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Gare d'Austerlitz, Emile a attendu que soit formé sur le quai le train qui partait pour Toulouse.
Là-bas, il avait un oncle. Puis il est monté dans un wagon et c'est caché sous une banquette, sans bouger. Dans le compartiment, les voyageurs ignoraient que derrière leurs pieds était tapi un môme qui avait peur pour sa vie.
Le convoi s'est ébranlé, Emile est rester planqué, immobile pendant des heures. Quand le train a franchi la zone libre, Emile a quitté sa cachette.Les passagers ont fait une drôle de tête en voyant ce gamin qui sortait de nulle part; il a avoué qu'il n'avait pas de papiers; un homme lui a dit de retourner aussitôt dans sa planque, il avait l'habitude du trajet et les gendarmes ne tarderaient pas à faire un autre contrôle. Il le préviendrait quand il pourrait sortir.
Tu vois, dans cette France triste, il y avait non seulement des concierges et des logeuses formidables, mais aussi des mères généreuses, des voyageurs épatants, des gens anonymes qui résistaient, à leur manière, des gens anonymes qui refusaient de faire comme le voisin, des gens anonymes qui dérogeaient aux règles, puisqu'elles étaient indignes.
Afficher en entierJ'ai fait partie d'une bande de copains qui est la seule à avoir réussi à descendre des bombardiers allemands... à bicyclette.
Afficher en entierIls avaient fini fusillés contre un mur. Un résistant connu sous le nom de Fabien avait, en représailles, abattu le lendemain un officier ennemi sur le quai de métro de la station Barbès, mais les deux copains d'Émile n'avaient pas ressuscité pour autant.
Afficher en entierIl faut que tu comprennes le contexte dans lequel nous vivions, c'est important un contexte, pour une phrase par exemple. Sortie de son contexte elle change souvent de sens, et pendant les années qui viendront, tant de phrases seront sorties de leur contexte pour juger de façon partiale et mieux condamner.
Afficher en entierQu'importent les noms, a dit un jour mon copain Urman, nous étions peu nombreux et, au fond, nous n'étions qu'un.
Afficher en entierLevy Marc - les enfants de la liberté.txt Qu'importent les noms, a dit un jour mon copain Urman, nous étions peu nombreux et, au fond, nous n'étions qu'un. Nous vivions dans la peur, dans la clandestinité, nous ne savions pas de quoi chaque lendemain serait fait, et il est toujours difficile de rouvrir aujourd'hui la mémoire d'une seule de ces journées.
Afficher en entierGaussat assemble le mécanisme que ses copains et lui ont conçu. Au bord du toit, une planchette repose sur un petit tréteau, prête à basculer comme une balançoire. D'un côté ils posent la pile de tracts qu'ils ont tapés à la machine, de l'autre côté un bidon plein d'eau. Au bas du récipient, un petit trou et voilà l'eau qui file dans les gouttières tandis qu'eux filent déjà vers la rue.
Afficher en entierCe qui compte aujourd'hui, c'est que des mots de vérité, quelques mots de courage et de dignité pleuvent sur le cortège. Un texte gauchement écrit, mais qui dénonce quand même ce qui se doit d'être dénoncé ; et puis qu'importe ce que dit le texte ou ce qu'il ne dit pas. Reste à imaginer le moyen par lequel les tracts seront le plus largement balancés, sans se faire aussitôt arrêter par les forces de l'ordre.
Afficher en entierÉtrange paradoxe que ces foules désemparées, émerveillées en regardant se lever le bâton du Maréchal, sceptre d'un ancien chef revenu au pouvoir et porteur d'un ordre nouveau. Mais l'ordre nouveau de Pétain serait un ordre de misère, de ségrégation, de dénonciations, d'exclusions, de meurtres et de barbarie.
Afficher en entier"Dire que sur ces pas légers, je ne savais encore rien, j'ignorais tout de toi, toi qui me donnerais surement un jour le plus beau cadeau que la vie fait aux hommes."
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