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Sans doute finirait-elle par s'y habituer, mais en attendant, ce jeune homme en tenue d'Adam lui troublait quelque peu l'esprit. Le retour de Tempête s'accompagna d'un soulagement presque palpable.
Le loup s'ébroua légèrement et trottina vers la porte.
- Pourquoi ...?
- Parce qu'il aime mettre la tête dehors quand on roule, expliqua Rose sans qu'elle ait besoin d'achever sa question. Il est tellement pénible en voiture !
- En tout cas, il a l'air pressé de partir.
- Nous n'aimons pas beaucoup la ville. Ça pue, précisa la jeune fille avec une grimace. Merci encore, mademoiselle Nelson. À vendredi.
Afficher en entierChapitre 1
Suspendu au-dessus de l’horizon, le disque lunaire baignait les champs d’une lumière argentée qui transformait la campagne familière en un mystérieux paysage d’ombres. Derrière chaque brin d’herbe roussi par l’été s’allongeait sa fine réplique noire. Un bruissement parcourut les buissons au pied de la clôture, puis le silence retomba tandis qu’une créature nocturne vaquait à ses occupations. Des moutons s’étaient rassemblés pour la nuit dans l’angle d’un pré, leurs toisons d’un blanc laiteux brillant dans la clarté nocturne. Sans la mastication rythmique des mâchoires, le frémissement d’une oreille ou le mouvement vif d’un agneau incapable de rester longtemps immobile, on aurait pu les confondre avec un amas de roches. Des roches qui s’animèrent brusquement quand plusieurs têtes se dressèrent, leurs museaux aristocratiques pointés là où soufflait le vent.
Bien qu’elles fassent montre d’une curiosité prudente, aucune inquiétude ne sembla s’emparer des bêtes lorsque la créature bondit par-dessus la barrière. Sombre et imposante, celle-ci s’arrêta le temps de marquer son territoire le long d’un piquet, s’approcha en trottinant, puis s’assit pour contempler le troupeau d’un air de propriétaire. Si sa silhouette, la forme de sa gueule et la teinte de son pelage évoquaient un loup, la largeur de son poitrail et la réaction du troupeau indiquaient plutôt qu’il s’agissait d’un chien.
Une fois sûre que tout était en ordre, la créature poursuivit son chemin, sa queue flottant derrière elle telle une bannière, son épaisse fourrure chatoyant sous les reflets de la lune. Dans une brusque accélération, elle sauta par-dessus un chardon, plus par jeu que par réelle nécessité, et traversa le pré en diagonale. Sans autre avertissement qu’un léger raclement, une sorte de petite toux dans le lointain, la gueule sombre et luisante de l’animal explosa dans un jaillissement d’os et de sang.
Afficher en entier— Le mois dernier, deux membres de notre famille ont été tués d'un coup de fusil.
Nous avons besoin de vous, mademoiselle Nelson, pour trouver celui qui a fait ça.
Des meurtres. Voilà qui s'annonçait beaucoup plus sérieux que prévu. Remontant ses lunettes, elle demanda d'une voix la plus douce possible :
— La police a-t-elle des pistes ?
— Ils ne sont pas vraiment au courant.
— Qu'entendez-vous par « pas vraiment au courant » ?
— Le mieux serait de lui montrer, Rose, intervint Henry.
Vicki tourna la tête pour le regarder, sa vision périphérique déficiente ne lui permettant pas de le voir du coin de l'œil. Son expression était en accord avec le ton de sa voix. Quoi que Rose dût lui montrer, c'était important. Avec une pointe d'appréhension, elle reporta les yeux sur la jeune fille.
Celle-ci se déchaussa et se leva. Après avoir brièvement reniflé ses chaussures,
Tempête se redressa à son tour. D'un mouvement preste, elle ôta sa robe bain de soleil, demeura nue un dixième de seconde, puis, là où s'étaient tenus une jeune fille aux cheveux argentés et un grand chien roux, apparurent un adolescent roux et un grand chien blanc.
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