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Les Coltons, Tome 6 : La Loi de la passion



Description ajoutée par AMETHYST 2015-05-04T16:41:38+02:00

Résumé

Leur famille est riche, puissante, respectée. Leur nom symbolise la réussite, la chance, l'amour. Mais une tentative d'assassinat va soudain menacer l'empire des Coltons...

La loi de la passion (Ruth Langan):

(Titre original: Passion's law)

Lorsqu'elle arrive au ranch Coltons, Heather McGrath se sent pleine d'enthousiasme. Certes, il lui fait passer sur l'accueil glacial et désagréable de sa tante - tout le monde le sait, depuis des années, que Meredith Coltons n'est plus elle-même - mais son oncle Joe l'accueille à bras ouverts et compte sur elle pour remettre un peu d'ordre dans ses affaires. Ainsi, pendant quelques temps, Heather pourra à la fois se rendre utile et échapper à cette vie mondaine, désespérément factice et vide, qui plaît tant à sa propre mère.

Mais c'est compter sans la présence constante dans la maison de Chad Law, le policier que Joe Coltons a engagé pour les protéger, lui et sa famille. Chad, en effet, ne cache pas la méfiance qui les inspirent les femmes "dans son genre", habituées depuis l'enfance au luxe et à l'argent facile. "Cinq dollars, lui dit-il, qu'une fille comme vous ne tiendra pas deux semaines dans ce trou perdu !"

Cinq dollars ? Heather n'en a effectivement que faire. Mais le défi, à lui seul, vaut peut-être qu'on s'y intéresse !

Ce livre "La loi de la passion" est le Tome n° 6 de la série "Les Coltons" dans la collection Saga des éditions Harlequin (dans l'ordre):

-Tome 1: Le Clan Menacé (Kasey Michaels)

-Tome 2: Les secrets du passé (Linda Turner)

-Tome 3: Les ombres de la gloire (Sharon de Vita)

-Tome 4: Un refuge pour une héritière (Judy Christenberry)

-Tome 5: Une dangereuse révélation (Victoria Pade)

-Tome 6: La loi de la Passion (Ruth Langan)

-Tome 7: Soupçons et mensonges (Laurie Paige)

-Tome 8: Une famille cachée (Carolyn Zane)

-Tome 9: Héritiers du destins (Karen Hughes)

-Tome 10: L'amour sans condition (Sandra Steffen)

-Tome 11: Une liaison sous contrat (Carla Cassidy)

-Tome 12: Une famille pour toujours (Kasey Michaels)

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Classement en biblio - 8 lecteurs

extrait

** Extrait offert par Ruth Langan **

1.

— Hé ! Reviens parmi nous !

Au volant de sa confortable limousine, Peter McGrath, responsable en chef des finances de Coltons Entreprises, négocia tranquillement un virage tout en observant du coin de l’œil sa fille Heather qui, pensive, laissait son regard glisser sur les rugueuses falaises qui longeaient l’océan. La voiture remontait vers le nord de l’Etat.

— Alors, me diras-tu à quoi tu penses, mon chou ?

— A rien de spécial. Je suis toujours surprise par la différence de paysage entre San Diego et les abords de San Francisco. C’est tellement grand, la Californie…

— Ton oncle Joe est ravi que tu viennes l’aider à mettre un peu d’ordre dans ses affaires. J’espère que tu ne regrettes pas ta décision…

— Pas le moins du monde, bien au contraire ! Je suis vraiment heureuse de passer quelque temps ici. J’adore la beauté sauvage du bord de mer. Et tu sais que je me plais au ranch. Quant à oncle Joe, rien ne me fait plus plaisir que de l’aider. Ne t’inquiète pas, j’y vais sans aucune arrière-pensée.

L’enthousiasme de sa fille rassura Peter. Il trouvait en elle l’écho de la profonde affection qui l’unissait à Joe. Ce que Peter était devenu, il le devait en grande partie à son frère adoptif. Grâce à Joe Coltons, il avait pu fréquenter la meilleure université. Joe, fier de ses dons en mathématiques, l’avait poussé à faire de brillantes études et lui en avait donné les moyens financiers. Frais émoulu de Stanford, Peter s’était fait embaucher à la comptabilité du Service Expéditions de l’entreprise Coltons, tout heureux de débuter au plus bas niveau et d’avoir ainsi l’occasion de prouver sa valeur. Ce qui n’avait pas tardé : comme il excellait à trouver les points faibles des dispositions territoriales concernant l’impôt des entreprises, ses supérieurs l’avaient remarqué et ne perdaient pas une occasion de chanter ses louanges. Son nom était bientôt revenu aux oreilles de Joe, qui n’attendait que cela pour lui ouvrir toutes grandes les portes du Département Finances. Ainsi, très vite, Peter avait gravi les échelons jusqu’au poste clé qu’il occupait actuellement, et il était heureux de rendre à Joe, par sa vigilance et son sens des affaires, tous les bienfaits dont son frère adoptif l’avait comblé.

