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L'extrait :
Il se redressa.
— Il faut que je demande votre main. Il le faut, sans quoi je ne pourrai plus me regarder en face.
— Et vous l'avez fait. Sans déclaration de sentiments, sans poser de questions, vous m'avez proposé de m'épouser en hâte, de coucher avec moi avec enthousiasme, puis de me laisser me débrouiller seule avec les interrogations et le scandale, afin de pouvoir aller vous jeter devant une balle la conscience tranquille. Permettez-moi de décliner poliment, monsieur le comte.
Il secoua la tête.
— Je ne puis supporter la trahison et le mensonge, Susanna. Votre père a fait beaucoup pour moi. Il mérite au moins mon honnêteté.
— Bonsoir. Alors, que se passe-t-il ?
Son père apparut sur le seuil, toujours en tablier de travail.
Susanna sourit, se redressa sur le bureau et gazouilla :
— Oh, rien. Lord Rycliff et moi étions simplement en train d'entretenir une liaison clandestine scandaleuse.
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Afficher en entierBoum, répondit le monde.
Susanna baissa la tête et s'enfouit sous la protection de ce qu'elle reconnut comme étant l'habit d'un officier. Un bouton en laiton s'enfonçait dans sa joue. La masse de l'homme formait un bouclier confortable tandis qu'une pluie de mottes de terre retombait sur eux ; il sentait le whisky et la poudre à canon.
Une fois le nuage éclairci, elle écarta les cheveux du front de l'inconnu pour y chercher des traces de blessure ou de confusion. Ses yeux étaient alertes et intelligents, et d'une surprenante nuance de vert qui lui fit penser à du jade.
— Allez-vous bien ? s'alarma-t-elle.
— Oui.
Sa voix était profonde et râpeuse.
— Et vous ?
Elle acquiesça de la tête, s'attendant à ce que, rassuré, il la laisse aller. Voyant qu'il ne bougeait pas, elle s'étonna. Soit il était gravement blessé, soit il était sérieusement impertinent.
— Monsieur, vous êtes... euh, vous êtes un peu lourd.
L'insinuation, cette fois, était claire.
— Et vous, vous êtes douce, répondit-il.
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Afficher en entierD’en haut, elle entendit lord Payne s'écrier :
— Ne faites pas cela, Bram ! La vie est belle !
Ces dames hurlèrent tandis que Rycliff, sans se préoccuper de son cousin, fléchissait les genoux... et sautait !
— Mon Dieu !
Horrifiée, Susanna regarda son long et périlleux plongeon dans la mer.
— Il l'a fait ! L'incompétence de ses hommes l'a poussé au suicide...
Afficher en entierLe lundi, promenade dans la campagne. Le mardi, bains de mer. Le mercredi, jardin.
— Et le jeudi, dit Bram à voix haute, elles s'entraînent au tir.
Il n'aurait pas dû s'en étonner.
En lisière d'un pré verdoyant non loin de Summerfield, Colin et lui regardaient les demoiselles raffinées de Spindle Cove enfiler des gants en daim et s'aligner face à une rangée de cibles. Derrière elles, sur une longue table en bois, des flèches, des arcs, des pistolets et des fusils à silex.
En tête de l'alignement, Susanna annonça le premier exercice.
— Bandez vos arcs, mesdames.
Elle plaça elle-même une flèche sur son arc et tendit la corde.
— À trois, vous tirez. Un... deux...
Tchac !
(...)
— Les pistolets, s'il vous plaît, ordonna-t-elle lorsqu'elles furent toutes revenues.
Elle troqua son arc et sa flèche contre un fusil à un coup.
Les demoiselles prirent chacune une arme à feu similaire et la tinrent à bout de bras en fixant leurs cibles respectives. Quand Susanna arma son pistolet, les autres l'imitèrent. Le bruit des déclics envoya un frisson le long de l'échiné de Bram.
— Je trouve cette scène follement excitante, murmura Colin. Est-ce mal ?
— Si ça l'est, vous aurez de la compagnie en enfer.
Son cousin s'esclaffa.
— Et vous qui prétendiez que nous n'avions rien en commun.
Susanna visa.
