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Elle s'approcha de lui.

— J'ai apporté un baume pour vos plaies.

Il leva les yeux, surpris par cette attention. Il était tellement peu habitué à ce qu'on s'inquiète pour lui.

Non pas qu'il en eût jamais ressenti le besoin.

— Ce ne sera pas nécessaire.

Elle pinça les lèvres, l'air exaspéré, et peut-être un peu peiné.

— Par tous les saints, Lachlan ! Cela vous ferait-il si mal de laisser quelqu'un s'occuper de vous, pour une fois ?

Avant qu'il ait pu répondre par l'affirmative, elle déposa tout l'attirail qu'elle avait apporté et se planta devant lui, les poings sur les hanches.

— Ne m'obligez pas à demander à Robbie de vous clouer au sol. Je suis sûre qu'il en est capable.

— Vous pouvez compter sur moi, lui lança Boyd avec un clin d'oeil.

Le salaud. Lachlan n'avait pas besoin de le regarder pour deviner qu'il jubilait. Peu d'hommes étaient assez costauds pour le maîtriser, et Boyd en faisait probablement partie. Il jugea préférable de ne pas le vérifier.

Il posa le cadenas et adressa à Bella un sourire moqueur.

— A vos ordres, ma dame.

Elle marmonna quelque chose d'inintelligible puis lui orienta le visage vers la lumière pour examiner l'entaille sur sa tempe. Ses doigts étaient doux, trop même. Il s'écarta.

Elle fit claquer sa langue avec agacement, et lui tourna à nouveau la tête.

— Vous vous êtes baigné, constata-t-elle.

Il entendit Boyd ricaner dans son coin.

— Je n'aime pas me sentir sale, répondit-il sur la défensive.

— Oui, vous me l'avez dit. C'est bien. C'est une des premières choses que j'ai remarquées chez vous. Vous sentiez trop le propre pour un bandit.

Elle aussi, elle s'était baignée. Il s'efforçait de ne pas remarquer qu'elle sentait divinement bon mais elle se tenait trop près de lui. Son corps réagit aussitôt. Si Boyd n'avait pas été assis à deux pas, il aurait été tenté de la prendre sur ses genoux et de terminer ce qu'ils avaient commencé deux soirs plus tôt.

— C'est bien, approuva-t-elle en soulevant les cheveux qui retombaient sur ses tempes. Vous avez pu nettoyer presque tout le sang et la terre autour de la plaie.

Elle se baissa pour prendre un morceau de lin et un pot en terre.

Il étouffa un gémissement. Ces vêtements de garçon finiraient par avoir raison de lui. Quand elle s'était penchée devant lui, son col s'était entrouvert, lui offrant une vue plongeante sur la courbe généreuse d'un sein.

Il était un homme, bon sang ! C'était plus fort que lui.

Son regard descendit vers l'endroit de la chemise où ses mamelons étiraient doucement le lin. Seigneur ! L'eau lui monta à la bouche.

Il gigota, sentant un étirement dans ses braies. Elle était penchée sur lui, le torturant de ses doigts délicats, étalant doucement l'onguent sur sa plaie, décrivant de lents cercles concentriques comme une caresse.

Enfin, alors qu'il pensait de pas pouvoir supporter son parfum envoûtant un instant de plus, elle enroula une bande de lin autour de sa tête et recula d'un pas.

Il poussa un soupir de soulagement.

Les joues légèrement rosies de Bella lui indiquèrent qu'il n'était pas le seul à avoir été affecté.

— Vous avez d'autres blessures ? demanda-t-elle.

— Non.

— Il a une entaille sur le bras et de méchantes marques sur le ventre, déclara Boyd.

Lachlan lui lança un regard assassin. Cette ordure savait exactement le genre de torture à laquelle il était soumis.

— Faites-moi voir, ordonna Bella.

Il souleva sa chemise, révélant d'innombrables contusions bleues, noires et rouges qui se rejoignaient pour former une grande masse inquiétante tout le long de son flanc droit.

Bella écarquilla les yeux.

— Pourquoi n'avez-vous rien dit ? le gronda-t-elle. Vous devez avoir plusieurs côtes cassées. J'aurais pu vous bander.

Il haussa les épaules en se retenant de grimacer.

— Je n'en ai pas eu le temps.

