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Esther s'était réveillée le cœur léger et heureux en ce matin du 3 août 1962. Elle venait d'avoir vingt-trois ans et la vie était belle. Elle avait des projets et des idées plein la tête. À midi, toute la famille et les administrateurs de l'entreprise mangeraient ensemble sur la grande terrasse de la villa. C'était la coutume à la fin de chaque été, pour la réouverture de l'usine dont on arrêtait la production trois semaines en août. Elle comptait en profiter pour faire une annonce. Elle avait un grand projet dans lequel son père la suivrait, elle n'en doutait pas. Elle se réjouissait d'avance en songeant au regard fier qu'il poserait sur elle, comme une caresse, devant les autres. Il dirait sûrement, comme il se plaisait à répéter : « Ma fille est une grande chef d'entreprise. » Et il sourirait en la serrant dans ses bras massifs qu'elle aimait tant.
Afficher en entierDe fait, Bertrand et Esther avaient vécu ensemble pendant de longues années. Une grande complicité s'était construite entre eux et un amour sans bornes les liait. Bertrand se retrouvait en sa fille. Il se reconnaissait en elle. Il aimait sa spontanéité, sa façon impatiente et fougueuse de mordre la vie à pleines dents. Elle aimait rire, elle aimait parler, elle écoutait les conversations des adultes et sa maturité le surprenait parfois. Elle ne travaillait guère en classe mais comprenait tout des chiffres. Esther était intelligente sans chercher à se cultiver. Elle avait surtout du bon sens, et elle faisait l'admiration de son père. Parfois, Esther demeurait des heures assises dans le bureau, à ses côtés, à vérifier ses comptes en posant les additions, les soustractions, les divisions en même temps que lui, comme un jeu. Elle travaillait vite et interprétait bien les chiffres. Très jeune, elle avait commencé à soumettre des idées sur la production de l'entreprise.
Afficher en entierTous deux cultivaient en secret le souvenir d'Elzear, cet homme qui les avait liés, puis déliés à jamais.
Afficher en entier-Nous ne voulons pas vous anéantir en tant qu'individu, a déclaré Lechman qui avait rejoint sa femme. Nous voulons vous anéantir en tant que race.
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