Le lien entre les deux hommes était d’une qualité très spéciale, de celle qui avait toujours manqué aux relations entre Joe et son frère de sang Graham.

Peter posa une main affectueuse sur celle de sa fille.

— Je suis pleinement rassuré. Et je n’en attendais pas moins de toi, ma chérie.

Il engagea la voiture dans la longue allée familière qui menait au ranch et s’arrêta devant l’imposante maison couleur de sable, bâtie à la mode espagnole.

— Bienvenue à l’Hacienda del Alegria, dit Peter en éteignant le contact.

— La Maison de la Joie, traduisit Heather en souriant.

Le sourire, qui creusait ses fossettes, ne se répercuta pas sur le visage de Peter, soudain plus sombre.

— Hélas, ces derniers temps, la maison porte mal son nom… On dirait que toute joie l’a désertée.

Heather devinait l’allusion. Peter évoquait l’anniversaire de Joe. Au beau milieu de la soirée donnée en son honneur, on avait attenté à la vie de Joe Coltons. C’était choquant et terrifiant… Heather prit le bras de son père, comme pour détourner le cours de ses pensées.

— Nous pouvons peut-être remédier à cela, dit-elle d’un ton encourageant.

Meredith Coltons, la femme de Joe, était apparue à l’entrée. A leur approche, son regard se fit coupant.

— Que venez-vous faire à l’hacienda ?

— Bonjour, Meredith.

Peter s’était avancé pour l’embrasser mais elle se recula, évitant tout contact.

— Joe nous attend, dit-il sans insister.

— Pour affaires, je présume.

— En partie. Mais je te rappelle que nous sommes sa famille, et que lorsqu’il a besoin de nous, nous répondons présent.

Elle se détourna sans paraître entendre. Et sans accorder la moindre attention à Heather.

— Vous trouverez Joe dans son bureau. Il y passe sa vie, ces jours-ci.

Sur ce, elle les abandonna, sans plus de cérémonie. Père et fille échangèrent un regard lourd.

— Eh bien, pour un accueil chaleureux…, murmura Heather.

— Il fallait s’y attendre, ma chérie.

Peter glissa un bras protecteur autour des épaules de sa fille.

— Joe et elle se sont sûrement disputés, encore une fois. On dirait qu’ils ne savent plus faire autre chose… La tension de ces dernières semaines n’arrange rien.

Inès, la gouvernante, apparut pour les conduire au bureau de Joe. Ils traversèrent un patio central où chantait une fontaine au milieu d’une profusion de bacs fleuris, pour atteindre un grand corridor, à la fraîcheur bienvenue. Une porte imposante en occupait le fond. Son double battant de bois s’ornait de sculptures élaborées.

La gouvernante frappa, ouvrit les lourds battants et s’effaça pour les laisser entrer.

— Joe !

Peter avait retrouvé le sourire, plus radieux que jamais à la vue de son frère. Joe Coltons n’était peut-être pas son aîné par les liens du sang, mais Peter l’avait toujours pris pour modèle et lui vouait une indéfectible affection.

Joe repoussa son fauteuil et contourna le bureau massif, les bras grands ouverts.

— Peter ! Je guettais ton arrivée. J’avais hâte de te revoir !

Il serra Peter contre son cœur, puis, le tenant à bout de bras, s’écarta un peu pour considérer celui qu’il avait quasiment élevé.

— Tu as l’air en pleine forme !

— Merci. Je te retourne le compliment.

Joe se tourna vers Heather, qu’il embrassa chaleureusement.

— Bonjour, ma jolie. C’est vraiment gentil à toi de venir m’aider.

— J’en suis la première ravie, oncle Joe, dit-elle en le serrant dans ses bras.

Le maître de maison prit la main de sa nièce entre les siennes et ils se dirigèrent vers le fond de la pièce où se trouvait le bureau. Ce fut à cet instant que Heather vit qu’ils n’étaient pas seuls.

