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Au prix d'un immense effort de volonté, Alexandra retint le cri de douleur et de colère qu'elle sentait monter. Cet homme dont elle savait bien à présent qu'elle l'adorait venait de la refuser. C'était aussi net que s'il l'avait repoussée de sa main. Elle sentit sa raison vaciller mais l'orgueil vient à son secours. Le gifler comme elle brûlait d'envie de le faire et s'enfuir ensuite ne serait rien d'autre qu'un aveu de défaite. Alors elle décida de faire face. Le combat ne devait pas finir ainsi. Avec nonchalance, elle alla s'asseoir sur l'un des canapés, toussota pour s'éclaircir la voix comme une cantatrice sur le point d'entamer un grand air et soupira :

- Un rien de brandy me ferait plaisir...

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Elle aimait beaucoup, en effet, sa jeune belle-sœur Cordélia, née longtemps après Jonathan d’un second mariage de sa mère parce que, douée d’une nature joyeuse, un rien trop moderne peut-être mais d’une grande vitalité, celle-ci ne manquait ni de charme ni d’esprit. Telle qu’elle était, miss Hopkins tenait captif depuis plus d’un an déjà le cœur d’un jeune et brillant avocat, Peter Osborne, d’excellente famille, mais qu’elle avait parfois tendance à maltraiter pour mieux assurer sa puissance. Elle pensait lui avoir donné un gage suffisant en acceptant l’anneau de fiançailles et prenait un certain plaisir à faire durer cette période délicieuse où une jeune fille se voit choyée et adorée.

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Comme tous les couples de la haute société américaine, les Carrington consacraient peu de temps à leur intimité en dehors du petit déjeuner toujours pris en commun et de l’heure, souvent tardive, où, revenant de quelque soirée, à moins qu’ils n’eussent eux-mêmes reçu, ils se retrouvaient tête à tête, le plus souvent dans la chambre d’Alexandra où Jonathan, en buvant un dernier verre, s’accordait le plaisir de contempler sa ravissante épouse avant de lui souhaiter une bonne nuit.

Ce soir-là, ils revenaient d’un dîner chez les Monroe qui avait été fort gai et Mrs Carrington, très en verve, commentait les menus événements de la soirée. Elle s’était bien amusée et ne prêtait guère attention à la mine contrainte de son mari quand, soudain, elle s’avisa d’une circonstance insolite : au lieu de s’asseoir contre le miroir, Jonathan, les mains au fond des poches, tournait en rond autour d’un guéridon comme un vieux sage chinois autour d’une idée essentielle.

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Bien entendu l’Europe l’attirait. Elle rêvait de visiter Versailles et Vienne mais elle découvrit très vite que son époux détestait voyager en dehors de l’Amérique du Nord. Ce haut magistrat qui travaillait énormément considérait sa fonction comme une sorte de sacerdoce. En outre, il se passionnait pour la criminologie autant que pour la politique. À ses yeux, les peuples latins ne comptaient guère que des gens peu recommandables – cela pour les Italiens, les Espagnols et les Français – qui, lorsqu’ils ne s’entre-tuaient pas pour leur religion, ne songeaient qu’à s’approprier les fortunes américaines. Les pires étant bien sûr les Français, rejetons douteux d’effroyables buveurs de sang ne connaissant plus ni foi ni loi depuis qu’ils avaient massacré leur noblesse au nom d’une liberté dont ils étaient venus chercher l’idée auprès des grands esprits américains. L’Allemagne était peut-être un peu plus recommandable, encore que l’on y entendît un peu trop de claquements de bottes. Les Pays-Bas étaient d’une ennuyeuse platitude, quant à la Suisse, si elle possédait de belles montagnes, celles des Rocheuses ou de l’Alberta canadien ne lui étaient inférieures en rien. Bien au contraire…

Seule l’Angleterre planait sur ce désastre et tout ce que la jeune Mrs Carrington réussit à obtenir de lui fut un court séjour à Londres où Jonathan désirait visiter Scotland Yard et rencontrer quelques confrères. La seule consolation de la jeune femme fut de rapporter quelques bijoux anciens et une collection de ravissantes porcelaines tendres de Wedgwood car, en dépit de ce qu’elle espérait secrètement, il lui fut impossible d’amener son mari à passer la Manche. Il en rejeta la responsabilité, avec autant de gentillesse que de secrète hypocrisie, sur un procès important dont les ramifications s’étendaient jusqu’à Mexico mais qui, à présent, le rappelait d’urgence à New York. Quant à laisser Alexandra s’y rendre seule, il ne pouvait en être question.

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Celle-ci en éprouva un immense sentiment d’orgueil satisfait et de triomphe. Comblée de pierreries, de fourrures et d’une foule de choses aussi coûteuses qu’inutiles par un fiancé uniquement préoccupé de la parer et de la voir sourire, elle eut la gloire de voir le vice-président Théodore Roosevelt servir de garçon d’honneur à son fiancé dont il était l’ami le plus proche. Et si elle éprouva un pincement au cœur en quittant sa mère, sa tante Amity, ses oncles et surtout sa chère maison d’enfance, cela ne dura guère. New York n’étant pas bien loin de Philadelphie, elle pourrait revenir souvent. Enfin ne devenait-elle pas souveraine maîtresse d’une des plus belles demeures de la Cinquième Avenue, située en face de Central Park et qui, pour être moins imposante que les extravagants palais des Astor ou des Vanderbilt, n’en était pas moins fort enviable ?

