Extraits

La salle paraissait tourner autour de moi. J'étais au bord de l'évanouissement, à la limite ultime de mes capacités. J'aurais préféré demeurer plus longtemps encore en apnée et continuer à m'auto-asphyxier de façon à m'éviter de connaître la suite [...] Mais mes lèvres s'ouvrirent malgré moi et j'aspirais bruyamment une longue rasade d'oxygène.

Je m'étais moi-même condamné...

Et j'avais détruit la vie de la seule personne à détenir les réponses que je cherchais, la seule à pouvoir apporter en tant soit peu de sens, une infime touche de lumière à mon obscur quotidien...

La seule sans doute à compter vraiment.

J'avais besoin de m'évader de cette cage aux barreaux dorés et maculés de sang dans laquelle je vivais depuis si longtemps, de briser mes chaînes pour savourer cette existence simple et belle dans cet univers inconnu...

Parce que, à quoi pouvait bien rimer une telle vie si elle ne consistait qu'à prendre celles des autres ?

J'étais la mort incarnée. (...) J'avais un destin à accomplir, un cimetière à peupler, une terre à nourrir, c'était ainsi...

Sans que je m'en rende compte, je restai figée, happée malgré moi par l'intensité de son regard.

L'incommensurable noirceur qui s'y reflétait paraissait livrer une âpre bataille contre les éclats d'une douceur impossible.

Un antique labyrinthe désolé, l'irrésistible attrait d'un mystérieux ruisseau aux promesses de secrets révélés et ....

L'abattement et le désespoir se souciaient-ils de l'âge de leurs victimes ?

Enfin, un infime fragment de bonheur allait lui être offert dans cet océan d'affliction qu'était son quotidien.