Extraits

après qu'elle eut légèrement récupéré, il se passa quelque chose de merveilleux. Elle nous regarda, les uns après les autres, en ronronnant, avec une indicible expression de tendresse. On ressentait son émotion de chatte à nous voir tous là autour d'elle. Son regard allait, éperdu, de l'un à l'autre, et elle ne savait plus où donner de la truffe sur un nez, une joue, un front, à petits coups. Elle ronronnait comme il est impensable qu'une chatte mourante puisse ronronner, avec des pertes de souffle, des petits ratés, tant elle avait d'amour à exprimer. Et ce regard, ce regard... C'était comme si elle pleurait de bonheur en nous regardant tour à tour. Elle nous a donné son affection, elle a reçu la nôtre, pendant un long moment, puis elle s'est calmée. Mon fils est resté deux heures avec elle, à lui faire un tendre câlin, et ses larmes coulaient toutes seules, doucement, sur la chatte qui se reposait dans ses bras.

Nous avions tous compris qu'elle allait vraiment mourir, qu'elle s'abandonnait. Nous nous sommes dit ensuite qu'elle nous avait dit Adieu à ce moment là, un long, délicat adieu, après lequel elle avait clos ses yeux, confiante et rassurée.

Est venu le temps d'aimer la vie, les êtres pour ce qu'ils sont, sans vouloir qu'ils soient magnifiés et désignés par des signes, de faire ce que j'ai à faire, d'aimer ce que j'ai à aimer sans attendre une aléatoire main du destin qui me pousse et me rassure, de marcher enfin sur cette terre pour l'amour de la vie...