Extraits

Personnellement, je pense que l'humanité est arrivée au terme de son développement. Nous détruisons la planète. Nous trouvons toujours de bonnes raisons de nous massacrer. Le mauvais dieu. La mauvaise couleur de peau. Le mauvais sexe. Pour tout dire, je suis surprise que l'Histoire, à force de supporter nos conneries, n'ait pas eu envie de brandir son épée enflammée pour tous nous renvoyer dans des cavernes enneigées, à nous nourrir de mammouth pas assez cuit. Et encore, c'est plus que ce qu'on mérite.

Pas étonnant qu'on ne soit toujours pas foutus d'envoyer des humains sur Mars. Je soupçonne l'Univers de tout faire pour nous empêcher d'aller contaminer d'autres planètes avec notre stupidité. Il nous oblige à rester sur celle-ci, où tout ce que l'on peut détruire, c'est nous-mêmes.

Le commandant Guthrie estime qu'ils seront environ six fois plus nombreux que nous...

Autour de moi, les têtes se sont brusquement levées, et Peterson a fait :

- Hmm...

- Donc ce que je veux dire, a poursuivi Markham, c'est que le premier qui en a déglingué six revient préparer le thé.

Il y a eu un silence surpris, puis quelqu'un a ri et Mme Partridge, cette femme merveilleuse, a levé le bras et dit :

- Lait et deux sucres pour moi, s'il vous plaît.

De nouveaux rires ont fusé, et soudain, ça a commencé.

Une heure plus tard, nous avions accompli le rituel ancestral des membres de Ste Mary en temps de crise, qui consiste à absorber des litres et des litres de thé. Vous pouvez vous moquer, mais ça fonctionne. Car il ne s'agit pas seulement de le boire. Il faut d'abord faire bouillir l'eau, infuser les feuilles, critiquer en silence la quantité de sucre versé, souffler dessus...Tout cela prend du temps et si vous êtes un membre de Ste Mary doté des capacités de concentration d'une haie de troènes, une fois le rituel terminé, vous avez oublié la cause de vos problèmes.

- Ça fait mal ?

- Non, a-t-il répondu, comme l'homme qu'il s'efforçait d'être. Ayant terminé avec la crème, je lui ai tendu son tee-shirt, mais il n'a pas bougé.

- Tu veux que je t'aide à te relever ?

- Tu peux me laisser une minute ?

- Que se passe-t-il ?

- Ce n'était pas censé diminuer les tensions ?

J'ai relu l'étiquette.

- Si. Pourquoi ?

- Je vais devoir écrire une lettre de réclamation, je crois.

- Pourquoi ? Tu as toujours mal ?

Silence.

- Oui, a-t-il fini par grommeler. On n'a qu'à dire ça.

Il avait survécu, naturellement. Il n'avait pas le choix. Qui veut voir écrit sur son acte de décès : "Impact fatal avec le cul d'un cheval" ?

Toc toc.

Qui est là ?

Missy.

Missy qui ?

Missy beaucoup.

Je ne sais pas qui vous êtes, mais je vais vous dire une chose. Si vous n'êtes pas Maxwell, alors vous feriez bien d'apprendre à l'être, car s'il y a une chose dont cet institut a besoin en ce moment, c'est d'une Maxwell, quelle qu'elle soit.

Des rêves sombres. Des rêves qui n'étaient pas venus me hanter depuis des années. Un cortège impitoyable d'images de mon passé. Et j'avais beau courir, me débattre, me tourner, je ne pouvais pas fuir. Je ne pouvais pas fuir à l'époque, je ne pouvais pas fuir aujourd'hui. Rien ne disparaît. Les souvenirs se tapissent, attendent que vous soyez trop faible pour les réprimer plus longtemps, et jaillissent sous forme de pensées et d'images incontrôlables. Chaque détail est examiné. Chaque souvenir. Chaque peur. C'est le problème quand on enferme des choses- on ne les use jamais.

Nous étions fatigués, sur les nerfs et blessés, autant dire que les conditions étaient idéales pour essayer d’avoir une discussion posée pendant laquelle les deux participants pourraient exprimer calmement leur point de vue dans une atmosphère de tolérance et de respect mutuel.