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" Je n'eu pas le temps d'aller jusqu'au bout. Au troisième mot, il fit un pas en avant, enroula ses bras autour de moi. Sa bouche se posa sur la mienne avec toute la force dont le tranchant de sa main avait fait preuve sur ma tête, et avec exactement le même effet sur mes genoux,

Comment pouvait-il savoir? Comment pouvait-il connaître mon corps mieux que moi? Comment pouvait-il prévoir que l'ongle d'un pouce remontant le long de ma colonne vertébrale...

- Seigneur, dit-il en embrassant mes cheveux, j'aie envie de faire ça depuis que j'ai posé les yeux sur vous pour la première fois.

...arquerait mon corps contre le sien, fermerait mes yeux, bloquerait ma respiration dans ma gorge? Que ses lèvres à l'intérieur de mon poignet ou au creux de ma joue bouleverseraient tout mon être...

- Holmes, bjectais-je en reprenant mon souffle, quand vous m'avez vue pour la première fois, vous m'avez prise pour un garçon.

... que sa bouche au coin de la mienne serait si cruellement tentante, qu'elle m'enflammerait au point...

- Ne croyez pas que cela ne m'ait pas plongé quelques minutes dans la consternation la plus profonde, avoua-t-il.

... qu'un seul baiser déclencherait en moi le désir irrésistible d'en recevoir d'autres ?

Quand il s'écarta de moi, il laissa, heureusement, ses mains sur mes épaules.

- Mesurez-vous à quel point tout cela est catastrophiques ? Je suis vieux, acariâtre, maniaque. Je vous donnerai peu d'affection et vous causerai beaucoup d'exaspération.Vous savez déjà combien je peux être insupportable.

- Vous fumez un tabac infâme, vous disparaissez dans les bas-fonds pendant des jours. Ne parlons pas de vos répugnantes expériences chimiques... Holmes, s'agit-il d'une demande en mariage ?

- Vous faut-il une sollicitation dans les règles ? Voulez-vous que je mette un genou en terre ? Je le ferai si vous le souhaitez, même si mes rhumatismes viennent de se rappeler à mon bon souvenir.

- Ils vous perturbent lorsque cela vous convient, Holmes. De toute façon, si vous me proposez de m'épouser, autant rester calé sur vos pieds. Très bien, j'accepte; à la condition expresse que vous ne cherchiez plus à m'épargner un danger en me donnant un coup sur la tête ou en employant la ruse. Je n'épouserai pas un homme donf je devrai me méfier chaque fois qu'il marchera derrière moi.

- Russell, je vous fais le serment d'essayer de contrôler mes impulsions chevaleresques. De votre côté, vous devrez accepter qu'il puisse y avoir des moments, uniquement à cause de ma plus grande expérience, je m'empresse de le préciser, où je serai forcé de vous intimer un ordre sans réplique.

- Si vous le donnez à votre assistante et non à votre épouse, j'obéirai.

Ces négociations sur les clauses de notre contrat de mariage étant terminées, nous nous regardâmes droit dans les yeux. Et nous nous serrâmes vigoureusement la main. "

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" Je tentai de réagir par de la gymnastique mentale. Je récitai des vers, me concentrai sur des subtilités grammaticales, des exercices de mathématiques et de logique. Cele ne dura pas plus de deux jours. Lassée, je dus inventer autre chose. Mes souvenirs revinrent en foule, et en désordre. Je me remémorai dans le détail mon premier dîner avec Margery, la robe qu'elle portait ce soir-là. Je savourai le vin au goût de miel que Holmes m'avait servi un jour de printemps, dans une autre vie. Je revis Watson décapitant ses œufs à la coque, Lestrade buvant sa bière, mon professeurs de maths m'offrant du thé. Enfin, je pensai à Holmes.

À Holmes, que j'aimais. Ce n'étais plus le moment de me voiler la face. Je l'aimais depuis le premier jour et je l'aimerais jusqu'à mon dernier souffle. "

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" Au cours des années suivantes, j'avais appris ses méthode sur le terrain, tout en poursuivant ma formation intellectuelle. Je m'étais ainsi forgé une personnalité double : théologienne et chimiste à mes heures d'un côté, détective de l'autre. En dépit de ces quelques heures, je n'avais pas encore dû choisir entre ces aspects de moi-même, qui cohabitaient dans une incompréhension mutuelle et bienveillante.

Et voilà que ce lit...

À l'occasion de nos enquêtes, Holmes et moi avions passé de nombreuses nuits côte à côte. Il avait couché dans ma chambre, moi dans la sienne. Et nous avions plusieurs fois dormi dans le même lit, ou ce qui en tenait lieu, sans la moindre gêne. Deux ans plus tôt, au début et à la fin d'une affaire particulièrement terrifiante, nous avions esquissé un pas timide l'un vers l'autre. Aussitôt, nous avions tacitement décidé de ne pas aller plus loin. Nous étions des amis intimes, mais sans la moindre intimité physique.

Je dois avouer que je n'étais plus tout à fait ignorante, à l'époque, de l'agrément que procurent les réactions du corps.

[...]

Toutefois, jusqu'à la nuit du hansom, je n'avais jamais établi de lien entre cet agrément et Sherlock Holmes. J'avais envisagé un mariage avec lui, allant même, par jeu, jusqu'à le suggérer, mais avant d'être blessée par ses sarcasmes sur le lit conjugal, je n'avais jamais imaginé la question sous cet angle. À présent, les dignes s'étaient effondrées. Quand il avait surgi de l'ombre dans une rue pluvieuse, la réalité de sa présence physique m'avait frappée de plein fouet. Elle ne me quittait plus. "

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