Extraits

Elle lutta pour contenir la vague d’émotion qui l’emplissait tout à coup. Car elle repensait à ses larmes, cette première nuit à Lyon, puis les suivantes. Et à celles qu’elle n’avait plus voulu verser mais qui avaient été encore plus douloureuses. Toutes ces douleurs invisibles. Toutes mes douleurs fantômes.

L'amour çà vous tombe dessus, ça vous transperce, ça vous terrasse, ça remet tout en question, ça détruit tous vos équilibres. Mais ça ne se décide pas. C'est toujours plus ou moins un accident. Pas un choix. On ne peut pas simplement le vouloir. Même très fort. Ça ne prend pas.

Un jour elle avait demandé à Tim : " Pourquoi t'as besoin de moi ?" et Tim avait répondu :

"J'ai pas besoin de toi."

Elle avait failli s'offusquer mais il avait ajouté :

"Mais j'ai terriblement besoin de croire que tu as besoin de moi."

Sophinette, continue de sautiller, de chanter, continue de soigner tes poupées, continue de rire, de croiser les bras en boudant, continue de penser que tout le monde est bête, continue de trouver tout si évident, de t'occuper du petit Tim', d'aimer ton papa et de penser qu'il est le plus beau du monde, continue d'être la miniature de ta maman [...]. Continue de croire au Père Noël, aux lutins, continue de porter des bracelets fluo et même tes affreux colliers criards. Sophinette, tu as le temps de grandir...

_Pas tant que ça. Parfois quand on ne va pas bien, on a du mal à avoir une bonne vision de son champ des possibles. On noircit tout. On a l'impression qu'il n'y a plus rien devant. Aucune direction envisageable."

Parce que lui était un cadeau surprise. Un véritable cadeau surprise. Un de ceux qui partent sans dire au revoir, qui attendant inlassablement de vous voir pleurer, qui vous font sursauter dès qu'ils approchent, qui vous regardent vomir en vous tendant des mouchoirs, qui vous répètent que vous êtes pathétique mais qui vous apportent un verre d'eau et de quoi soulager votre migraine. Un cadeau surprise qu'on ouvre avec excitation et empressement. Celui qu'on espère tous recevoir.

C'était elle qui lui avait demandé ce bracelet. Elle l'avait déballé, un sourire aux lèvres, mais sans l'excitation qu'on éprouve face à une vraie surprise.

Mais tout était usé, tout était noir, tout était éteint à force de vivre et de souffrir comme ça. On ne reconstruit pas artificiellement quelque chose.

"Il arrive que certaines personnes aient besoin de changer d'air parfois... qu'elles deviennent un peu instables et disparaissent comme ça, sans prévenir."

_C'est dans les larmes qu'on apprend réellement à se connaître, tu ne crois pas ?"