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La vie revenait.
L’arbre commençait à bourgeonner.
Une unique feuille poussait à l’extrémité d’une branche nue, petite tache d’un vert jaunâtre agitée par le vent.
Assis en tailleur au-dessous d’elle, l’ermite méditait.
Immobile et silencieux, il veillait depuis deux jours, attendant l’instant propice.
Sa chemise, son pourpoint, ses braies et ses cuissardes de cuir étaient uniformément noirs, assortis à la teinte de ses yeux et à celle de ses cheveux attachés en une tresse qui lui tombait jusqu’à la taille. Malgré la coutume qui voulait que les hommes adultes portent une barbe, son menton était rasé de près.
Afficher en entierQuelques mois plus tard, la prédiction de Leandor se vérifia.
Malgré son exil à Vaynor, une contrée désertique située dans le Sud lointain, Avoch-Dar prospéra. Il continua d’arpenter les chemins de la nécromancie et de la magie noire, accroissant sa maîtrise de la sorcellerie et utilisant ses talents infernaux pour se construire un empire de ténèbres.
Très vite, il fut rejoint par des fidèles dépravés, des hommes qui désapprouvaient le règne bienveillant d’Eldrick et aspiraient à sa chute. Leurs rangs se gonflèrent de créatures inhumaines, d’êtres cauchemardesques et de hordes de morts-vivants appelés en renfort depuis les mondes de l’au-delà par les vils talents d’Avoch-Dar.
Afficher en entierL’atmosphère du grand hall de Torpoint était chargée d’électricité.
Les courtisans, les gardes, les domestiques, les conseillers et divers autres fonctionnaires qui s’étaient rassemblés là attendaient, frémissant d’impatience, le jugement de leur monarque.
Assis sur son trône surélevé, le roi Eldrick de la Lance, souverain de Delgarvo, était plongé dans une sévère méditation. Il était déjà très âgé, comme en témoignait sa barbe d’un blanc neigeux. Mais la moitié de sa vie passée à défendre le royaume en tant que guerrier avait forgé son corps comme le feu forge l’acier, et bien des hommes plus jeunes auraient envié sa vigueur.
Afficher en entierDes gouttelettes de sueur perlaient sur le front du magicien alors qu’il se concentrait sur son rituel.
Suivant les instructions à la lettre, il toucha chacun des symboles avec la pointe de son épée dans l’ordre exact et récita les paroles de l’incantation avec précision.
Et pourtant, il commençait à comprendre que son sort ne fonctionnerait pas.
Il tenta de maîtriser son impulsivité, d’endiguer la déception qui l’envahissait à l’idée d’un nouvel échec.
Son pouvoir était déjà considérable, mais encore insuffisant pour lui permettre de réaliser ses ambitions, et son impatience croissait.
Mais pour obtenir la puissance supplémentaire à laquelle il aspirait, il devait « les » faire revenir. Et même lui ne possédait pas la compétence nécessaire à un tel exploit.
Il foudroya du regard la pile de grimoires. Ils lui étaient inutiles. Seul le livre contenait les connaissances dont il avait besoin : le secret qui lui permettrait d’écarter le voile séparant ce monde de la dimension où ils habitaient.
Le livre était la clé qui leur permettrait d’entrer.
Malgré son instinct qui le prévenait qu’il allait échouer, le sorcier décida d’achever le rituel. Il focalisa sa volonté.
Et se laissa réconforter par l’idée qu’au moins l’un de ses ennemis potentiels ne pourrait plus le gêner d’ici à la fin de la nuit.
Afficher en entierIls étaient quatre.
Ils étaient forts, impitoyables et armés jusqu’aux dents. Ils étaient l’élite de la Fraternité des assassins, experts dans l’art du meurtre, les meilleurs tueurs que l’or puisse acheter.
Ils avaient planifié leur embuscade jusque dans le moindre détail. Ils avaient l’avantage de la surprise, et les ténèbres les dissimulaient.
Ils connaissaient la réputation de Dalveen Leandor, mais cela ne les troublait pas outre mesure. Ils savaient qu’il serait seul et qu’il n’était, après tout, qu’un homme. Ils ne voyaient pas de raison de le craindre.
Ils n’avaient pas la moindre chance.
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