Extraits

Je goûte sa peau. Son souffle erratique caresse ma tempe.

Je bois. Ses doigts se changent en serres.

Le Prédateur devient proie. Mes instincts se libèrent.

Je prends tout ce qu'il m'offre.

- Que se passent-ils, Evann ? Où est Connor ? Pourquoi n'est-elle pas ici, avec toi ?

Nous y sommes.

- Lucas. La Horde. Ils l'ont enlevée.

M se fige. Son teint devient livide, comme si son visage s'était soudain vidé de toute substance.

- Qu'est-ce que tu racontes ?

- Elle a été enlevée, M. Enlevée !

J'avais menti pour elle, j'avais souffert pour elle, j'avais tué pour elle alors qu'elle n'était encore qu'un bébé. En la retrouvant, dix-sept ans plus tard, j'ai su que cela recommencerait. J'avais été foudroyé par ses yeux pers, ses lèvres roses et pleines et son corps svelte. Des creux que mes mains rêvaient de combler, sa peau – un délice que je voulais goûter. Une beauté fière et sauvage que je me devais de protéger au péril de ma vie, qu'importe le prix. Et plus elle me tenait tête, plus elle me provoquait, plus mon désir enflait.

Je la voulais.

Ne sachant par où commencer, j'entreprends de déboutonner le reste d'une main tremblante…

- Pas maintenant, siffle-t-il

Je n'ai pas reculé d'un pas qu'Evann saisit mon poignet. Il me fait pivoter pour me plaquer le dos contre son torse solide, m'emprisonnant entre ses bras et la paroi carrelée, sous le jet.

- Ta chemise, Papillon, me susurre-t-il à l'oreille, ne l'enlève pas maintenant.

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Ç'a bien failli partir en sucette, a un moment.

Son naturelle curieux prenant le pas sur le reste, elle n'a rien trouvé de mieux que de m'interroger sur mon passé ; comme si nous n'avions pas mieux à faire ! Elle a commencé à flipper, à me faire un bad Trip, et là, c'est moi qui ai balisé. J'allais lui dire de laisser tomber quand ces mots sont sortis de sa bouche : «Prouve-le.» Lui prouver quoi ? Mes sentiments ? Mon envie d'elle irrationnelle, mon désir fou, violent ? Elle jouait avec le feu, et elle n'imaginait pas à quel point. L'instinct primal que je m'échinais à dompter ressurgit. Son corps frêle sous le mien, nu, à ma merci, j'allais la prendre avec rage, assouvir celle-ci jusqu'au bout de la nuit.

- Alors, Papillon ? N'y a-t-il rien que tu voudrais me demander ?

Battant des cils, je me fends d'un sourire innocent.

- Je sais que tu n'as pas l'esprit grégaire et je me doute que l'argument "beuverie" ne jouera pas en ma faveur, cependant, j'aimerais beaucoup que tu m'accompagnes acétate fête, demain soir.

- D'accord.

Dans la circonspection la plus totale, je hausse les sourcils. La facilité avec laquelle j'obtiens satisfaction devrait me suffire. Pourquoi est-ce que je n'arrive pas à l'apprécier pleinement ?

- Qu'y a-t-il, Papillon ? Ma réponse ne te convient pas ? Tu t'attendais sans doute à ce que je négocie.

Ce n'est pas une question, mais un constat.

- Je pensais rencontrer plus de difficultés à te convaincre, je te l'accorde.

- Tu m'as demandé, explicitement, de t'accompagner. Ce n'est pas la mer à boire, je peux bien faire cet effort pour toi... Ce n'est pas comme si cela m'engageait à rester !

- Ah ah ! fais-je en pivotant sur la banquette pour le pointer du doigt. Je sentais qu'il y avait un piège ! Si j'avais su, j'aurais mieux formulé ma requête.

- Trop tard, dit-il en tirant sur l'arrière de mon col pour me ramener contre le dossier. (Il reprend ses caresses sur ma peau, comme il le ferait avec la fourrure délicate d'un chat.) Maintenant, nous allons pouvoir marchander.

En me voyant traverser le loft dans leur direction, Evann avise la citation sur mon pull avec un sourire en coin. D'un air de défi, il décroise les bras pour m'accueillir, et incline discrètement la tête du côté gauche pour m'indiquer ma place.

“Cap ou pas cap ?”

"Je te hais"

Malgré l'incendie que se propage sur mes joues, je relève le challenge et vais près de lui ; son bras se referme sur moi face à la mine interdite de mon père et celle, rayonnante, de Stephen.

"Cap !"

“On continue ?”

"Evann !"

Je bénis le ciel que personne ne puisse nous entendre...

Son appétit féroce attise l'incendie dans mon ventre, fouette mon orgueil. Par ses actes, ses mots, Evann répond à mes attentes, comble le manque d'assurance qui me fait tant défaut. Je me sens belle, reine et sienne.

Aimer, c'est s'affaiblir, prendre un pari risqué. Ne plus s'appartenir, léguer une part de soi à l'autre et en dépendre en dépit de sa volonté.

Par amour, nous brisons nos fers et déchaînons la tempête; celle qui balaie nos doutes et nos craintes.

Rêve éphémère emprisonnant le mal pour créer l’illusion d’une trêve, si courte soit-elle.

L’amour nous délivre.

Son pouvoir ne s’explique pas.