Elle effleura sa peau sensible du bout des doigts. Il tressaillit quand elle descendit sur son bas-ventre.

— Oh, pardon, dit-elle. Je vous ai fait mal ?

— Un peu, dit-il.

Mais pas de la manière dont elle le croyait. Sa verge raide pressait contre les lacets de sa culotte, cherchant à se rapprocher de sa main, centimètre par centimètre.

— Désolée, dit-elle, légèrement perplexe. Je ne pensais pas avoir appuyé si fort. Retirez votre chemise pour que je nettoie l'entaille sur votre bras et que je bande votre torse.

Boyd ricana à nouveau. Lachlan se tourna vers lui.

— Tu vas affûter cette lame toute la nuit ? grogna-t-il. Tu n'étais pas censé nous chercher un bateau ?

Sans cacher son amusement, Boyd se leva lentement et glissa son épée dans le baudrier attaché dans son dos.

— C'est bon, j'y vais.

Avant de sortir, il ajouta inutilement :

— Je ne serai pas de retour avant un bon moment.

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Enfin, la trappe s'ouvrit.

Le soudain faisceau de lumière fut aveuglant. Dès qu'il vit la tache floue se pencher au-dessus de l'ouverture, il lança le morceau de métal de toutes ses forces.

Enfant, son jeu favori avait été de lancer des pierres dans la mer. Cela lui avait été profitable car il atteignit sa cible du premier coup. Le garde lâcha un juron et tomba la tête la première dans la fosse. Il était étonnamment grand pour un Anglais. Il atterrit dans un fracas retentissant.

Sans prêter attention à ses imprécations, Lachlan se concentra sur l'ouverture, attendant l'apparition du prochain garde.

— Oh, la vache ! dit une voix familière. Dis donc, la Vipère, qu'est-ce que tu lui as envoyé ?

Lachlan ouvrit de grands yeux ronds.

— Le Faucon ?

Le visage hilare de son cousin apparut au-dessus de lui. Il lui fit un clin d'oeil.

— A ton service.

Lachlan s'approcha du corps qui gémissait sur le sol.

— Alors... qui j'ai frappé ?

— Le Chef.

Il grimaça en reconnaissant le chef de la garde des Highlands qui s'asseyait en tenant son heaume des deux mains. Sa protection nasale était cabossée et il saignait du nez. Cela aurait pu être pire.

— J'ai l'impression d'être une foutue cloche, grommela-t-il. J'ai tout le crâne qui résonne. Qu'est-ce que c'était ?

— Un morceau de mes fers, répondit Lachlan. Bàs roi mil Gèill !

— Bien visé, admit MacLeod en essuyant le sang sous son nez. Finalement, on a réussi à t'apprendre quelque chose.

Lachlan tendit la main pour l'aider à se relever.

— Je ne vous attendais pas.

MacLeod lui lança un regard noir.

— Oublie ce que je viens de dire. Tu n'as rien appris.

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《 — Je n'ai jamais ressenti ça pour personne. Tu me rends fou. Tu me rends heureux. Tu me donnes envie d'être meilleur.

Elle esquissa un sourire.

— Ça, c'est mignon.

Il manqua de s'étrangler.

— Mignon ? Je t'en supplie, que personne ne 'entende jamais dire ça à mon sujet !

Sa réputation serait fichue à jamais.

Elle arqua un sourcil interrogateur.

— C'est tout ?

— Tu sais que ce n'est pas vraiment facile pour moi. Tu pourrais avoir un peu pitié.

— Pitié ? J'ignorais que tu connaissais le sens de ce mot.

Elle secoua la tête, ajoutant :

— Tu sais, je commence à douter de tout ce qu'on dit sur le guerrier redoutable que tu es censé être. Je croyais que tu n'avais peur de rien ?

— Moi aussi, marmonna-t-il.》

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Il la connaissait bien et avait deviné la direction de ses pensées.

— Elle semblait ne pas douter de l'affection de son oncle et de sir Hugh, observa-t-elle.

Lachlan resta silencieux. Un peu trop silencieux.

— Qu'as-tu fait ?

Il haussa les épaules.

— Je me suis assuré que sir Hugh ne l'oublierait pas.

— Quoi, tu t'es introduit dans sa chambre ?

— Il me restait quelques minutes à tuer.

