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Au cours des jours qui suivirent la mort de Mao, je passai beaucoup de temps à réfléchir. Sachant qu'on le considérait comme un philosophe, je m'efforçai de déterminer en quoi consistait vraiment sa pensée. Il m'apparut que sa « philosophie » s'axait en définitive autour d'un perpétuel besoin — ou d'un désir ? — de conflit, fondé sur la notion que les luttes humaines constituaient le moteur de l'histoire, il fallait donc générer continuellement une masse d' « ennemis de classe ». Je me demandai si beaucoup d'autres philosophes avaient édifié des théories à l'origine de lesquelles la population chinoise avait vécu toutes ces années m'obnubilaient. A quoi bon ? me disais-je.

La philosophie de Mao n'était probablement qu'une extension de sa personnalité. Il me semblait qu'il était au fond, par nature, un insatiable générateur de conflits, fort habile qui plus est. Il avait un sens aigu des instincts humains les plus néfastes, tels que la jalousie et la rancoeur, et savait s'en servir à ses propres fins. Il avait assis son pouvoir en poussant les gens à se haïr les uns les autres. Ce faisant, il avait obtenu des Chinois qu'ils accomplissent un grand nombre de tâches confiées ailleurs à des spécialistes. Mao avait réussi à faire du peuple l'arme suprême de sa dictature. Voilà pourquoi sous son règne la Chine n'avait pas eu besoin d'un équivalent du KGB. En faisant valoir les pires travers de chacun, en les nourrissant de surcroît, il avait créé un véritable désert moral et une nation de haine. Quelle responsabilité incombait donc à chaque citoyen chinois dans cette affaire sinistre ? Je n'arrivais pas à le déterminer.

L'ère du maoïsme s'était aussi distingué, me semblait-il, par le règne de l'ignorance. A cause de son calcul selon lequel la classe intellectuelle ferait une cible facile pour la population illettrée dans l'ensemble, à cause de la profonde rancune qu'il éprouvait personnellement à l'encontre de l'éducation et des gens cultivés, à cause enfin de sa mégalomanie, qui l'incitait à mépriser les grandes figures de la culture chinoise et les aspects de notre civilisation qu'il ne comprenait pas, notamment l'architecture, l'art et la musique, Mao en était arrivé à détruire l'essentiel de l'héritage culturel de son pays. Il laissait derrière lui une nation meurtrie, mais aussi un pays enlaidi, pour ainsi dire dépourvu de ses gloires passées.

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La société chinoise attendait toujours de la gent féminine qu'elle se comporte avec réserve, en baissant les yeux face aux regards des hommes et en limitant ses sourires à un imperceptible mouvement des lèvres, sans révéler les dents. Elles n'étaient pas supposées faire le moindre geste avec les mains. Toute infraction à ce code rigoureux passait pour une manoeuvre de séduction. Sous le règne de Mao, de telles coquetteries vis-à-vis d'un étranger constituaient un délit inqualifiable.

Ces insinuations me mirent hors de moi. Conformément aux préceptes communistes, mes parents s'étaient attachés à me donner une éducation libérale, considérant les restrictions imposées aux femmes comme le type même des absurdités auxquelles la révolution devait mettre un terme. Et voilà que l'oppression des femmes allait de pair avec la répression politique.

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Mon père gisait sur le côté. La sérénité de son expression me surprit. On aurait dit qu'il avait sombré dans un sommeil paisible. Il n'avait plus l'air sénile, il paraissait très jeune au contraire, plus jeune en tout cas que ses cinquante-quatre ans. J'eus l'impression que mon coeur éclatait en mille morceaux et je me mis à pleurer sans pouvoir me contrôler.

Pendant des jours, je sanglotai en silence. Je pensais à la vie gaspillée de mon père, à son dévouement inutile, à ses rêves brisés. Pourtant, sa mort paraissait inévitable. Il n'y avait pas de place pour lui dans la Chine de Mao, pour la bonne raison qu'il avait essayé d'être un homme honnête. Il avait été trahi par la cause même à laquelle il avait voué toute son existence, et cette trahison l'avait tué.

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À l'instar de la plupart des Chinois, j'étais incapable de penser de manière rationnelle. Nous étions tellement matés et déformés par la peur et l'endoctrinement qu'il nous aurait semblé inconcevable de nous écarter de la voie tracée par Mao. De surcroît, on nous avait noyés sous un torrent de paroles trompeuses, de désinformations, d'hypocrisie qui faisait qu'il était presque impossible de voir la situation clairement ou de la juger intelligemment.

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Mao les laissa faire une fois de plus, afin de générer le vent de terreur et le chaos dont il avait besoin. L'identité des suppliciés et de leurs bourreaux ne lui importait guère, en somme. Ces premières victimes n'étaient pas ses véritables cibles, et il n'aimait pas particulièrement les gardes rouges en qui il avait d'ailleurs une confiance toute relative. Il se servait d'eux, voilà tout. De leur côté, ces vandales et tortionnaires en herbe ne lui étaient pas toujours si dévoués que cela. Ils prenaient surtout du bon temps: puisqu'on leur avait donné carte blanche, ils se laissaient aller à leurs pires instincts.

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S'il voulait que le peuple réagisse, Mao devait donc dessaisir le parti de son autorité et monopoliser à son seul profit la loyauté et l'obéissance absolue de ses sujets. Pour parvenir à ses fins, il n'avait pas d'autre solution que de recourir à la terreur, une terreur intense qui couperait court à toute autre considération et effacerait les autres peurs. Il n'aurait pas pu rêver meilleurs émissaires que ces garçons et filles exaltés, élevés dans le culte de la personnalité fanatique de sa personne et la doctrine militante de la « lutte des classes ». Ils avaient toutes les qualités propres à la jeunesse : rebelles, sans peur, ils étaient avides de se battre pour « une juste cause ». Ils avaient soif d'aventure et d'action. Ils étaient aussi irresponsables, ignorants, faciles à manipuler et enclins à la violence. Eux seuls pouvaient lui fournir la force immense dont il avait besoin pour terroriser la société chinoise et provoquer le chaos qui ébranlerait, avant de les anéantir, les fondements du parti.

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Tout au long de l'histoire de la Chine, érudits et mandarins se sont pris d'un engouement pour la pêche lorsqu'ils étaient déçus par les agissements de leur empereur. C'était une manière de se réfugier dans la nature, d'échapper à la politique, une sorte de symbole du désenchantement et de la non-coopération.

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