Extraits

Ce matin là, tandis qu'Antos est à la bergerie et que Cham s'occupe des cochons, Dhydra tend un panier à sa fille :

- Tu viens avec moi sur la colline ? Je voudrais ramasser du petit bois pour le feu.

Elles marchent un bon moment en silence. Le vent est encore froid, mais un parfum presque printanier flotte dans l'air.

Dhydra déclare enfin :

- Je ne t'ai jamais dit combien j'étais fière de toi, ma petite Nyne. Tu es venue jusqu'à la Citadelle Noire me rapporter mon miroir. C'étais très risqué. Tu t'es montrée très courageuse et très maligne !

Le compliment fait rougir la fillette :

- Sans mon ami Vag, l'élusim, je n'aurais jamais réussi !

- Et moi, sans mon miroir, je ne me serais jamais évadée de mon cachot. Si je suis libre aujourd'hui, c'est grâce à toi ma fille !

Nyne n'a pas beaucoup discuté avec sa mère, depuis leurs retrouvailles. D'un coup, elle lâche un flot de questions :

- Maman, la chouette blanche, c'étais toi, hein ? Et c'est toi qui a écrit Le Livre des secrets ? C'est toi qui l'as confié pour nous au nicampe, dans le Château Roc ? Depuis quand sais-tu parler aux élusims ? Comment as-tu appris la langue des dragons ? Tu crois que je deviendrai magicienne, comme toi ? Et Cham, il sera dragonnier un jour ? Et la strige, elle...

Dhydra l'interrompt d'un éclat de rire :

- Doucement, Nyne ! Pas tout à la fois ! Le temps viendra où je vous expliquerai bien des mystères, à toi et à ton frère. Je vais tout de même répondre à une de tes questions. Tu devines laquelle ?

Intriguée, Nyne fait signe que non.

Dhydra plonge son regard au fond des yeux de la petite fille :

- Viriana m'a raconté la vision que tu as eu dans l'eau du puis : Cham et moi, avançant dans le tunnel, au cœur de la montagne. C'est un signe qui ne trompe pas. Oui, mon enfant, tu seras magicienne. Tu l'es déjà.

- Oh ! lâche Nyne avec un sourire radieux.

Mais sa mère, le visage grave, conclut :

- J'aurais préféré que tu n'hérites pas de mes dons. Car des tâches difficiles t'attendent, j'en ai peur.