— Et comment l'as-tu convaincu de... Non, ne me dis rien, je ne veux pas savoir.

— Je lui ai flanqué une frousse de tous les diables, répondit-il quand même.

— Une frousse de guerrier fantôme, tu veux dire.

Il éclata de rire.

— Quel est ce son étrange ? demanda MacSorley derrière eux.

— Va te faire voir, le Faucon, rétorqua Lachlan.

Bella pouffa.

— Ton cousin est très drôle.

Lachlan gémit, comme les autres hommes suffisamment proches pour l'avoir entendue.

— Surtout, ne le lui dis pas ! l'implora-t-il.

Trop tard. Le Faucon profita de l'occasion pour lui offrir un aperçu de son vaste répertoire de drôleries, à la plus grande consternation de Lachlan. Néanmoins, au bout d'un moment, il cessa d'essayer de le faire taire, et parvint même à glisser quelques boutades de son cru dans la conversation.

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— Chut. N'y pense plus. Nous n'avons pas beaucoup de temps. Tu es prête ?

Elle acquiesça. Il arqua un sourcil.

— Tu ne me demandes pas comment je me suis évadé ?

Elle haussa les épaules.

— J'ai pensé que tu avais forcé la serrure.

— Décidément, on ne t'impressionne pas facilement. Tu te rends compte que la serrure en question était à trois mètres au-dessus de ma tête et qu'elle se trouvait de l'autre côté de la trappe ?

— Tu as creusé un tunnel ? Tu as volé ?

Il se mit à rire.

— Pas tout à fait. Ils sont venus me chercher.

À la note de fierté dans sa voix, elle comprit de qui il parlait. Elle sourit.

— Je ne suis pas surprise.

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Son devoir accompli, elle se tint sur le côté, observant les témoins s'incliner un à un devant le souverain. Lorsque vint le tour de Lachlan. elle se tendit. Le brigand lui lança un regard noir, puis arqua un sourcil et esquissa un petit sourire narquois.

Elle rougit, sentant la colère embraser sa peau. Que le diable l'emporte ! Elle savait ce qu'elle faisait.

Quels que soient les événements que cette journée déclencherait, elle était heureuse qu'elle soit terminée. Et elle l'était encore plus de savoir qu'elle n'aurait plus jamais à supporter la présence de Lachlan MacRuairi.

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Boyd lui lança un regard hésitant par-dessus les flammes.

— Tu ne m'as pas encore expliqué ce qui s'est passé à Peebles.

Occupé à triturer la serrure avec un petit clou émoussé, Lachlan ne leva pas la tête.

— J'ignorais avoir des explications à donner. J'ai été pris par surprise.

— Hmm... Ce doit être la première fois que tu te laisses surprendre.

Ce maudit Boyd l'asticotait. Il avait parfaitement compris ce qui s'était passé.

— Ça m'est déjà arrivé une ou deux fois, répondit-il nonchalamment. Je ne peux pas être partout à la fois.

Boyd se redressa brusquement, l'air aussi ahuri que s'il venait de découvrir le Saint-Graal.

— Sapristi, elle te plaît ! Je n'aurais jamais cru voir ce jour arriver, mais tu en pinces vraiment pour elle, hein ?

Lachlan lui lança un regard menaçant.

— Bien sûr qu'elle me plaît, comment pourrait-il en être autrement ? Après tout ce qu'elle a enduré ? C'est une véritable héroïne, au cas où tu ne l'aurais pas remarqué.

Cela faisait partie du problème. Elle était une héroïne et, lui, un bâtard mercenaire dont la tête était mise à prix. La sécurité de Bella dépendait de son anonymat.

Avec lui, elle serait constamment en danger.

— Ça veut dire que tu as changé d'avis ? Lachlan plissa le front.

— Que veux-tu dire ?

— Si lady Isabella et toi, vous... euh... Tu envisages peut-être de rester avec nous un peu plus longtemps ?

Lachlan s'immobilisa. L'espace d'un instant, il laissa cette possibilité flotter dans son esprit.

Non, impossible. Il sentit la moutarde lui monter au nez. Cette ordure de Boyd cherchait uniquement à lui brouiller les idées. Il n'avait pas besoin de ça !