— Un... deux...
Afficher en entier— Lord Rycliff ?
Il l'attira à l'écart en rassemblant une pile de papiers.
— Mademoiselle Finch, n'êtes-vous pas attendue quelque part ? N'avez-vous pas un emploi du temps à respecter ?
— Nous sommes dimanche. Il n'y a pas d'emploi du temps pour le dimanche. Mais je serai ravie de vous libérer dès que j'aurai eu un mot avec vous.
Il la transperça d'un regard.
— Je croyais que nous étions tombés d'accord. Je tiens mes hommes, et vous gardez vos distances. Vous ne respectez pas notre marché.
— Il ne s'agit que d'une interruption momentanée. Exceptionnelle.
— Exceptionnelle ?
Il produisit un petit bruit de dérision en feuilletant ses papiers.
— Et tout à l'heure, à l'église ?
— Soit, cela fait deux exceptions.
— Oh, que non !
Il leva les yeux vers elle en la dévorant de son intense regard vert.
— Vous avez envahi mes rêves au moins une demi-douzaine de fois la nuit dernière. Quand je suis éveillé, vous passez votre temps à baguenauder dans mes pensées. Parfois, vous êtes quasiment nue. Quelle excuse allez-vous avancer pour tout cela ?
Afficher en entier— C'est plutôt à moi de vous poser cette question, répliqua-t-elle en s'efforçant de se hisser sur un coude. Qui êtes-vous ? Et que diable faites-vous ici ?
— N'est-ce pas évident ? répondit-il très sérieusement. Nous bombardons les moutons.
— Oh. Oh, mon Dieu. Oui, bien sûr.
Elle fut saisie de compassion. Il avait pris un coup sur la tête. C'était un de ces pauvres blessés de guerre. Elle aurait dû s'en douter. Aucun homme sain d'esprit ne l'aurait regardée de la sorte.
Elle balaya sa déception. Au moins, il était tombé au bon endroit. Et sur la femme qu'il fallait. Elle était beaucoup plus douée pour soigner les commotions que pour répondre aux avances d'un gentilhomme. Elle n'avait qu'à cesser de voir en lui un homme immense et viril, et le considérer simplement comme une personne qui avait besoin de son aide. Une personne vérolée, par exemple. Dénuée de séduction, émasculée.
Susanna passa un doigt sur son front.
— N'ayez pas peur, dit-elle d'un ton calme. Tout va bien se passer.
Elle plaça la main en corolle autour de sa joue et le regarda dans les yeux.
— Les moutons ne peuvent pas vous faire de mal, ici.
Afficher en entierPrestement, il la porta jusqu'au côté opposé de la tour et la plaqua contre le parapet en pierre dure et froide. Elle sentit le créneau sous ses omoplates. La masse solide et chaude de Bram l'emprisonnait. L'excitait. Elle cessa de respirer.
— Je vous l'ai déjà dit, fit-il dans un grognement sourd. C'est moi qui décide de ce que je veux. Et là, je vous veux, si ardemment que j'en perds la tête.
Son baiser écrasa la bouche de Susanna.
— Quand je pense qu'il a fallu trois missives ridicules pour vous faire venir jusqu'ici... Quelle tête de mule !
— Quoi ? Bram, vous auriez pu le dire, tout simplement !
— Mais je l'ai dit.
Il posa les lèvres sur son cou.
— Votre chatoyante chevelure couleur bronze... vos yeux couleur iris...
Il embrassa sa mâchoire.
— Toutes vos nombreuses nuances de rose...
Un soupir de plaisir échappa à Susanna.
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Afficher en entierJe peux être bestial, comme vous vous plaisez à me le dire. Fort comme un bœuf, têtu comme une mule…
— Mais plus beau que l'un et l'autre réunis, Dieu merci.
Afficher en entierPeu importe si ces nobles sont séduisants ou non. L'essentiel est qu'ils soient nantis. La beauté se ternit. Pas l'or.
Afficher en entierDurant les bals, elle avait été cette amazone aux taches de rousseur assise dans son coin, qui aurait rêvé de se fondre dans le papier peint si seulement la couleur de ses cheveux le lui avait permis.
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