Un homme venait de se lever, dans la pénombre d’un angle où étaient disposés des fauteuils de cuir à haut dossier. Il les regardait avec une tranquille intensité qui déconcerta Heather.

— Chad, laissez-moi vous présenter Peter McGrath, mon jeune frère.

Joe saisit le regard interrogateur de l’homme et s’empressa d’ajouter :

— Nous ne portons pas le même nom car nous ne sommes pas du même sang, mais le lien est d’autant plus fort. Qu’en penses-tu, Peter ?

— J’aurais dit la même chose, acquiesça Peter d’un énergique hochement de tête. Bien plus solide que tous les liens du sang !

— Peter, voici Chandler Thaddeus Law, inspecteur principal de police.

Les deux hommes échangèrent une poignée de main.

— Inspecteur de police ? Y aurait-il eu d’autres alertes ?

Joe tranquillisa son frère d’une légère tape sur le bras.

— Pas de quoi fouetter un chat. Mais il y a un ou deux points dont je préfère discuter avec un professionnel. Chad, fit-il en serrant Heather contre lui, cette jeune personne est la fille de Peter, Heather. Elle a accepté de venir s’enfermer quelque temps avec son vieil oncle et me servira d’assistante.

— Mademoiselle…

Heather reçut de plein fouet le regard perçant. Comme si cet homme la disséquait, millimètre par millimètre, sans rien laisser échapper.

Elle plaqua un sourire sur son visage et tendit la main.

— Inspecteur…

Sa main fine disparut dans la ferme étreinte, et Heather ressentit un afflux de chaleur qui la décontenança. Elle leva les yeux, cherchant à savoir s’il en était de même pour lui. Il détourna abruptement le regard et Heather en fut réduite à étudier son profil.

Des cheveux de jais, coupés dans le style militaire, découvraient un front large. La mâchoire était carrée, énergique. L’ensemble des traits, le visage taillé à la serpe annonçaient la détermination.

Même si rien en lui n’évoquait une beauté classique, il en imposait, et pas seulement à cause de sa taille. C’était plutôt son air résolu en même temps qu’insondable qui devait lui valoir le respect au premier coup d’œil. Même en l’absence d’uniforme, on ne pouvait s’y méprendre : il appartenait à la police, et mieux valait ne pas s’y frotter.

La voix était grave, il parlait sur un ton de commandement qui ne laissait aucun doute : cet homme était plus habitué à donner les ordres qu’à en recevoir.

— Je vais étudier les paramètres que vous m’avez fournis, sénateur, et nous pourrons en reparler demain.

— Allons, Chad, un peu de simplicité entre nous ! Laissez tomber le « sénateur » ; cela fait beau temps que cette page de ma vie est tournée. Appelez-moi Joe, vous me ferez plaisir.

L’inspecteur répondit au sourire de Joe par un signe d’assentiment.

— Parfait… Joe. A présent, je vais jeter un coup d’œil à votre système de sécurité, au cas où il présenterait quelques failles. Je vous retrouverai plus tard.

Les deux hommes se serrèrent la main. Sur le pas de la porte, Chad se retourna et le laser de son regard transperça une fois de plus Heather. Elle tressaillit et une vive rougeur envahit ses joues. Certainement parce qu’il l’avait surprise à le regarder…

Peter attendit qu’ils fussent seuls pour demander :

— Que se passe-t-il, Joe ?

— Rien de grave, je te l’ai dit, répondit son aîné en haussant les épaules. Chad a été un des premiers policiers arrivés sur les lieux lors de la tentative d’assassinat. Et depuis, il s’obstine à passer la propriété au peigne fin, pour trouver les indices qui pourraient avoir échappé à l’enquête. Manifestement, il n’est pas satisfait des résultats initiaux. Je dois dire que j’apprécie sa façon de travailler. Il y a deux ou trois choses que j’aimerais bien vérifier avec lui.

La voix de Peter baissa d’un ton.

— C’est bien ce que je pensais… Tu te fais du souci, Joe.

Un rire bref lui répondit.

— Du souci, moi ? Allons, viens plutôt prendre un verre, Peter. Ensuite, nous déjeunerons sur le patio.

Il ouvrit un petit meuble-buffet, en retira un flacon de cristal taillé.

— Heather, te joindras-tu à nous ?

Sa nièce fit un signe de dénégation.

— Je ne crois pas, merci, oncle Joe. Je suis tentée par une promenade sur ta magnifique propriété, pour me remettre tous les lieux à la mémoire. Je vous rejoindrai pour le déjeuner.