— Ce n'est pas parce que j'ai envie de la sauter que j'en oublie ce pour quoi j'ai travaillé dur pendant trois ans. Lorsque le roi tiendra son conseil, j'obtiendrai ma récompense. Pourquoi voudrais-tu que je reste ?

Dix ans plus tôt, il avait tout perdu. À présent, il avait une occasion de se refaire. Il aurait une maison, un endroit rien qu'à lui et, pour la première fois de sa vie, serait véritablement indépendant. Sans plus d'attaches ni de dettes à rembourser. C'était la seule liberté à laquelle il aspirait.

— Tu es vraiment un crétin, la Vipère. La dame mérite mieux que toi. (Sur ce point au moins, ils étaient d'accord.) Tu veux savoir ce que je pense ? Tu l'as dans la peau. Je me demande bien ce qu'elle pourrait te trouver.

Rien, car il n'y avait rien à trouver.

— Tu me gonfles, Brigand. On croirait entendre mon cousin.

Si un autre membre de la garde tombait encore « amoureux », Lachlan n'aurait même plus besoin de partir. Il se trancherait la gorge lui-même plutôt que de les entendre débiter leurs âneries sur les « vertus » du mariage.

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Lorsque Bruce l'avait baptisé « la Vipère », il avait été surpris, puis, après réflexion, avait trouvé le nom approprié. Cela avait commencé par une insulte de Tor MacLeod concernant sa propension à lancer des remarques venimeuses, mais lui-même devait admettre qu'elle lui convenait bien. À l'instar du serpent, il savait glisser entre les défenses de ses ennemis ; sa morsure était fulgurante, silencieuse et mortelle. Il avait été recruté pour son talent à entrer et sortir sans être vu, ce qui était pratique pour libérer des prisonniers ou extraire des informations.

Compte tenu des noms de ses ancêtres nordiques, tels que « Éric la hache sanglante » ou « Thorfinn le fendeur de crânes », « la Vipère » n'était pas si mal.

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— Un prêtre pour vous, ma dame, annonça le garde.

Il attendit son hochement de tête, puis ferma la porte.

Ils étaient seuls.

Il se tenait si près qu'il aurait pu la toucher en avançant la main. Pourtant, elle paraissait si loin. La tristesse de son regard lui transperça le coeur.

— Le constable m'envoie un prêtre ? déclara-t-elle. Il doit vraiment craindre pour le salut de mon âme pour prendre une telle mesure à la veille de mon entrée au couvent.

Un couvent ? C'était donc ça qu'ils projetaient ? A son ton, il devina que ce n'était pas tout.

Il la rejoignit en une enjambée, glissa une main sur sa bouche et la plaqua contre lui pour l'immobiliser. Il faillit la lâcher de surprise. Que lui avaient-ils fait ? Il ne restait pratiquement rien d'elle. Elle était toute fine et légère, presque frêle. Les courbes douces et voluptueuses qui l'avaient tant torturé avaient pratiquement disparu. Seul le poids de ses seins sur son bras paraissait familier.

Par tous les saints, ils le paieraient !

La toucher avait été une erreur. Son propre corps se mit à résonner d'autres souvenirs qui étaient loin d'être éteints.

Il n'était pas le seul à être choqué. Bella se figea de surprise.

Elle scruta les profondeurs de son capuchon. Ses grands yeux bleus dominaient son visage pâle, un effet accentué par ses cernes sombres et ses joues creusées sous ses hautes pommettes. Elle frappa son torse du poing. Émaciée et fragile, elle n'était plus que l'ombre de la femme qu'il avait connue. Elle était toujours aussi saisissante, mais sa beauté autrefois provocante et sensuelle était désormais éthérée et douloureusement délicate.

Avant même qu'il ait rabattu sa capuche en arrière, elle se raidit et devint aussi froide qu'un pain de glace.

Son regard pénétra le sien, lançant des éclats de pure haine.

Apparemment, le temps n'avait pas émoussé ses sentiments pour lui.

C'était mérité et il s'y était attendu mais, malgré lui, il avait nourri l'espoir absurde qu'elle ne le croirait pas capable du pire.

— Prenez garde, chuchota-t-il. Je crois que le garde nous écoute.

Une lueur rebelle traversa le regard de Bella. Il jura intérieurement, devinant qu'elle se mettrait à crier dès qu'il ôterait sa main, alertant toute la garnison anglaise.

