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Lorna contempla son verre et le prit à deux mains. Sans qu’elle sût trop pourquoi – la présence de la cuisinière, sûrement –, la bienséance reprit ses droits et Lorna songea qu’elle n’avait pas à discuter des affaires de la famille avec un domestique, malgré tout l’intérêt qu’elle portait à la voile. Elle jeta un regard aux deux filles qui n’avaient pas encore bougé. Soudain, elle prit conscience qu’elle les empêchait d’aller se coucher.
— Bon, encore merci, dit-elle joyeusement. Et bonne nuit.
Les bonnes firent une révérence en rougissant.
— Bonsoir, madame Schmitt.
— Bonsoir, Mademoiselle.
Puis, après un léger silence…
— Bonsoir, Harken.
Elle croisa une fois encore son regard bleu foncé. Apparemment, il ne sourit ni ne se troubla, et montra tout le respect qu’un domestique doit à ses employeurs. Il se contenta d’une inclinaison de la tête, mais lorsqu’elle sortit, ses yeux la parcoururent de la tête aux pieds et ses mains se contractèrent sur le manche de son balai. Il aurait fallu être complètement inconscient pour ne pas s’émerveiller. Comme elle atteignait l’escalier de service et que sa main se posait sur le bouton de la porte, sa voix l’arrêta :
— Puis-je vous demander, Mademoiselle, laquelle vous êtes ? On dit que vous êtes trois, ici.
Elle hésita et regarda par-dessus son épaule.
— Je suis Lorna. L’aînée.
Lorna, l’aînée, pensa-t-il, saisi d’admiration.
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