D’un pas nonchalant, elle gagna la cour intérieure. Le soleil jouait sur le jet d’eau de la fontaine et Heather s’arrêta pour contempler la scène. Une dentelle de lierre courait autour du patio, mettant en valeur les corolles multicolores des fleurs. Le frais carrelage, le murmure des gouttelettes, tout concourait à créer une impression de paix sereine, d’un charme reposant.

Elle déambula jusqu’au salon, prenant tout son temps. La baie vitrée découvrait une perspective superbe, les collines verdoyantes déroulaient leur tapis luxuriant à perte de vue. Les bras croisés, Heather admira longuement le paysage. Elle se sentait si bien ici. Tout était… si calme, si parfait.

Il était presque impossible d’imaginer qu’au sein de toute cette perfection couvait une telle hostilité. Et tant de souffrance… Des années plus tôt, il y avait eu la mort d’un des fils d’oncle Joe, et l’accident de Meredith. Puis, plus récemment, cet attentat contre lui suivi de peu par la disparition de sa fille. Jusqu’alors, personne n’avait été arrêté. Et son oncle, avec le panache dont il était coutumier, avait décidé de minimiser les événements, sans doute pour tranquilliser sa famille.

Mais Heather n’était pas dupe. L’angoisse régnait dans le cœur de son oncle, même s’il le cachait soigneusement et semblait décidé à poursuivre le cours de sa vie comme si de rien n’était. Plus que pour lui encore, il avait peur pour les siens, et il consacrait toute son énergie à la recherche d’Emily dont on n’avait toujours pas retrouvé la trace.

Pas plus que sa fille, Peter ne prenait à la légère les menaces qui pesaient sur son frère. Son inquiétude avait largement contribué à la décision de Heather. Si, par sa présence, elle pouvait contribuer à alléger le fardeau, elle était prête à rester autant qu’il le faudrait. Et son oncle avait réellement besoin d’elle.

Quant à la froide réception de sa tante, Heather était bien décidée à n’en tenir aucun compte. Tout le monde avait remarqué combien Meredith avait changé au cours des dernières années. Elle s’était refermée sur elle-même, crispée sur un égoïsme dévastateur. Heather se contenterait de maintenir entre elles la distance nécessaire, ce qui lui laisserait plus de temps pour veiller aux besoins de son oncle.

Elle s’y connaissait déjà bien en affaires. A la sortie de l’université, elle avait travaillé pour son père au département Finances de Coltons Entreprises. Elle s’y était montrée efficace, rapide dans la manipulation des chiffres, et d’un jugement sûr. Rien ne lui était impossible quand elle avait décidé de s’y attaquer.

Heather soupira, laissant son esprit dériver vers ce qu’elle quittait. Un mode de vie convivial et charmant, qui était celui de sa famille, auquel on s’habituait presque trop facilement… Sa mère avait déjà remarqué plusieurs jeunes gens qu’elle considérait comme des gendres potentiels. Les amis de Heather trouvaient ces manœuvres extrêmement amusantes, d’autant que la jeune femme avait été fiancée deux fois et que deux fois elle avait rompu, au bout de quelques semaines. De quoi alimenter bien des conversations… Mais Heather leur avait soigneusement caché la peine et la confusion qui s’en étaient suivies. Comment auraient-ils pu comprendre ? Elle nourrissait des attentes secrètes, que la vie facile et toute tracée par sa famille ne suffirait pas à combler. Personne, pas même Austin, son frère adoré, n’aurait pu partager ses rêves.

Austin… Comme elle souffrait pour lui ! Elle était probablement la seule à deviner la peine cachée derrière le visage maussade et renfrogné qu’il arborait jour après jour. Un cœur brisé ne se réparait pas si vite. Et avec son instinct de femme, Heather savait qu’il lui faudrait lutter pour trouver sa propre voie dans le labyrinthe qu’était devenu sa vie…

Elle avait décidément bien fait de venir ici. Bien sûr, c’était d’abord pour aider son oncle. Mais cela lui fournirait une pause bienvenue dans une vie qui tournait en rond, sans autre but que les soirées multiples, les invitations — tout un fourmillement d’activités qui ne menaient nulle part. Une frénésie compliquée par les projets de sa mère, songea tristement Heather. Il fallait qu’elle lui trouve l’homme idéal, celui qui s’intégrerait sans à-coups à leur vie aisée, à leurs privilèges… Quant à son père, il l’idolâtrait au point d’exaucer ses moindres désirs, prêt à tout lui fournir sur un plateau d’argent. Ce n’était pas ce que souhaitait Heather.

