Les Compagnons des guerriers voxérans, Tome 7 : Son rebelle extraterrestre

— Hé, attends, crié-je en l’atteignant. — Je ne voulais pas dire...

Les excuses sont sur le bout de ma langue, mais avant que je puisse prononcer un autre mot, Ren se retourne, me clouant à nouveau sur place avec ces yeux de jade félins.

— C’est vrai ? demande-t-il brusquement. Que les autres femmes terriennes et toi, vous n’êtes pas des criminelles ?

Je m’arrête et je le regarde en clignant des yeux, surprise par la soudaineté de la question. Il a dû poser des questions sur nous, et l’un des autres guerriers lui a probablement raconté notre histoire.

— Oui, c’est vrai, parviens-je enfin à dire. — Notre vaisseau s’est écrasé ici. Nous n’aurions jamais dû arriver sur Nuthora. La plupart d’entre nous n’avaient même pas réalisé que nous avions quitté la Terre jusqu’à ce que nous nous réveillions dans des cryopodes sur un vaisseau spatial détruit que nous ne reconnaissions pas. Nous avons été arrachées à nos anciennes vies et placées dans un sommeil cryogénique afin de pouvoir être échangées contre de la technologie extraterrestre.

Ren hoche la tête, mais rien en lui ne semble s’adoucir. Son expression est toujours dure et je vois bien la méfiance dans ses yeux.

— J’ai été surpris de voir une Terrienne sur cette planète quand j’ai atterri. Ton espèce n’est pas commune, surtout si loin.

— La surprise était évidente, dis-je sèchement en pensant à son bras contre ma gorge et son couteau contre mes côtes.

C’est censé être une blague, une tentative d’alléger l’ambiance, mais la bouche de Ren ne se contracte pas.

Waouh, public difficile.

— J’ai aussi été surpris par les liens matrimoniaux, dit-il après un moment de réflexion. — Mais c’est logique, je suppose.

— Oh ? Pourquoi donc ?

Je croise les bras sous mes seins et je lui jette un regard noir, mes excuses oubliées depuis longtemps. Je suis presque sûre qu’il se prépare à dire quelque chose de grossier, et je ne me trompe même pas du tout.

— Eh bien, mes camarades guerriers voxeranx pensaient qu’ils seraient bloqués ici pour toujours, dit Ren froidement. — Alors, bien sûr, ils ont noué des liens matrimoniaux avec vous, femmes terriennes, lorsque vous êtes apparues. Après tout, ce n’est pas comme s’ils avaient beaucoup d’autres options. D’après ce que j’ai compris, on ne dépose pas beaucoup de femmes prisonnières ici – le conseil solaire a tendance à leur trouver des peines plus lucratives.

Je hausse les sourcils, qui me donnent l’impression d’atteindre la racine de mes cheveux.

Est-ce qu’il vient vraiment de dire que les Voxerans se sont contentés de leurs compagnes humaines ?

Quel putain de connard. Ça craint. Je ne vais pas lui présente la moindre excuse.

Je le fusille du regard.

— Eh bien, les femmes n’avaient pas non plus un très grand assortiment d’options, mon pote. Alors peut-être qu’elles se sont contentées de vous les gars.

Même si je dis ça à voix haute, je sais que ça n’a pas beaucoup de sens. L’accouplement avec les grands, magnifiques guerriers voxerans n’est guère un sacrifice, certainement pas au sens terrestre du terme. J’ai entendu beaucoup de potins sur tout ce que ces guerriers ont aussi, jusqu’à leur énorme…

J’interromps ces pensées qui s’égarent avant que le rouge ne me monte aux joues. Je suis presque sûre que la seule chose énorme de Ren, c’est son ego. Et je m’en moque.

Le guerrier stoïque devant moi n’a pas l’air amusé non plus.

— D’après le prince Droth, ma mission de sauvetage inclut non seulement les Voxerans, mais maintenant vous aussi, les femmes terriennes.

— Et tu as un problème avec ça ?

— Je ferai toujours ce que me commande mon prince.

Il incline légèrement la tête en signe de respect. — Mais personne n’a jamais dit que je ne pouvais pas me forger ma propre opinion silencieuse sur la question.

Sur ce, il se retourne et s’éloigne, me laissant bouillonner encore plus qu’avant.