Extraits

Sienna grogna à nouveau en baissant les yeux et en remarquant sa brassière défaite et sa culotte. Super.

Dans un soupir, elle rassembla le peu de dignité qu’il lui restait avant de se diriger vers son dressing. Elle prit le temps de se doucher et pria pour que l’aspirine qu’elle avait pris fasse de l’effet. Elle savait déjà que la journée allait être longue, sa migraine pouvait en témoigner.

Propre et sèche, Sienna rassembla ses cheveux mouillés en un chignon avant de se maquiller. Elle passa une tenue classique : un jean déchiré, des ballerines et un t-shirt usé noir et gris. Elle resta silencieuse un moment, la main sur la poignée, se préparant mentalement à affronter ce qui se trouvait de l’autre côté de la porte. Si Sage avait ramené deux changeurs de forme jusqu’à chez elle, c’est qu’il avait des problèmes.

Elle se rendit dans la cuisine, faisant de son mieux pour ignorer sa colère subite due au fait de trouver deux étrangers chez elle. Sage était attablé, en train de manger un sandwich. Il lui lança un bref regard de compassion lorsqu’elle entra dans la pièce. L’Adonis blond avait la tête dans le frigo et exposait son joli derrière, bien moulé dans son jean.

Pas mal.

Il en manquait un. Où était passé le loup à l’air de psychopathe? Elle se retourna pour le trouver assis sur son canapé, occupé sur son téléphone. Elle compris en un coup d’œil qu’il commençait à s’impatienter, il n’en restait malgré tout pas moins sexy.

L’Adonis se retourna en remarquant sa présence et lui lança un sourire moqueur.

„Eh ben,“ dit-il d’un air railleur. „T’es habillée. J’espérais que tu nous referais un petit show, Swifty.“

Sage laissa échapper un grognement avant de croquer dans son sandwich.

Un faible sourire se dessina sur les lèvres de Sienna. Swifty? Elle se souvint soudainement de sa performance de la veille, lorsqu’elle avait dansé sur du Taylor Swift.

„C’était ma dernière date, désolée.“ dit-elle. Au même moment, elle remarqua l’entrée jonchée de ses affaires.

Je ne.boirai.plus.jamais.

Elle se répéta cette phrase plusieurs fois tout en se dirigeant vers l’entrée à la hâte pour y ramasser son jean, ses chaussures, ses faux-cils, et sa clé cassée.

„Maintenant que c’est le matin, tu vas m’expliquer ce qu’il se passe?“ demanda t-elle à Sage en retournant à la cuisine après avoir jeté ses affaires sur son lit et fermé la porte.

„Après-midi“ grogna le changeur de forme aux cheveux d’ébène, derrière elle. Elle se retourna, les sourcils levés en signe de question.

„Il est presque treize heures.“ reprit-il sèchement. „C’est l’après-midi.“

Elle soutint son regard un moment avant de lever les yeux au ciel.

„C’est qui, ce joyeux luron?“ Demanda t-elle à Sage tout en pointant du doigt Grincheux au dessus de son épaule. Le Blond faillit recracher le lait qu’il était en train de boire.

Sage se raidit sur sa chaise en entendant le ton de Sienna, puis il lui lança un regard, l’invitant à ne pas aller plus loin.

„C’est Brody McAllister.“ expliqua Sage. „Mon Alpha.“

Sienna n’avait pas l’air impressionnée pour autant et elle lança un regard de désintérêt total à l’homme derrière elle qui semblait avoir du mal à cacher son air de dédain. Elle regarda son frère qui lui lançait un regard assassin.

„Arrête de me regarder comme ça.“ s’énerva t-elle. „C’est pas mon Alpha que je sache.“

Brody se leva pour aller dans la cuisine.

„C’est vrai.“ dit-il d’une voix aussi tranchante que l’acier. „T’es un loup solitaire. Pas d’Alpha. Pas de meute. Rien.“

Sienna tenta de contenir sa colère alors que son loup intérieur s’agitait, apparemment vexé par l’insulte. Les loups solitaires n’étaient pas respectés dans le monde des changeurs de forme, et encore moins par les Alphas.

„Ravie de te rencontrer, Brody le Mélancolique“ répondit-elle. „Maintenant dégage de chez moi.“