Le problème était d’ailleurs de savoir exactement ce qu’elle voulait… En revanche, elle savait parfaitement ce qu’elle refusait : une existence inutile, comme en menaient ceux qui l’entouraient. Et même si elle adorait ses parents, elle désirait vivre autre chose que la vie sociale effervescente qui absorbait sa mère.

Sa tante Meredith lui offrait une autre image, qu’elle rejetait encore plus vigoureusement : celle de la femme égocentrique, recherchant sa propre satisfaction aux dépens de celle des autres. Du fond du cœur, Heather souhaitait autre chose. Une plus grande simplicité. Des rapports plus vrais. Et cette parenthèse passée à travailler au côté de son oncle, sans influences extérieures, pourrait se révéler un parfait antidote. Exactement ce dont elle avait besoin.

Depuis combien de temps était-elle là, perdue dans ses pensées ? Une éternité… Heather ne s’en rendit compte qu’en percevant soudain une présence derrière elle. Elle se retourna vivement : Chad Law la fixait, sourcils froncés.

— Inspecteur ! Je ne vous avais pas entendu entrer…

La surprise avait coloré ses traits. Et sa voix… Chad en avait remarqué le timbre légèrement voilé, tout à l’heure dans le bureau de son oncle. Il l’avait tout d’abord attribué à de l’énervement ou à la fatigue du voyage. Mais il s’était trompé, et cela l’intriguait. La réflexion accentua la ride entre ses sourcils et, sans y prendre garde, il s’approcha. Un mètre à peine les séparait.

Plus il avançait, plus Heather aurait voulu reculer. C’était stupide, elle le savait, mais un sentiment aussi fort ne pouvait être ignoré : elle devait rester hors d’atteinte. Cet homme la mettait mal à l’aise, et c’était d’autant plus curieux que la présence masculine ne la dérangeait pas… d’habitude. Mais bien sûr, les hommes qu’elle rencontrait en temps ordinaire n’avaient rien à voir avec celui-ci.

Tout d’abord, alors même qu’elle ne se considérait pas comme petite, il lui fallait relever la tête pour le regarder. Il devait mesurer près d’un mètre quatre-vingt-dix. Des épaules carrées, une poitrine tout en muscles… Pour un homme aussi bien bâti, il déployait une souplesse presque féline dans chacun de ses mouvements.

— Désolé, je ne voulais pas vous effrayer.

Sa voix était basse, profonde, relevée d’un soupçon d’impatience.

— Vous auriez pu vous annoncer, rétorqua Heather.

Elle avait la nette impression qu’il l’observait depuis un moment déjà. N’avait-elle pas perçu une légère contrariété quand elle s’était retournée ?

— Et ce faisant, j’aurais interrompu votre méditation…

C’était bien cela. Il admettait l’avoir observée.

Il fit encore un pas, la soumettant à l’inquisition de son regard. Heather devait reconnaître qu’il avait sur elle un effet des plus étranges. Dans le bureau de son oncle, à l’abri du soleil, elle avait cru ses yeux noirs. Mais ici, en pleine lumière, ils lui apparaissaient d’un incroyable bleu cobalt.

Une brise légère s’insinua par la baie entrouverte et, jouant dans les cheveux de Heather, amena une mèche sur son visage. Impulsivement, Chad avança la main pour la remettre en place. Il effleura sa joue. Cela n’avait duré qu’un centième de seconde, mais une intense secousse se propagea dans tout le corps de Heather avec la force d’une décharge électrique.

Absorbant le choc, elle se contraignit à une parfaite immobilité, et seuls ses yeux trahissaient le tremblement intérieur qui l’agitait. Elle joignit les mains, les pressant l’une contre l’autre pour s’empêcher de vaciller.

Avait-il éprouvé quelque chose, lui aussi, ou était-elle la seule ? Elle leva très vite les yeux vers lui, assez rapidement pour saisir une hésitation, un plissement des paupières. Suffisamment prononcé pour qu’elle comprenne : il n’était pas aussi détaché qu’il voulait bien le laisser paraître.

Il se racla la gorge.

— Si j’ai bien compris, vous allez habiter ici ?

Heather se contenta d’un signe affirmatif, ne faisant aucune confiance au son de sa voix après ce qu’elle venait de ressentir.

— Pour combien de temps ?

Cette fois, elle ne pouvait esquiver une réponse. Espérant avoir repris le contrôle d’elle-même, elle se lança.

— Je… A vrai dire, je ne sais pas.

