Extraits

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J’attends dans le hall que la réceptionniste ait fini de s’installer. C’est une très belle femme. La trentaine. Une robe qui semble avoir été peinte sur elle. Elle nous observe, perchée sur des talons vertigineux. Ses cheveux, son maquillage, tout est impeccable. Comment fait-elle pour avoir l’air si soignée à neuf heures du matin ?

Mes yeux se posent sur ma jupe et mes ballerines. On dirait que je sors de l’essoreuse. Assis à côté de moi, deux garçons de mon âge qui n’ont pas fait le moindre effort vestimentaire. Nous sommes trois caricatures d’étudiants en histoire de l’art. Ils regardent autour de nous, la bouche ouverte comme des poissons hors de l’eau alors que moi j’arbore une expression calme et sereine. Enfin, j’espère.

Nous devrions cependant avoir la banane tous les trois. Nous avons une chance incroyable. Sur les centaines de CV qu’ils ont dû recevoir, les nôtres sont ceux qui ont été retenus pour les stages si convoités au sein de la salle des ventes Goldsmith & Evans.

Deux mois chez Goldsmith & Evans ! Rien que d’y penser j’ai le vertige. Bien sûr, il y a des salles des ventes internationales plus prestigieuses à Manhattan, mais moi je voulais celle-là. Celle où travaille Bruce Nelson. Cet homme occupe mes pensées depuis bien plus longtemps que je ne veux l’admettre.

Bruce a commencé à travailler ici comme interne lorsqu’il finissait son doctorat et aujourd’hui, c’est lui qui gère tout ce qui est peintures, estampes et lithographies. Tout le monde s’accorde pour reconnaître que c’est l’expert le plus qualifié dans son domaine … le domaine que j’ai choisi pour mon rapport de mon master.