Thérésa n’avait bien entendu aucune idée de ce que Sienna fêtait, mais tant qu’elle lui offrait des shots de tequila, elle était partante. Thérésa disparut dans la nuit alors que Sienna plissait les yeux en regardant l’écran de son téléphone. 3h42 du matin? „Rah merde, je vais trop avoir de mal demaaaaain...“ Son cerveau baignait dans l’alcool. Ça ne faisait pas bon ménage avec les changeurs de forme. Leur métabolisme brûlait l’alcool relativement rapidement, mais le fait de boire trop était généralement synonyme d’une gueule de bois carabinée le lendemain matin. Sienna dû s’y reprendre à quatre fois avant de réussir à rentrer la clé dans la serrure, et lorsqu’elle la tourna, elle tira trop fort pour la sortir de la poignée. La clé lui cassa dans les mains, l’autre moitié restée dans la serrure. „Fait chier!“ elle ne cessait de jurer, les yeux rivés sur la moitié de clé dans sa main. Elle finit par hausser les épaules et défonça la porte qu’elle referma derrière elle. Il lui fallut un instant pour reprendre ses esprits et entamer son prochain trajet jusqu’à son lit dans ses talons de dix centimètres de haut. Elle regarda ses pieds dans la nuit, et fronça les sourcils. Les talons, c’était vraiment pas l’invention du siècle. Essayant tant bien que mal de retirer ses chaussures, Sienna dut se rattraper à la porte pour ne pas trébucher, et, impatiente, finit par arracher les sangles entourant ses chevilles. „Je détestais ces chaussures de toute façon, murmura-t-elle avant de laisser échapper un long soupir qui avait bien besoin de sortir, une fois ses pieds à plat sur le sol. Ça fait troooooop du bien.“ Tellement de bien, qu’elle réalisa que le fait de retirer son jean moulant serait encore mieux. Elle dut se battre un moment avec le bouton et la fermeture éclair, mais elle réussit finalement à se libérer de ce jean maléfique. „Ouaaaais!“ grogna-t-elle tout en faisant valser son jean dans la pièce d’un coup de pied. Elle se dirigea ensuite vers la cuisine, bien consciente de laisser derrière elle un champ de bataille jonché de clés, porte-feuille, téléphone, chaussures, jean... Sienna se mit à chanter doucement pour contrer la malédiction de la honte et de la gueule de bois à venir. „I stay out too late…got nothing in my brain…that’s what people say…mhh hmm…yeah, that’s what people say…mhh hmm…“ Sienna avait oublié la phrase suivante, elle se contenta donc de la passer pour reprendre la chanson de Taylor Swift à la partie qu’elle connaissait. Balançant ses hanches au rythme de la musique qui résonnait dans sa tête, Sienna reprit. „…’cause the players gonna play play play play play…and the haters gonna hate hate hate hate hate…baby, I’m just gonna shake shake shake shake shake…shake it off…shake it OFF!“ Elle fit la grimace lorsque la forte lumière blanche du réfrigérateur lui éblouit les yeux. „Mais merde, mec. Pas besoin d’aveugler ta meuf… Calmos… Calmos!“ marmonna-t-elle à l’intention de son frigo avant de s’emparer de la boisson qu’elle cherchait. Elle se redressa, une main sur la poignée, avant de refermer la porte. Puis se figea. Elle percevait une nouvelle odeur dans son appartement, deux, non trois nouvelles odeurs. Comment avait-elle pu passer à côté de ça? Par instinct, ses griffes se mirent à sortir, perçant la canette d’Orangina qu’elle avait dans la main, inondant le sol et son bras au passage. Fait chier. C’était sa dernière canette. Elle ferma les yeux pour se concentrer à nouveau sur les odeurs. Elle se détendit brièvement lorsqu’elle reconnut celle de son frère, Sage. Mais à qui appartenaient les deux autres? Avant d’avoir pu y réfléchir, la lumière du salon s’alluma soudainement, et ses yeux se posèrent sur son frère, qui la fixait, planté devant le canapé. Pire, deux hommes qu’elles ne connaissait pas se tenaient à ses côtés. Ils avaient l’air d’avoir vu un alien. Heureusement pour Sienna, elle était bien trop bourrée pour réagir. Elle se contenta de froncer les sourcils. „Sage?“ Il finit par remarquer la tenue dans laquelle elle était et baissa immédiatement les yeux, ne voulant apparemment pas voir sa sœur en petite culotte et brassière. Les deux gros changeurs de forme qui étaient avec lui n’étaient pas aussi polis, ni aussi facilement gênés. Le blond au superbe bronzage de surfer et boucles rebelles lui fit un grand sourire et haussa un sourcil. Le loup aux cheveux d’ébène de l’autre côté de Sage fixa Sienna d’un regard accusateur, de la tête aux pieds, derrière ses lunettes aux branches en velours. Lorsque leurs yeux se rencontrèrent, Sienna eut l’impression qu’on lui avait donné un coup dans le ventre. Sa fierté l’empêchant de se soumettre, elle tenta malgré tout de le regarder droit dans les yeux. Jusqu’à ce que la voix de Sage mette un terme à sa stupeur. „Où est ton pantalon, putain, Sienna?!“ lui cria Sage, les joues rougissant à vue d’œil. Elle esquissa un sourire moqueur et détourna les yeux du Loup Grincheux pour les poser sur son frère, et, n’ayant plus aucune peur d’être attaquée par des cambrioleurs alors qu’elle était en sous-vêtements, elle fit un vague signe de main en direction du couloir. „Il est là bas, avec mes chaussures. Et mes cils, dit-elle. Ah et j’ai cassé la clé dans la serrure aussi. Pas de chance.“ Le changeur de forme blond réprima un sourire. Sienna cligna des yeux plusieurs fois; le sol sous ses pieds tanguait dangereusement. „Bref, vous allez passer la nuit ici?“ Sage hocha de la tête, et avant qu’il n’ait pu ajouter quoi que ce soit, Sienna reprit la parole. „Ouais, on s’en fout. Bla bla bla… Voilà quoi, dit-elle en se dirigeant vers le salon. Sage se taisait. Faut que j’aille me coucher, genre, maintenant. On rattrape le temps perdu demain si tu veux, une fois que j’aurai fini de vomir. Me réveillez pas, bande de fils de putes, ou je vous égorge.“ Sa tirade terminée, Sienna passa devant les trois mâles plantés au milieu de son salon pour se rendre jusqu’à sa chambre, claquant la porte derrière elle avant de s’écrouler sur son lit. Elle se mit à ronfler immédiatement.