Affronter son regard était presque trop pénible. Heather se détourna avant de reprendre :

— Je présume que je resterai tant que mon oncle aura besoin de moi.

— Besoin de vous ? Pourquoi donc ?

— Il ne quitte pratiquement plus l’hacienda depuis…

Le mot d’« attentat » ne put franchir ses lèvres.

— Depuis le soir de son anniversaire. Il lui faut quelqu’un pour maintenir le contact avec ses collaborateurs. Je connais bien ce genre de travail, et je lui ai offert mon aide. Je serai son assistante, en quelque sorte.

— Je vois.

Il jeta un regard alentour.

— L’endroit est isolé. En avez-vous tenu compte ?

— C’est cela qui fait son charme, non ?

— Pendant une semaine ou deux, on peut trouver cela charmant. Puis on s’aperçoit que la première boutique de luxe est à plus d’une heure, qu’il est difficile de trouver un restaurant trois étoiles… Le coin commence à perdre son attrait. Combien de temps pensez-vous tenir, mademoiselle McGrath ?

— Le temps qu’il faudra pour régler les affaires de mon oncle.

— Même si cela prend des mois ?

Heather leva un sourcil mécontent.

— Bien sûr ! Qu’est-ce qui vous permet d’en douter, inspecteur ?

— L’expérience. D’ici à une semaine, quinze jours au plus, vous n’y tiendrez plus. Il vous faudra retourner d’urgence à la civilisation…

— C’est ce que vous croyez ! Seriez-vous prêt à tenir le pari ?

Pour la première fois, un semblant de sourire joua sur les lèvres de Chad. Une note d’humour, peut-être.

— Seriez-vous en train d’inciter un policier dans l’exercice de ses fonctions à parier ?

— Pourquoi pas ? Vous avez peur de perdre ?

Il fixait toujours Heather.

— Etes-vous femme à prendre des paris, mademoiselle McGrath ?

— Ce ne serait pas mon premier enjeu, figurez-vous.

— Cela ne m’étonne pas.

Il la jaugea d’un regard rapide qui lui fit monter le feu aux joues.

— Dans ces conditions, essayons celui-ci. Je vous parie cinq dollars que, d’ici à quinze jours, l’ennui vous aura fait craquer et que vos valises seront prêtes. Tenu ?

Elle regarda la main tendue, puis de nouveau les yeux moqueurs.

— Bien sûr ! Comment puis-je résister à cinq dollars si aisément gagnés ? Marché conclu, inspecteur.

Spontanément, elle mit sa main dans la sienne pour sceller l’accord et, trop tard, se rappela l’effet dévastateur de sa première étreinte. La chaleur avait surgi de nouveau, comme une injection d’adrénaline dans ses veines. Elle tenta de retirer sa main mais Chad l’attira plus près, jusqu’à ce que ses lèvres soient à un centimètre des siennes.

— Mes amis m’appellent Chad.

— Je ne vois pas en quoi cela me concerne.

Heather brûlait de détourner les yeux mais elle n’allait certainement pas lui donner cette satisfaction. Elle s’obligea à affronter le regard bleu d’acier.

— Je nous vois mal devenir amis, je vous appellerai donc inspecteur Law… Alors qu’en pensez-vous, inspecteur ? Préférez-vous régler votre pari tout de suite, ou allez-vous me faire attendre quinze jours ces cinq malheureux dollars que vous avez de toute façon perdus ?

Il eut un petit rire. Au moins, il pouvait lui accorder cela : elle ne pliait pas facilement.

— Vous n’avez rien gagné encore, mademoiselle McGrath. Quant à moi, il me semble que mon travail vient de prendre une tournure des plus intéressantes.

— Votre travail ? Mais comment…

Elle retira prestement sa main, alertée par le ton ironique de sa voix.

— Vous… vous travaillez ici ? Je croyais que vous veniez juste pour une visite de routine !

— Navré de vous décevoir, mais je vais passer pas mal de temps à l’hacienda.

Pour la première fois, Heather remarqua le petit bloc-notes qui dépassait de sa poche de poitrine. Sa voix perdit son assurance.

— Cela veut-il dire… qu’il se passe quelque chose de grave, inspecteur ?

Le visage de Chad se ferma, soudain indéchiffrable.

— Je ne suis pas libre d’évoquer avec vous ce qui m’amène ici, mademoiselle McGrath. Votre oncle est mon seul interlocuteur. Désolé.

