci une belle table basse en bois ornée de gravures tribales peintes à la main, d’un mini bar et d’un petit réfrigérateur. La porte du fond donnait sur la chambre dans laquelle elle put voir un grand lit en baldaquin recouvert d’un drap de soie bleue, une penderie de bois, une petite table de nuit sur laquelle étaient posés un réveil et une petite lampe de porcelaine. Quant à la troisième pièce, il s’agissait de la salle de bain, composée d’une toilette, d’une baignoire et d’un lavabo en fonte, ainsi qu’un beau miroir aux contours argentés ornés de diamants. Ari se dirigea vers le vaisselier, sortit deux verres qu’il posa sur le bar. Il se tourna vers Emivia. - Tu veux boire quelque chose ? - Non merci, c’est gentil – Répondit-elle avec calme tout en scrutant minutieusement autour d’elle. - Je vais être direct… – Commença-t-il par dire d’une voix tranquille tout en se servant un verre de bourbon – J’attends de toi que tu me montres ce dont tu es capable. Je suis certain que tu n’as pas vraiment tout dit… Mais tu as parlé de la capacité de ton chat à se transformer et j’aimerai voir cela. Il se tourna, la fixa un instant puis se dirigea vers le canapé. - Je… heu… - Emi, ce n’est pas comme si je te laissais le choix… Et puis on est seul, tu n’as rien à craindre de moi. Il lui afficha un sourire en s’asseyant en face d’elle.

- Très bien… – Conclut-elle en attrapant son félin avec tendresse sous son t-shirt. – Je te présente mon chat, Poupi. Elle posa le petit animal au sol, celui-ci miaula en la regardant fixement. - Maîtresse ? Que se passe-t-il ? - Il veut voir ce dont tu es capable… - Mais… heu… Tu es sûre que c’est une bonne idée ? - Ne t’inquiète pas mon minou, tout ira bien. Elle s’agenouilla pour le caresser doucement et il se mit à ronronner. Ari regardait la scène, surpris et émerveillé à la fois. Elle parlait à son chat, ils se comprenaient. Le don lié aux animaux était un pouvoir unique, très peu le possédaient et il s’avérerait très utile par la suite. De plus, elle avait le don de guérison, il la sentait exceptionnelle mais ne s’imaginait pas encore à quel point. Emivia se releva et regarda Ari dans les yeux. Elle vit dans son regard l’émerveillement, l’impatience et la surprise qu’avait suscitée sa discussion avec Poupi. - Minou, transforme-toi ! - Bien maîtresse. Le petit chat devint en un instant un magnifique tigre. Il avait des griffes affûtées comme des couteaux, des dents aiguisées tel des rasoirs. Il était d’une beauté incomparable. Son pelage était d’un blanc étincelant aussi pur que la neige venant de recouvrir une montagne. Ses yeux couleur lavande ressortait énormément et laissait entrevoir sa force de caractère et son affection pour sa maîtresse. Son imposante carrure forçait le respect. Elle pouvait d’ailleurs facilement le monter quand l’envie d’une balade la prenait soudainement. Ari resta abasourdit devant un tel spectacle. Comment pouvait-on imaginer qu’un chat tenant dans la main d’une femme pouvait-il devenir un tigre aussi robuste ? Ses yeux brillaient face à ce spectacle extraordinaire. Son regard ne pouvait se détacher de cet animal hors du commun. Poupi reprit alors à sa taille normale. - Fabuleux ! Extraordinaire ! Cela mérite bien une augmentation ! – Finit-il par dire après quelques secondes. - Quoi ? Non, je ne veux pas de grade particulier ! - Je te nomme Sergent ! Tu fais à présent parti de mes sous-officiers, félicitation ! - Je ne mérite pas cette reconnaissance! - Pourquoi crois-tu avoir une chambre seule ? Je savais pertinemment que tu avais un don, j’attendais simplement que tu m’en parles… - Hein ? Comment pouvais-tu le savoir ? – Rétorqua-t-elle stupéfaite. - Comme je te l’ai déjà dit, je l’ai ressenti. Les ‘sorciers’ que nous sommes, pouvons, en nous concentrant suffisamment, entrevoir si une personne a un don ou non… - Tu as donc lu en moi ? - Non, tu