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« (…) je n’oublierai jamais la joie extatique qui pénétra chaque partie de mon être quand j’aperçus un grand brick qui arrivait sur nous (…). La manière maladroite dont il gouvernait fut remarquée par nous tous (…) Nous n’aperçûmes personne à son bord jusqu’à ce qu’il fût arrivé à un quart de miles de nous. Alors nous vîmes trois hommes, qu’à leur costume nous prîmes pour des Hollandais. Deux d’entre eux étaient couchés sur de vieilles voiles près du gaillard d’avant, et le troisième, qui semblait nous regarder avec curiosité, était à l’avant (…). Il semblait, par ses gestes, nous encourager à prendre patience, nous saluant joyeusement de la tête, mais d’une manière qui ne laissait pas que d’être bizarre, et souriant constamment, comme pour déployer une rangée de dents blanches très brillantes.(…) Soudainement, du mystérieux navire, qui était maintenant tout proche de nous, nous arrivèrent, portées sur l’océan, une odeur, une puanteur telles, qu’il n’y a pas dans le monde de mots pour l’exprimer (…) Oublierai-je jamais la triple horreur de ce spectacle ? Vingt-cinq ou trente corps humains, parmi lesquels quelques femmes, gisaient disséminés çà et là, entre l’arrière et la cuisine, dans le dernier et le plus dégoutant état de putréfaction ! Nous vîmes clairement qu’il n’y avait pas une âme vivante sur ce bateau maudit ! (…) Quand la mouette le débarrassa de son poids, il chancela, tourna et tomba à moitié, de sorte que nous pûmes voir son visage en plein. Non, jamais spectacle ne fut plus plein d’effroi ! Les yeux n’existaient plus, et toutes les chairs de la bouche rongées laissaient voir les dents entièrement à nu. Tel était donc ce sourire qui avait encouragé notre espérance ! »
Afficher en entier« Nous ne pouvions rien faire pour diminuer ses souffrances, qui semblaient horribles. Vers midi, il expira dans de violentes convulsions (…). Sa mort nous pénétra des plus mélancoliques pressentiments (…) Ce ne fut qu’après la tombée de la nuit que nous eûmes le courage de nous lever et de jeter le cadavre par-dessus bord. Il était alors hideux au-delà de toute expression, et dans un tel état de décomposition, que Peters ayant essayé de le soulever, une jambe entière lui resta dans la main. Quand cette masse putréfiée glissa dans la mer par-dessus le mur du navire, nous découvrimes, à la clarté phosphorique dont elle était pour ainsi dire enveloppée, sept ou huit requins, dont les affreuses dents rendirent (…) un craquement sinistre (…).
Afficher en entierMon nom est Arthur Gordon Pym. Mon père était un respectable commerçant dans les fournitures de la marine, à Nantucket, où je suis né. Mon aïeul maternel était attorney, avec une belle clientèle. Il avait de la chance en toutes choses, et il fit plusieurs spéculations très heureuses sur les fonds de l'Edgarton New Bank, lors de sa création. Par ces moyens et par d'autres, il réussit à se faire une fortune assez passable. Il avait plus d'affection pour moi, je crois, que pour toute autre personne au monde, et j'avais lieu d'espérer la plus grosse part de cette fortune à sa mort. Il m'envoya, à l'âge de six ans, à l'école du vieux M. Ricketts, brave gentleman qui n'avait qu'un bras, et des manières assez excentriques;-il est bien connu de presque toutes les personnes qui ont visité New Bedford. Je restai à son école jusqu'à l'âge de seize ans, et je la quittai alors pour l'académie de M. E. Ronald, sur la montagne. Là, je me liai intimement avec le fils de M. Barnard, capitaine de navire, qui voyageait ordinairement
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