Heather se mordit la lèvre. La censure qu’il imposait à ses propos était vexante, bien qu’évidemment nécessaire. Chez n’importe qui d’autre, une telle phrase relèverait de l’arrogance. Pourtant, Heather sentait qu’il en allait différemment pour Chad Law. Cet homme parlait net, et cette franchise comportait une certaine dose de rudesse. Sans doute élevait-il un mur entre lui et tout civil qu’il croisait en service.

— Je comprends. Eh bien…

Elle s’écarta. Un peu d’espace lui était nécessaire pour reprendre ses esprits.

— Je ne veux pas vous retenir plus longtemps, inspecteur.

Au lieu de la laisser aller, il se pencha vers elle, presque intimidant.

— Pas inspecteur. Chad. Je vous l’ai déjà dit. Est-ce si difficile d’essayer ?

La touche d’humour démentait la menace de son attitude.

— Pourquoi tenez-vous absolument…

Heather vit une lueur d’ironie danser dans son regard et elle se reprit.

— D’accord. Après tout, pourquoi pas ? A une prochaine fois, Chad. Je présume que je vais vous revoir sous peu.

— Vous pouvez y compter, mademoiselle McGrath.

— Heather… pour mes amis.

Il ne répondit pas tout de suite, prenant son temps pour savourer le mordant de sa repartie.

— Vous pouvez compter sur moi, Heather.

Il demeura un moment encore, comme s’il évaluait la tension presque palpable qui s’était installée entre eux. Enfin, il tourna les talons.

Heather le suivit des yeux. Sa démarche avait une allure animale. On aurait dit un fauve sur la trace de quelque pauvre proie, inconsciente encore du sort qui l’attendait. Oui, c’était exactement cela…

Heather frissonna, puis respira à fond. Elle s’assura que ses jambes pouvaient de nouveau la porter et, résolument, se dirigea dans la direction opposée à celle de Chad Law. Si elle voulait éviter quelque chose, c’était bien de croiser encore son chemin. Elle ne tenait surtout pas à lui servir de proie.

Cet homme était dangereux. Insondable, comme ceux qui en ont trop vu. Et les secrets qu’il renfermait, il ne les partageait sans doute avec personne.

* * *

Chad se dirigea vers le bureau de Joe. Au passage, machinalement, il évaluait le dispositif de sécurité, notant les emplacements des capteurs sensoriels disposés dans les couloirs. Mais son esprit restait fixé sur Heather McGrath. Lorsqu’elle était apparue dans le bureau de Joe Coltons, il s’était figé, tel un collégien devant une apparition trop belle pour lui. Il est vrai qu’elle semblait trop belle, trop parfaite. Une sorte d’idéal — le rêve que tout homme porte au fond de lui. Grande, souple comme une branche de saule, avec de grands yeux bleus et un petit nez retroussé. Son sourire lui creusait d’adorables fossettes. Et ses cheveux… Blonds, lisses, on aurait cru un écheveau de soie.

Il avait fallu qu’il les touche. Juste pour s’assurer de leur douceur… L’incroyable choc qu’il avait éprouvé en valait la peine. Une telle chevelure était une invite au toucher, et il aurait voulu y égarer ses mains.

Ses lèvres aussi représentaient la tentation, si parfaitement pleines et dessinées. Il avait été choqué par l’urgence ressentie, comme si rien d’autre ne comptait que de l’embrasser, boire à ses lèvres, se rassasier d’elles.

Et quand il l’avait approchée, un parfum de roses et de pétales froissés l’avait fait frissonner. Sa proximité était enivrante, la tête lui tournait presque.

Pareille femme pouvait vous faire perdre l’esprit. Heureusement qu’il avait disposé de quelques minutes pour l’étudier avant qu’elle ne s’aperçût de sa présence. Cela lui avait donné un avantage lorsqu’ils avaient été présentés.

Bien sûr, cela n’expliquait pas qu’il eût de nouveau pris tout son temps pour la contempler lors de leur deuxième rencontre.

Il fronça les sourcils. Un homme avait-il besoin d’excuse pour regarder une femme aussi jolie ? C’était la chose la plus naturelle du monde ! D’ailleurs, Heather était parfaitement consciente de sa beauté. Et habituée aux regards des hommes, certainement depuis qu’elle était assez grande pour onduler des hanches. Ses hanches rondes et sexy…

Chad connaissait ce genre de femmes. Dans le cadre de son travail, il en avait croisé des douzaines. Riches, adulées, gâtées par la vie. Leur beauté et leurs privilèges semblaient aller de soi ; jamais elles ne se posaient la moindre question. Et le jour où l’un de ces précieux ingrédients venait à faire défaut, ces femmes s’écroulaient comme des châteaux de cartes.

