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La timidité de Pauline disparaissait dès le premier contact avec les gens auxquels son attitude si naturelle communiquait la même simplicité.
Afficher en entierMiux que moi, Henri Clouard saurait parler des "Destinées Sentimentales"; il dirait : "Du couple, Chardonne est passé à la famille ; il a modifié sa manière, introduisant dans ce roman des événements économiques et historiques du premier tiers du siècle. Pourquoi le romancier ne ferait-il pas subir à ses algébres de l'âme l'épreuve des complications sociales"; ou encore, René Lalou dirait : "Le monde de l'action offre constamment au monde de l’amour une sorte de contre-épreuve"; et Ginette Guitard- Auviste, parmi les thèmes enchevêtrés de ce roman, retiendra surtout le conflit des passions de l’amour et de la passion de l’homme pour son oeuvre, vieux débat dont les romans de chevalerie sont remplis. Aux temps du roi Arthur, "l’action", c’était la prouesse, la chasse, la guerre ; elle est devenue, chez l’artisan, le goût du chef-d’oeuvre.
J’ai commencé à écrire ce long roman, qui fut d’abord publié en trois volumes, sans penser à ces choses, ni dessein fixé; je voulais raconter ce que j’avais vu près de moi entre les années 1905 et 1938, modifiant à peine la figure des personnages qui m’étaient si familiers. Une façon de les regarder m’est sans doute personnelle ; je les ai pris au plus haut et dans la plus belle lumière ; c’est ainsi qu’ils m’ont paru plus vrais.
Le respect de la vérité est à chaque ligne de ce roman; il est dans sa forme modeste et dans une grande attention au moindre détail. Je n’ai guère improvisé.
Tout est sentiment chez l’homme, son amour pour son ouvrage, sa confiance dans l’objet qu’il façonne, son souci de la qualité, si étrange dans un monde éphémère et ténébreux, et ce sont là des expressions assez remarquables de la noblesse. Cette idée n’est pas de mon cru, elle m’a été donnée par ceux que j’ai connus. C’étaient des marchands, des bourgeois. Il y a en France une grande variété de bourgeois ; j’ai choisi les meilleurs; justement, je suis né chez eux.
Les romanciers francais n’ont pas coutume de vanter les hommes, surtout des bourgeois; ces auteurs nous ont présenté depuis un siècle une galerie de monstres. Je ne suis pas certain que l’homme soit exactement représenté dans ces peintures où l’auteur ne rafine que sur l’horrible.
Pourtant, un écrivain français a eu de la considération pour la bourgeoisie et a osé le dire ; c’est Jaurès. "L’entreprenante bourgeoisie industrielle n’aurait pas eu la force de conduire la révolution économique à travers des difficultés terribles, si elle n’avait eu foi dans l’excellence finale de son oeuvre pour toute la masse des hommes ; elle n’aurait pas créé le vaste monde moderne, si elle n’avait eu au moins les magnifiques illusions de générosité et le fanatisme du progrès humain. Une des plus grandes forces de la bourgeoisie, un de ses titres les plus solides, c’est que dans une société où retentissent contre elle les revendications du travail, elle est une classe qui travaille."
Un jugement équitable, toujours discret, est-il compris, ou seulement perçu, dans une société qui ajoute à ses infirmités une clameur de calomnies ? Des hommes ont cru à cette justice étouffée, et cette foi incertaine fut leur raison de vivre.
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