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Tôt dans la matinée, alors que les premiers rayons du soleil atteignaient les branches nues des érables et commençaient à ronger la fine couche de givre dans les ombres, un homme approcha de la ferme d’Ethan Iverson. Comme il était seul et marchait lentement, Ethan fut prévenu bien à l’avance de son arrivée.
Il suivit sa progression sur un moniteur vidéo dans le grenier où il conservait sa machine à écrire, ses dossiers de la Correspondence Society et un petit arsenal d’armes à feu. Quand l’alarme avait sonné, il préparait son petit déjeuner habituel dans la cuisine : des œufs au bacon frits dans une poêle en fonte. Son repas refroidissait à présent sur la cuisinière, figeant les œufs dans la graisse.
Afficher en entierEn situation de crise, présume toujours du pire, lui avait enseigné tante Riss. Cassie s’efforça de suivre ce conseil, ce qui signifiait qu’elle devait croire à une nouvelle attaque générale. Sauf que, cette fois, personne n’ayant de près ou de loin des relations avec la Correspondence Society ne serait épargné. Sans cet heureux accident, le simulacre écrasé sur Liberty Street comme une vilaine compote rouge et vert serait monté à l’appartement tuer Cassie et Thomas. Tante Riss pouvait être déjà morte, possibilité sur laquelle Cassie refusait de s’attarder. Au mieux, tante Riss ne trouverait personne à son retour et découvrirait ainsi que sa vie avait à nouveau changé, définitivement et pour le pire.
Afficher en entierSecouée par un vent vif, la banderole du centenaire dévoilait et dissimulait tour à tour le piéton dans l’ombre. À présent que Cassie l’avait vu, elle ne pouvait plus en détacher les yeux. C’était quelqu’un de terne, d’ordinaire, sans doute un homme d’affaires, convenablement vêtu pour la saison d’un chapeau mou et d’un manteau gris qui lui descendait aux genoux, mais Cassie avait l’impression dérangeante qu’il la regardait et qu’il avait détourné la tête dès qu’elle l’avait vu.
Bon, et pourquoi pas ? À cette heure-là, il n’y avait peut-être pas d’autres fenêtres allumées dans cette portion de rue. Pourquoi cela n’attirerait-il pas l’attention de ce type ? Tante Riss et les autres survivants de la Correspondence Society qui habitaient à Buffalo avaient formé Cassie à leurs protocoles secrets, dont la première règle était la plus simple : se méfier des inconnus qui faisaient attention à vous.
Afficher en entierTout se serait peut-être ensuite passé d’une autre manière et peut-être ne se serait-il même rien passé du tout, si Cassie avait réussi à dormir cette nuit-là.
Elle avait essayé, voulu dormir, s’était scrupuleusement couchée à 23 h 30, mais à un peu plus de 3 heures du matin, ses pensées ne cessaient de courir comme des hamsters dans leur roue. Si bien qu’elle se leva, alluma, enfila un pantalon de jogging gris et une chemise de flanelle jaune, puis, pieds nus sur le parquet froid du couloir, se rendit dans la cuisine.
Chose rare, elle était seule dans l’appartement. Seule avec Thomas, bien entendu, son petit frère de douze ans qui n’était pas vraiment présent puisqu’il dormait à poings fermés dans la seconde chambre. Tous deux vivaient chez leur tante Nerissa et Cassie continuait à considérer l’appartement comme celui de tante Riss, alors même qu’ils habitaient là depuis presque sept ans.
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