Heather avait prétendu venir pour travailler. Dans son esprit, cela signifiait sans doute soutirer quelques gratifications financières à son oncle et bavarder interminablement au téléphone avec ses amis. Que pouvait-elle savoir du travail ? Le jour où elle se casserait un ongle, elle ferait sans doute un scandale et en profiterait pour rentrer chez elle.

Et pourtant, quand il lui avait serré la main, il avait ressenti cette chaleur… Heather était un bel animal au sang chaud, une de ces blondes sexy qui provoquent les regards.

Après tout, puisqu’il devait conduire ici son enquête, rien ne l’empêchait d’apprécier ce qu’elle avait à offrir. A condition de ne pas toucher au fruit défendu… Heather McGrath n’était pas pour lui. Trop belle. Et beaucoup trop riche.

La porte à double battant s’ouvrit sous sa poussée. La voix de Joe venait de l’inviter à entrer.

— Ah, Chad ! Que pensez-vous du système de sécurité ?

— Il me paraît très convenable. Cependant, j’aurai quelques aménagements à proposer.

Joe acquiesça.

— Parfait ! C’est pour cela que j’ai besoin de vos services. Dans combien de temps pouvez-vous boucler l’affaire ?

— Il me faudra quelques jours. Je peux commander moi-même le matériel. Quant aux hommes nécessaires pour les travaux, j’aimerais bien les engager, si cela ne vous dérange pas. Ce n’est pas le moment d’avoir sur les lieux des gens dont on ne sait rien, et qui n’ont pas passé les tests de sécurité.

Joe sourit.

— Vous pensez à tout, Chad. Resterez-vous pour déjeuner ?

— Non, je vous remercie. Je passe vous voir demain matin, à la première heure.

Quand la porte se fut refermée derrière Chad, Peter adressa à son frère un long regard inquisiteur.

— Pour quelqu’un qui est persuadé que tout va bien, il me semble que tu prends pas mal de précautions…

Joe passa le bras autour des épaules de son frère adoptif.

— Disons qu’après les événements de ces derniers temps, il me paraît raisonnable d’améliorer la sécurité. De plus, ma nièce favorite a décidé de s’installer ici pour une période indéterminée, et je tiens à tout faire pour rassurer ses parents…

Peter ne put qu’approuver. Il savait que sa femme, Andy, avait mal réagi lorsque Heather lui avait fait part de sa décision. Elle n’aimait pas se séparer de sa fille, et le souvenir de l’attentat rendait les choses plus difficiles encore.

— Andy appréciera. Tu as entièrement raison, pour la sécurité, et je suis ravi de voir que tu confies la tâche à un professionnel.

Inès apparut pour annoncer le déjeuner et les deux hommes se dirigèrent vers la salle à manger dont deux pans de murs, entièrement vitrés, donnaient l’un sur le patio et l’autre sur l’entrée extérieure de l’hacienda. Ils rencontrèrent Heather qui venait de la direction opposée.

— Est-ce que tante Meredith se joindra à nous ? demanda-t-elle joyeusement en les apercevant.

Joe fit un signe de dénégation.

— Ta tante ne déjeune jamais ici. En fait, elle passe très peu de temps à la maison et c’est pour moi une raison de plus d’apprécier ta compagnie, ma chérie. En outre, ton père vient de vanter tes qualités d’experte : il paraît qu’il n’y en a pas deux comme toi pour mettre en ordre des affaires un peu négligées.

— En parlant d’experts…

Par la baie qui donnait sur l’extérieur, Peter venait d’apercevoir Chandler Thaddeus Law qui regagnait sa voiture. Il désigna l’inspecteur du menton.

— En voilà un à qui je n’aimerais pas avoir affaire si j’étais du mauvais côté de la loi… Je le crois tout à fait capable d’affronter sans ciller tout un gang armé jusqu’aux dents !

— Capable même, approuva Joe en riant, de leur recracher les balles à la tête s’ils étaient assez stupides pour lui tirer dessus !

Le rire de Peter se mêla à celui de son frère alors que Heather, silencieuse, observait celui dont ils parlaient. Il jeta sa veste sur le siège passager, monta en voiture et démarra dans un nuage de poussière.

Et bizarrement, malgré leurs exagérations, elle eut l’impression que les deux hommes n’étaient pas loin de la vérité en ce qui concernait Chad Law.

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