Lorsque, au bras de son mari, elle en franchit le seuil flanqué de colonnes ioniennes, elle éprouva un frisson de joie : elle était désormais chez elle. Ce qui signifiait qu’elle allait pouvoir arranger à sa guise la vingtaine de pièces offertes à sa fantaisie. À l’exception, bien sûr, de l’appartement que se réservait Jonathan : chambre, fumoir et cabinet de travail voués définitivement au style anglais cher à la reine Victoria et hors duquel il estimait que sa pensée ne saurait s’épanouir.

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Basée sur la construction navale et l’agriculture, c’était l’une des plus importantes de Pennsylvanie. Quant au clan Forbes, déjà connu en Aberdeenshire au XIIIe siècle – alors que les Carrington ne remontaient qu’au XVIIIe ! –, sa renommée se perdait dans les brumes d’Écosse et les neiges suédoises. Conclusion : Alexandra était mieux « née » que son prétendant même si les douairières de Park Avenue s’efforçaient de minimiser ce détail. En outre, elle possédait un titre supplémentaire au respect général : elle était une fille de la Liberté. Entendez par là qu’un de ses ancêtres avait, le 4 septembre 1776, apposé sa signature au bas de la Déclaration d’indépendance auprès de celles de George Washington, de Thomas Jefferson et de tous ceux qui levèrent alors l’étendard de la révolte contre l’Angleterre. Et Philadelphie avait été, dix années durant, la capitale des jeunes États-Unis, ce qui n’avait jamais été le cas de New York.

Parée d’une beauté remarquable, d’une intelligence certaine et d’une culture intéressante, Alexandra entendait n’accepter pour époux qu’un homme non seulement capable de satisfaire tous ses caprices mais encore apte à atteindre une situation de premier plan. Devenir un jour la première dame des États-Unis ne l’effrayait pas, au contraire, et elle se voyait très bien installée un jour à la Maison-Blanche.

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Alexandra, qui élevait la coquetterie à la hauteur d’un sacerdoce, appréciait ces moments intimes où elle pouvait lire une tendre admiration dans le regard de son mari. Ils stimulaient sa fierté d’être la femme d’un homme que beaucoup lui enviaient, bien qu’il eût plus du double de son âge.

Leur mariage, trois ans plus tôt, avait été l’événement mondain de Philadelphie où Alexandra Forbes avait vu le jour. Attorney général de l’État de New York, Jonathan Lewis Carrington était aussi l’une des meilleures « têtes » du Parti Républicain et on le savait promis aux plus hautes fonctions. Il possédait de surcroît une grande fortune et, enfin, il n’avait rien de repoussant, au contraire : grand, maigre, bien que solidement bâti, son visage aux traits sévères, strictement rasé, s’éclairait d’un regard bleu-gris, froid et difficilement déchiffrable qui, dans l’exercice de sa profession comme en politique, était l’une de ses meilleures armes. Quant aux courtes mèches argentées qui striaient ses cheveux bruns, elles lui conféraient un charme supplémentaire selon Alexandra, qui le dépeignait en deux mots : c’était une « splendide créature ».

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Virant sur ses talons, elle se dirigea vers l’entrée des salons qu’elle traversa d’un pas rapide pour regagner le luxueux refuge où son époux et ses nombreux amis avaient entassé avant le départ bouquets de fleurs, paniers de fruits, confiseries et télégrammes. En dépit de cela elle se sentait mécontente de tout et de tous. On ne devrait jamais voyager avec un vieil oncle ! Le sien venait de lui gâcher le plaisir de ce premier soir en mer et lui rappeler fâcheusement les droits d’un époux dont le stupide entêtement avait permis cette conversation.

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Las d’attendre, il se mit en route embouquant la grande rue – presque la seule ! – au bout de laquelle pointaient le clocher de l’église, la demi-douzaine d’arbres encore debout et l’enseigne du café. Un homme grand et mince arriva derrière lui en courant. Un homme pas tout à fait comme les autres ; il avait cette distinction naturelle qui vient à bout de l’uniforme le plus mal coupé, un visage fin, des yeux gris rêveurs et un peu las.

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Depuis que Pierre Bault avait été affecté à l’escadron, sa manie des gares était passée à l’état de proverbe. Dès qu’on arrivait quelque part, il allait d’abord voir la ligne de chemin de fer s’il y en avait une et causer avec les fonctionnaires du rail. On le blaguait un peu, sans méchanceté parce qu’on savait que, jusqu’à la déclaration de guerre, il servait à la Compagnie Internationale des Wagons-Lits et que, parfois, il racontait une anecdote ou deux qui entraînaient pour un instant ses camarades dans un monde inconnu : celui des gens riches, des femmes du monde, des grandes cocottes. Il décrivait les beaux trains vernis et capitonnés comme des coffrets à bijoux, mais on sentait que tout ce qui roulait sur rail avait droit à sa tendresse. En plus, on l’estimait d’être parti comme les autres et d’avoir pris sa part de boue et de misère alors qu’il aurait pu se faire mobiliser dans les chemins de fer.

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