Extraits

Dès qu’il entra il sentit que le couloir était brûlant. Et cette fois-là, la lumière ne prit pas son habituelle teinte grise : elle fut tout de suite d’un jaune-orange poisseux. C’était comme si, à l’intérieur, des éclairs crachaient dangereusement des étincelles au loin.

Mark referma la grande porte derrière lui et se hâta de prendre le chemin de la cuisine, d’où il pouvait entendre des coups sourds. Le couloir était dans un sale état, mais celui de la cuisine était pire. Bien pire. Toutes les cloches sonnaient à l’unisson, si fort qu’il crut que toutes les alarmes de voiture de Brighton s’étaient mises à sonner en même temps dans sa tête.

L’espace d’un instant, il avait cru voir une petite lueur jaune, tremblotante, à l’autre bout du couloir.

Comme une bougie, loin dans les ténèbres.

Il ferma hermétiquement ses yeux. Les rouvrit. Il n’arrivait plus à voir la lumière.

Elle n’avait probablement jamais été là. C’était seulement ses yeux qui tentaient de donner du sens aux ténèbres, en formant quelque chose à partir de rien. Il entendit de nouveau le pigeon, ou quelque chose s’en approchant. À présent, cela sonnait davantage comme un rire contenu. Pas le rire d’un homme mais plutôt celui d’une jeune femme, ou d’une fille, amusée par quelque chose qu’aurait dit un ami, mais qui essayait d’étouffer son rire afin que personne d’autre ne puisse l’entendre.

Mark était déjà venu à Brighton, lors de longs week-ends avec sa mère et son vrai père. Il connaissait plutôt bien le bord de mer. Il y avait une promenade le long de la plage, à environ douze mètres en contrebas de la route, et de grandes étendues où on pouvait marcher, faire du vélo et du roller ; comme pour dissimuler le fait qu’il n’y avait pas de sable sur la plage, seulement des galets, et qu’on ne pouvait donc pas faire grand-chose à part s’asseoir et regarder les vagues et les embarcadères, en ajustant sa position dès qu’elle devenait inconfortable. Il y avait des cafés et des bars disséminés tout du long, ainsi qu’une grande pataugeoire et un terrain de jeu. Mark avait onze ans, et il était maintenant bien trop vieux pour ces deux dernières attractions.

Une demi-heure plus tard, confortablement installée dans son fauteuil et rassasiée de gâteau, elle se sentit somnolente. Elle n’y voyait aucun inconvénient. La pièce était agréable et désormais réchauffée. Reposer ses yeux pendant quelques minutes était une manière comme une autre d’attendre de voir ce qui allait se passer.

Si l’on vit assez longtemps, tout finit par arriver.

Et ensuite, certaines de ces choses arrivent encore.