n’as jamais rien ressenti à côté d’un sorcier ? À côté de moi ? - Heu… je ne pense pas. - Jamais une petite ’attirance’ ? Son regard était devenu trop soutenu pour Emivia et cette question la perturba. Elle dut détourner son regard du sien et se sentit rougir. - C’est bien de cela que je parle – Reprit-il en souriant – Cette attirance, ce sentiment, n’est autre que ta façon à toi de repérer, si je puis dire, les sorciers comme toi. - Oh, mais… Comment peux tu en être aussi certain ? - Parce que j’ai eu le même sentiment que toi pour tous les sorciers que j’ai rencontré à ce jour. J’ai lu énormément de livres concernant nos dons – Il désigna alors la bibliothèque – Si tu le désires, je peux te prêter certains de ces livres. - Ce serait avec plaisir. - Alors ne te gène surtout pas, prend tout ce qui te plaira. - Merci Ari, pour tout… Il se leva, se dirigea vers le bar et posa son verre vide. Il se retourna pour regarder Poupi à nouveau. Il n’en revenait toujours pas. - Prend bien soin de ta maîtresse, je compte sur toi ! Poupi lui adressa un miaulement doux suivit d’un ronronnement. - Il te dit qu’il fera de son mieux – Traduisit Emivia en lui esquissant un léger sourire. - Bien, prend les livres qui te semble intéressants et retourne à ton poste, sinon cela va finir par paraître suspect – Ajouta-t-il en plaisantant – Je ne voudrai pas qu’on croit que toi et moi… Emivia rigola avant même qu’il ne finisse sa phrase. Il avait un regard pétillant de malice et ne put s’empêcher de rire avec elle. - Je pars de suite dans ce cas – Finit-elle par dire. Elle s’approcha de la bibliothèque, attrapa deux livres, remit Poupi sous son t-shirt et sortit de la chambre. Elle longea le long couloir des officiers puis celui où se trouvait sa chambre. Elle y entra, déposa les manuscrits sur son lit et pris la direction du sas qu’elle franchit pour rejoindre son poste. Martii et Dédé la regardaient se rapprocher et ne purent s’empêcher de sourire, soulagés de la voir enfin revenir. Elle dût longer le grand vaisseau de presque toute sa longueur, prenant soin de rester à l’ombre. La chaleur était étouffante. Le soleil était à son apogée, pas une petite brise pour les rafraîchir. Vénus était une planète aride, désertique, faite de sable sur presque toute sa surface. Seules une dizaine d’oasis peuplaient la planète dans lesquelles avaient été implantés de petits villages. Les maisons étaient faites de sables bétonnés et de bois. Des palmiers et des dattiers arboraient les contours de chaque petit lac, créant ainsi de petites parties ombragées. De petits élevages bovins avaient fait leurs apparitions assez rapidement. Des chameaux et dromadaires vivaient à l’état sauvage. Se balader seul et non armé sur cette planète était dangereux, elle était peuplée de troupes de lions, de hyènes, mais aussi de troupeaux d’éléphants, de lamas et d’antilopes, une faune plutôt abondante malgré un climat peu avantageux pour la flore. Cette planète était l’une des rares à n’avoir que deux saisons, la période des pluies et l’été. La saison des pluies ne durait qu’environ cinq mois. Une averse chaude et abondante tombait en moyenne une semaine sans arrêt, jour et nuit. S’ensuivait deux ou trois jours de beau temps où les habitants plantaient leurs légumes pour laisser ensuite place à une nouvelle averse. Il régnait une humidité constante pendant toute cette période propice aux maladies et infections en tout genre. Le reste de l’année subissait donc les chaleurs insoutenables de l’été. La température montait jusqu’à quarante cinq degrés quand sonnait les midis. Les habitants se protégeaient la tête à l’aide de foulards, ne laissant dépasser que leurs yeux. Beaucoup avait adopté la vie nocturne. Les nuits étaient étrangement bien plus fraîches mais ne descendaient pas en dessous des vingt cinq degrés. Il faisait bon se promener à la tombée de la nuit.