Elle paraissait peut-être fragile, mais elle n'avait rien perdu de sa combativité. Il fut soulagé. Ils n'étaient pas parvenus à la briser.

— Je vous en prie, Bella. Je suis venu vous aider. Donnez-moi une chance de m'expliquer avant de faire une bêtise.

Il la regarda dans les yeux.

— Je vous en prie, répéta-t-il.

Elle plissa les yeux, soupçonnant une entourloupe. Il la comprenait. « Je vous en prie » ? Il était lui-même étonné d'entendre cette phrase sortir de sa bouche.

Cela ne lui ressemblait pas.

Il crut d'abord qu'elle ne céderait pas puis, alors qu'il cherchait une autre solution pour la faire taire, elle hocha la tête.

Il la lâcha.

Elle ne bougea pas, le dévisageant avec une intensité qui le fit reculer d'un pas. Il ne voulait pas lui donner de prétexte pour changer d'avis.

Elle leva le menton et, l'espace d'un instant, il revit la Bella qu'il avait connue.

— En prêtre ? s'esclaffa-t-elle. Je m'étonne que vous n’ayez pas été englouti par les flammes de l'enfer. Mon châtiment ne vous a pas suffi ? Vous êtes venu m'achever ?

Son ton caustique était blessant. Elle n'avait décidément pas changé. Elle était aussi têtue et aussi Bière que dans son souvenir et avait toujours ce don unique pour le hérisser.

— C'est le roi qui m'envoie, déclara-t-il.

— Ah ! Et à quel roi louez-vous vos services ce mois ci ?

Il serra les dents, se rappelant qu'il devait se montrer patient.

— Ma loyauté va à Bruce, comme c'est le cas depuis trois ans.

— Vous espérez me faire avaler ça ? dit-elle, offusquée. Vous vous battiez pour Robert quand vous nous avez vendus à Ross ?

Voir une saine rougeur revenir sur ses joues faisait plaisir à voir, même si elle avait haussé le ton. Il posa un doigt sur sa bouche pour lui rappeler la présence du garde derrière la porte.

— Je ne vous ai pas trahis.

Il la coupa avant qu'elle n'ait pu protester.

— Je sais que les apparences sont contre moi, mais je n'ai pas dit à Ross où vous trouver. Après vous avoir quittée devant la chapelle, j'étais furieux et distrait. Un de ses hommes m'a aperçu sur les quais alors que j'essayais de nous procurer un birlinn. Ils m'ont suivi jusqu'aux abords de la chapelle puis m'ont encerclé avant que j'aie pu vous prévenir. Je suis fautif, mais je ne vous ai pas trahis.

Elle ne le croyait toujours pas.

— C'est quand même une drôle de coïncidence, non ? Ils tombent sur vous par hasard et devinent que vous allez les conduire jusqu'à nous ?

— Cela n'avait rien d'un hasard. Ils nous attendaient. Nous avons été trahis, mais pas par moi.

— Par qui, alors ? Si je me souviens bien, vous étiez le seul à ne pas être enchaîné.

Il l'avait été, pourtant, mais elle n'avait pas pu le voir de là où elle se trouvait.

— Vous vous souvenez du forgeron et de ses fils qui apportaient des sacs de blé dans la grande salle de Kildrummy, la veille de notre départ ? Il a entendu nos plans et les a vendus aux Anglais. Ils savaient que nous partions pour le Nord. C'est aussi le forgeron qui a mis le feu à la grande salle quelques jours plus tard, ce qui a contraint Nigel à se rendre.

En voyant l'ombre qui passait sur son visage, il comprit qu'elle connaissait le triste sort des hommes de Kildrummy. Après la reddition du château, pratiquement toute la garnison avait été massacrée.

Nigel de Bruce avait été conduit ici, à Berwick, où il avait été pendu et décapité. Il espérait qu'elle n'avait pas été obligée d'assister à son exécution.

Osborn, le forgeron félon, avait reçu sa juste récompense. Les Anglais avaient fondu l'or qu'ils lui avaient promis et avaient versé le métal en fusion dans sa gorge.

— C'est une très belle histoire, mais je vous ai vu avec Ross. En outre, il m'a dit que vous aviez une dette envers lui et que nous étions sa compensation.

