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Mai 1945,
La trompette nasille. Les portes claquent. Le métro s'ébranle, en ferraillent, secouant la foule indifférente que se presse, morne, harassée. La guerre est finie. La page est tournée et l'enthousiasme a flambé, comme une botte de paille. Pour les Parisiens, il y a eu les folles journées de la Libération. Ensuite, plus assourdis, les échos des batailles d'Alsace, d'Allemagne. Et puis a vie a repris, comme avant ou presque. Les prisons ont changé de pensionnaires. Une minorité. Les autres ont recommencé à vivoter, préoccupés de survivre. Une nouvelle légalité s'est installée. Le marché noir demeure. Les uniformes kaki des alliés ont remplacé les tenues felgrau des occupants d'hier, mais, comme avant, personne ne les remarque plus. On les côtoie, dans l'indifférence. Comme ce colonel à cheveux gris, sanglé dans un uniforme d'avant guerre, whipcord beige, bottes Saumur, la poitrine barrée d'un baudrier de cuir, le képi à l'horizontale, sur des sourcils autoritaires, toisant, sévère, la foule des "pékins".
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