Extraits

Il aurait donné n'importe quoi pour tenir une femme nue entre ses bras, partager quelques moment torrides avec elle, puis savourer un moment de paix, un verre de merlot à la main. Las après une journée de travail bien remplie, Nicholas se rappela qu'il devait encore se rendre à un cocktail chez le maire et rentra chez lui en soupirant.

Gail fut réveillée par les premiers rayons du soleil. Assise dans son lit, elle tendit l'oreille. Puis, elle se leva et se dirigea vers la chambre de Molly, dont la porte était entrouverte. En poussant la porte, elle découvrit Nicholas endormi dans le rocking-chair avec sa fille, sur son torse nu.

Elle en resta sans voix. Ils étaient tous deux si semblables, si beaux. Nicholas, malgré toute sa force, et Molly, avec toute sa fragilité, avaient tous deux besoin de la même chose : un peu de réconfort, de tolérance et de sécurité. Elle mourait d'envie de leur donner tout cela. Comment avait-elle pu s'attacher aussi rapidement ? C'était si simple de les aimer tous les deux.

Quelques jours plus tard, comme il était venu chercher de l'eau fraîche dans le réfrigérateur, Gail vint le rejoindre dans la cuisine. Après une journée de réunions destinées à résoudre des problèmes de production, il avait tous les muscles du cou complètement noués.

En voyant Gail sourire, toute sa tension s'évanouit.

Le lendemain soir, elle alla jouer avec son équipe. Elle eut du mal à se concentrer sur le jeu tant elle était préoccupée par sa vie de nounou. Jonathan, un vieux copain et coéquipier, la taquina à cause de sa distraction. Après la partie, ils allèrent tous ensemble prendre un pot dans un bar du quartier. Gail ne cessait de penser à Molly et à Nicholas, revoyait Molly rouge de colère, Nicholas découragé, exaspéré. Elle quitta ses camarades de bonne heure.

Gail survécut à cette nuit, bien qu'elle se sentît très mal à l'aise chaque fois qu'elle songeait que Nicholas Barone l'avait entendue chanter sous la douche, s'était senti obligé de la ramasser par terre et avait failli voir ses fesses nues. Bientôt, elle fut distraite de ses pensées par Molly. Malheureusement, l'un des trucs les plus efficaces qu'elle ait trouvé pour calmer l'enfant impliquait la participation de ses cheveux, auxquels la petite se cramponnait. Par conséquent, Molly restait dans ses bras pendant presque tout son temps d'éveil. Mais n'était-ce pas une période de formation des liens ? Cela lui passerait.

Deux jours avaient passé. Nicholas se laissa tomber sur son lit. Comme on repeignait sa chambre, il en occupait momentanément une autre. Depuis l'arrivée de Molly, il dormait mal. Le choc de cette paternité soudaine et tous les soucis qui allaient de pair le tenaient éveillé jusqu'à l'aube. Ce soir, après être allé vérifier que sa fille dormait profondément, il s'arrogeait enfin le droit de se détendre, et ce en partie parce que quelque chose lui disait que Molly se sentait bien et en sécurité avec Gail Fenton.

Adam, en effet, exerçait son influence sur plusieurs aspects de sa vie et, depuis la disparition de leur parents, Gail avait dû suivre ses conseils, jusqu'à ces derniers temps.

— Il m'a poussée à étudier l'informatique parce c'est une branche qui offre beaucoup de débouchés et que j'avais toujours eu des facilités dans ce domaine. Mais durant l'été qui a précédé l'année de mon diplôme, j'ai gardé des enfants et j'ai adoré ça. Mes études terminées, j'ai travaillé pour Manatee Computer Services. Lors des dernières compressions de personnel, j'ai saisi l'occasion de faire enfin quelque chose qui me plaisait vraiment : travailler avec les enfants.

Gail Fenton venait d'apercevoir une monstrueuse estafilade à ses collants et tira sur sa robe pour la cacher. Ses cheveux aussi avaient décidé de faire des leurs. Mais ses boucles rousses s'étaient-elles jamais laissées discipliner ? Pour décrocher cette place de nurse d'une petite fille d'un an, il n'était certes pas indispensable d'être tirée à quatre épingles. Néanmoins, se présenter comme une souillon à l'entretien d'embauche n'était pas un atout.

Gail se sentait très mal à l'aise dans l'élégant salon de la luxueuse demeure de Nicholas Barone. A fortiori, comment une petite fille d'un an pouvait-elle s'y sentir à son aise ?

Même à présent, deux ans plus tard, debout dans le noir, dans la chambre de sa fille, il sentait la colère monter en lui à ce souvenir avec une force intacte. Ses yeux se tournèrent vers la petite fille d'un an dont il ignorait encore l'existence dix jours auparavant. Juste après sa rupture avec lui, Danielle s'était trouvé un autre homme au compte en banque bien garni et avait apparemment essayé de faire croire à ce dernier que Molly était de lui.

C'était une beauté aux yeux bleus avec un corps à damner un saint. C'était aussi une femme sans cœur capable de détruire un homme.

Si Nicholas Barone avait été superstitieux, il en aurait conclu que la malédiction de la Saint-Valentin continuait de poursuivre sa famille. Car, deux ans auparavant, c'était un 14 février qu'il était venu, bague de fiançailles en poche, proposer le mariage à Danielle Smithson.