Sa voix se brisa et elle marqua une pause avant de reprendre :

— Comment avez-vous pu, Lachlan ? Avez-vous pensé aux enfants ? Savez-vous ce qu'ils ont fait à Mary ?

Ses paroles l’éreintaient, chacune mettant sa peau à vif. Cela faisait plus de deux ans qu'il ne pensait à rien d'autre. Elle ne pouvait lui faire plus de reproches qu'il ne s'en faisait à lui-même.

— C'était ma vie, sa compensation, Bella, pas la vôtre. Ross avait l'intention de me tuer et il l'aurait fait si je n'étais pas parvenu à m'évader. Gordon m'a rapporté ce que Ross vous a dit. Il a essayé de vous expliquer que j'étais enchaîné quand ils vous ont emmenée.

— William est vivant ?

— Oui, tout comme MacKay. Ils ont été emprisonnés, mais nous sommes parvenus à les libérer avant qu'ils ne soient exécutés.

— Nous ?

Il haussa les épaules, affectant un air détaché pour couvrir son lapsus.

— Quelques gardes de Bruce et moi, répondit-il vaguement.

Il valait mieux qu'elle ignore tout de la garde des Highlands. Sa vie était suffisamment en danger. Si on la soupçonnait de détenir ce genre d'information, elle risquait d'être torturée.

L'espace d'un instant, un soupçon de sourire adoucit les traits de Bella.

— J'en suis heureuse. Margaret n'a rien pu apprendre sur leur compte et j'ai cru que...

Elle n'acheva pas sa phrase. Elle avait pensé qu'ils avaient subi le même sort que le comte d'Atholl et Nigel de Bruce.

Elle prit une profonde inspiration, s'efforçant de se ressaisir, puis se tourna à nouveau vers lui avec froideur.

— Très bien. Maintenant que vous avez soulagé votre conscience, vous pouvez partir.

Il entendit un bruit derrière la porte. Le garde devait se demander ce qui le retenait aussi longtemps.

— Nous n'avons pas beaucoup de temps, Bella. Je jure de tout vous expliquer une fois que je vous aurai sortie d'ici.

Elle recula précipitamment.

— Je n'irai nulle part avec vous.

Pensant qu'elle ne le croyait toujours pas, il ôta la bague qu'il portait et la lui tendit.

— Tenez, voici la preuve que c'est bien le roi qui m'envoie. Il m'a dit que vous la reconnaîtriez.

Elle lui adressa à peine un regard et la lui rendit.

— Peu m'importe combien Robert vous a payé pour me libérer. Je ne souhaite pas être secourue, ni par vous ni par personne d'autre.

Lachlan resta interloqué. Il s'était battu durant deux ans pour arriver jusqu'ici et elle ne voulait pas partir ?

Ce devait être une mauvaise plaisanterie.

Il avança d'un pas. Elle ne bougea pas, le défiant de ses grands yeux bleus dardant des éclairs. La colère qu'il avait contenue lui monta à la gorge. Ses mains le démangeaient de l'attraper par les épaules et de la secouer jusqu'à lui faire entendre raison.

Il l'aurait fait s'il avait pu s'empêcher de l'embrasser dans la foulée. Il n'osait plus la toucher. Ses émotions étaient trop vives, trop frustrantes. Il s'efforçait d'être patient et compréhensif mais, s'il avait revêtu des habits de prêtre, cela ne faisait pas de lui un saint.

A bout de nerfs, il se pencha en avant. Il ressentit une pointe de plaisir en la voyant frémir et écarquiller les yeux. Elle avait beau le haïr, elle réagissait encore à sa proximité. Il allait tendre la main quand la porte s'ouvrit soudainement derrière lui.

Bella fut soulagée par cette interruption. Être seule avec Lachlan MacRuairi était toujours aussi éprouvant et, après ce qu'il venait de lui dire, elle avait l'impression de faire ses premiers pas sur la terre ferme après des années en haute mer.

Elle n'avait jamais imaginé le revoir un jour. Elle avait tourné la page. Elle ne pensait jamais à lui. Enfin... beaucoup moins qu'avant. Il n'était qu'un regret de plus dans un passé qu'elle souhaitait oublier.

Toutefois, elle s'était parfois demandé comment elle réagirait si elle le revoyait. Lui planterait-elle un couteau dans le dos pour lui rendre la pareille ? Le renverrait-elle au diable qui l'avait engendré ? Le frapperait-elle ? Elle pourrait aussi s'effondrer en larmes ou tomber à genoux en l'implorant de lui expliquer pourquoi...

Elle ne s'était pas attendue à la douleur dans sa poitrine lorsqu'elle l'avait reconnu, ni au flot d'émotions qui était remonté à la surface.

Puis, l'espace d'un instant, elle avait ressenti autre chose. En regardant ce visage qui était devenu plus dur, plus ténébreux et encore plus beau avec les ans, elle avait ressenti une langueur si puissante qu'elle lui avait coupé le souffle.

Il s'était coupé les cheveux, mais tout le reste était douloureusement familier. Sa mâchoire carrée, ses yeux d'un vert clair irréel, sa bouche sensuelle. Elle se souvenait exactement de ce qu'elle avait ressenti en l'embrassant, de la manière dont il l'avait fait fondre de plaisir, la rendant avide de plus.

Elle lui en voulait de lui rappeler ce souvenir, de la dérouter, de lui donner envie de le croire. Dans ses pires moments de faiblesse, elle avait douté. Et s'il ne les avait pas trahis ? La bague de Robert semblait prouver qu'il disait la vérité.

Pourquoi fallait-il qu'il arrive maintenant ? Pendant deux ans, elle avait prié pour que quelqu'un la délivre de sa cruelle prison. Aujourd'hui, même si elle le croyait, même si elle osait remettre à nouveau sa vie entre ses mains, elle ne pouvait plus partir. Pas quand cela pouvait mettre sa fille en danger.

Elle sentit ses yeux s'emplir de larmes. Il n'était pas question qu'il la voie pleurer, qu'il découvre son désarroi et sache à quel point elle aurait aimé fuir.

L'ouverture de la porte et l'arrivée de Margaret lui permirent de se ressaisir.

Elle inspira profondément, puis expira lentement pour apaiser les émotions qui affleuraient à la surface.

L'espace d'un instant, elle axait cm qu'il allait l'embrasser. D'un autre côté, elle n'avait jamais été douée pour deviner ses intentions et, après deux ans d’éloignement, il était presque redevenu un inconnu.

Presque.

Le garde était entré derrière Margaret.

— Vous avez terminé ?

Lachlan répondit avant elle :

— Presque. Donnez-nous encore quelques minutes.

Bella manqua de pouffer en entendant son ton affecté.

C'était censé imiter un prêtre ? Il n'avait pas une once de piété en lui. Même avec le capuchon rabattu sur son visage et son effort pour voûter le dos en prenant un air inoffensif, Lachlan MacRuairi ne pouvait se débarrasser de sa présence physique intimidante. Il restait un guerrier endurci et brutal. Perversement, c'était l'un des aspects qui l'avaient attirée vers lui.

Margaret s'arrêta net.

— Je vous demande pardon. Je ne voulais pas vous interrompre. Je reviendrai...

— Non ! l'arrêta aussitôt Bella

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Il aurait dû être soulagé de voir qu'elle avait encore du répondant après tout ce qu'elle avait vécu. Néanmoins, pour le moment, il n'était pas d'humeur à supporter les défis.

Elle renversa la tête en arrière et le toisa avec toute sa morgue de comtesse.

- A moins que vous n'ayez simplement eu peur pour votre peau, maintenant que vous touchez presque au but.

- Qu'est-ce que vous racontez encore ?

- C'est bien votre dernière mission, non ?

- Qui...

Il s'interrompit, puis devina.

Seton. Il allait encore devoir s'expliquer avec ce maudit chevalier.

- C'était censé être un secret ?

- Non.

Il aurait simplement préféré attendre de l'avoir remise entre les mains de Bruce avant de le lui dire.

- C'est donc vrai ?

- Oui.

Elle le dévisageait comme si elle attendait qu'il lui explique pourquoi. Il n'avait pas à se justifier et ne lui devait aucune explication.

- vous allez donc larguer les amarres sans un regard derrière vous ?

C'était exactement ce qu'il comptait faire. Il serra les dents.

- J'ai conclu un accord pour trois ans. Les trois ans sont pratiquement écoulés.

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